EPILOGUE
Nous avons vu précédemment comment les tribus Qahtanites et Adnanites se partagèrent l’Arabie ainsi que l’émigration des tribus du Yémen à travers le monde suite à l’effondrement du barrage de Ma’rib. Chaque tribu était gouvernée par un chef dont l’importance était comparable à celle des rois. La situation des tribus à l’intérieur de la péninsule était bouleversante, dominée par des dissensions tribales, des divergences raciales et religieuses. Le chirk et le culte des idoles étaient l’aspect le plus marquant de la religion des gens, qui, pourtant, prétendaient suivre la religion d’Ibrahim. Ils avaient gardés certains rites comme le Tawaf, le Hajj et l’Omra mais les avaient mélangés à des innovations d’un certain Amr ibn Lohay. Telle était la religion des arabes à l’avènement de la naissance du prophète. Les juifs, venus du Cham, étaient principalement situés à Yathrib et dans ses alentours. Ils étaient des gens orgueilleux et enclins à la domination. Leurs chefs s’érigèrent en seigneurs intraitables. Leur seule préoccupation était d’obtenir de la richesse et du pouvoir. Les chrétiens étaient très peu et leur religion était incompréhensible. C’est pourquoi, leur influence sur les arabes était négligeable. Pour ce qui est du reste des religions des arabes, elles étaient comparable à l’associationnismes.la situation sociale chez les arabes étaient séparés entre les notables et les esclaves. La femme n’était guère considérée et n’avait pas de droit. La situation économique était marquer par le commerce qui était le plus grand moyen d’acquérir de l’or, à travers différents marché qui allaient jusqu’au Cham. L’artisanat et l’agriculture était en second plan. Seul, Yathrib prospérait dans le domaine de l’agriculture et la culture des dattes. Malgré toutes ces dispositions les gens avaient des vertus telles que la générosité, le respect des engagements et du courage.
A cotés de tout cela, les grandes puissances en place sont l’empire perses au nord et au Yémen et l’empire byzantins qui pris le pouvoir à l’empire Romains qui hérita de la partie occidentale. L’empire des Habasha est confiné chez lui en Ethiopie. C’est dans ce contexte chaotique et complexe que va naitre notre bien aimé, Mohammed.
Nous sommes à l’année de l’éléphant, à environ cinquante jours après l’évènement de l’éléphant. Les gens de la Mecque reprirent le cours normal de leur vie sans se douter qu’un événement allait changer leur avenir et celui du monde entier. En effet, la venue prochaine du prophète était imminente et inattendue pour eux. Les juifs quant a eux attendaient ce moment qu’ils espéraient car cela était mentionné dans leur écrit. On y trouvait une description physique du prophète. Même son nom, Ahmed, y était mentionné. Les juifs étaient aux aguets de l’apparition de l’étoile rouge qui marquait l’apparition du prophète cité dans leur livre.
Tableaux pour rappeler les signes
Les principales tribus de la Mecque
Carte de la Mecque
Plan de la Mecque
Présentation de la Mecque
La Mecque, qui se situe de l’Ouest de l’Arabie, à 80 km de la mer Rouge et qui était très peu peuplée à l’origine, est située entre deux collines, l’une appelée Jabal Abou Qoubays (voisine du Mont Safa) et l’autre, Jabal Ahmar, connue sous le nom de ‘Araf et situé en face de la vallée de Quaqiq’an. Sa population augmenta graduellement, en partie grâce à la présence de la Ka’ba et aussi grâce à l’atmosphère paisible et au calme qui règne aux alentours du sanctuaire. Les tentes et les huttes sont peu à peu remplacé par des maisons faites de pierres et de boue et les habitations se sont multipliées sur les collines et au pied des vallées entourant la Ka’ba. Les habitants de la Mecque s’abstenaient de construire leur toit en forme rectangulaire comme celui de la Ka’ba, car ils considéraient cela comme un manque de respect envers la maison d’Allah; c’est pourquoi ils donnaient souvent à leur maison une forme circulaire. Bien que cette vision se modifia peu à peu par la suite, ils insistèrent pour toujours construire des maisons dont la hauteur ne dépassait jamais celle de la Ka’ba.
RENVOI : La première maison rectangulaire à être construite, par Houmaid bin Zouhair, fut regardée avec désapprobation par les Quraychites.
Les chefs et autres nantis de Quraych construisaient habituellement leurs maisons en pierres; elles comprenaient plusieurs pièces et étaient toutes dotées de deux portes de façon à ce que les femmes ne se sentent pas gênées par la présence d’invités.
La reconstruction de la Mecque
Qosay ibn Kilab, qui avait joué un rôle majeur dans la reconstruction et dans l’expansion de la Mecque, ses successeurs continuèrent de consolider les quartiers résidentiels et d’assigner des endroits disponibles aux nouvelles familles cherchant à s’établir à la Mecque. Ce procédé se poursuivit de nombreuses années durant, favorisant ainsi, par la multiplication des habitations du peuple de Quraych et de ses clans confédérés, le développement de la Mecque en une cité des plus florissantes.
La cité
Dar Nadwa, qui fut construite par Qosay ibn Kilab, recevait tous les événements importants de la vie des gens: les hommes et les femmes s’y mariaient, les discussions importantes s’y tenaient, les déclarations de guerre s’y prononçaient et c’est là également que les jeunes filles en âge d’être mariées y recevaient le tissu leur recouvrant la tête.
Seuls les Quraychites et les hommes de leurs tribus avaient l’autorisation d’assister aux réunions, tels que ceux appartenant aux tribus de Hachim, Oumayya, Makhzoum, Jomah, Sahm, Taym, ‘Adiy, Asad, Naufal et Zohra, peu importe leur âge, alors que chez les autres tribus, seuls les hommes âgés de quarante ans et plus avaient le droit de s’y présenter.
Les tribus exerçaient des fonctions qu’il leur fut transmis de génération en génération. La tribu de Hachim avait la charge de désaltérer les pèlerins; la tribu d’Oumayya avait l’étendard de Quraych, communément appelé ‘Aqab (aigle); la tribu de Naufal était chargée de la Rifada; celle d’Abd Dar était responsable du clergé, de la protection de la Ka’ba et des bannières de guerre; enfin, la tribu de Asad était à la tête de la Maison de l’Assemblée.
Abou Bakr, de la tribu de Taym, fut chargé de la perception des dettes de sang, de des amendes et des primes; Khalid ibn Al Walid, de la tribu de Makhzoum, fut chargé de l’équipement de guerre entreposé dans une tente en temps de paix et gardé à portée de main, sur les dos des chevaux, durant les batailles; ‘Omar bin al-Khattâb fut envoyé comme délégué de Quraych chez les autres tribus avec lesquelles ils avaient l’intention de croiser le fer ou encore chez ces tribus qui, se vantant d’être supérieures, demandaient à ce que la chose soit décidée par un duel; Safwane ibn Oumayya, de la tribu de Jomah, était celui qui jetait les dés (pour prendre des décisions), une pratique qui, à l’époque, était jugée essentielle avant d’entreprendre quoi que ce fût d’important; enfin, Harith bin Qays était nommé responsable des affaires administratives en plus d’être nommé gardien des offrandes faites aux idoles de la Ka’ba. Les tâches assignées à ces personnes étaient héréditaires; leurs ancêtres avaient donc occupé ces fonctions avant elles.
Les opérations commerciales
La Mecque en manque d’eau et donc d’agriculture, se tourna vers le commerce. Parmi les marchandises que comptaient les caravanes, il y avait les étoffes, les denrées alimentaires, les fruits secs, les armements, les parfums et enfin les objets de toilette. La tribu de Hachim tirait principalement ses subsistances dans la vente des étoffes et des denrées alimentaires.
Les caravanes faisaient en général un profit de cent pour cent, mais un petit capital. Mais lorsqu’ils faisaient de minces profit, cela était une grande pertes puisque qu’ils y avait à côté de cela des frais supplémentaires comme la fatigue des longs voyages tuant parfois les chameaux de transport en route, sans parler des dangers de pillage par les brigands. Il y avait aussi les frais de nourriture des hommes et des animaux. Il fallait payer aussi pour l’escorte, pour les douanes et aussi pour d’autres dépenses imprévisibles. C’est pour tout cela que souvent, plusieurs marchands faisaient le voyage ensemble, et chacun emportait également les marchandises de ceux qui n’avaient pas voulu se déplacer, mais avaient confié leurs affaires à leurs amis. Dans ce cas, les gains étaient partagés.
Suite à ses opérations commerciales, il y avait une dîme sur les importations commerciales, dîme qui revenait au chef de la ville ou de la localité d’une foire. Les Quraychites organisaient et équipaient annuellement deux caravanes; l’une était destinée à la Syrie, en été, et l’autre était destinée au Yémen, en hiver. La région de la Mecque -Ta’if – Médine était particulièrement favorisée, puisqu’elle jouissait de quatre mois de trêve, dont trois consécutifs, ce qui rendait possible le double voyage, aller et retour, vers les plus lointaines régions d’Arabie. De plus, pour attirer les étrangers, on avait crée des mois de la trêve d’Allah. On faisait en sorte qu’une foire coïncidait avec un pèlerinage ou une fête religieuse. A cause des rivalités tribales, ces mois sacrés différaient selon les diverses régions. C’est ainsi qu’on voyait au mois de Rajab, une tranquillité parfaite dans toute l’étendue du pays où les tribus Mudarites habitaient ; et le mois de ramadan faisait du territoire des tribus de Rabî’a, un asile pour les étrangers. La paix régnait ainsi dans plus de la moitié de la péninsule arabique : les Mudarites trafiquaient chez les Rabî’a au mois de ramadan, et les rabî’a pouvaient se rendre sur le territoire des Mudarites au mois de Rajab. On respectait en général cette trêve avec un grand scrupule.
Les loisirs
La Mecque comprend également quelques lieux de rencontre où viennent les jeunes pour y passer le temps et se divertir entre amis. Ceux d’entre eux qui sont riches et qui mènent un grand train de vie ont pour habitude de passer l’hiver à la Mecque et l’été à Ta’if. Il y a également quelques élégants jeunes hommes connus pour leurs tenues très coûteuses et soignées. . Ses marchands convoient des caravanes dans différents pays d’Asie et d’Afrique et importent tous les produits nécessaires et articles couteux qui sont commercialisables en Arabie. D’Afrique, ils importent le plus souvent de la résine, de l’ivoire, de l’or et de l’ébène; du Yémen, du cuir, de l’encens, des épices, du bois de santal et du safran; de l’Égypte et de la Syrie, différentes huiles et céréales vivrières, des armures, de la soie et des vins; de l’Irak, surtout des vêtements et de l’Inde, de l’or, de l’étain, des pierres précieuses et de l’ivoire. Parfois, les riches marchands mecquois offrent aux rois et aux nobles des pays étrangers des produits de la Mecque dont les plus estimés sont les produits du cuir.
RENVOI : Lorsque les dirigeants de Quraych envoyèrent ‘Abdoullah bin Abou Rabî’a et ‘Amr bin El-’Ass en Abyssinie afin d’en ramener les réfugiés musulmans, ils les envoyèrent avec des articles de cuir de la Mecque qu’ils offrirent au Négus et à ses généraux.
Les femmes participent également aux missions commerciales et équipent leurs propres caravanes destinées à la Syrie ou à d’autres pays. Khadija Bint Khouwaïlid et Hanzaliya, mère d’Abou Jahl, sont toutes deux de dignes et riches marchandes.
RENVOI : Le verset coranique suivant confirme la liberté des femmes de faire du commerce:
Les conditions économiques
Les monnaies byzantine et sassanide, c’est-à-dire les dirhams et les dinars, sont toutes deux utilisées à la Mecque et dans d’autres parties de la péninsule. Il y a deux sortes de dirhams; l’un est une pièce de monnaie iranienne que les Arabes appellent bagliyah ou sauda’-i-damiyah, tandis que l’autre est une pièce de monnaie byzantine (monnaie grecque), qu’ils appellent tabriyah ou bazantiniyah. Comme il s’agit de pièces d’argent, les Arabes ne les utilisent pas comme unités monétaires; ils calculent leur valeur en fonction de leur poids. Le poids courant d’un dirham équivaux à environ cinquante-cinq grains d’orge; le poids de dix dirhams, lui, équivaux à sept mithqals d’or. Un mithqals d’or pur équivaut au poids de soixante-douze grains d’orge
Les pièces de monnaie couramment utilisées sont pour la plupart en argent. Le dinar est une pièce d’or connue chez les Arabes comme la monnaie romaine (byzantine) en circulation en Syrie et dans le Hedjaz. Il est frappé à Byzance et l’image et le nom de l’empereur est imprimés dessus, Le montant nominal du dinar, est équivalent à dix dirhams. Les poids et mesures couramment utilisés sont les s’a, mudd, ratal, auqiyah et mithqals. Les Arabes possèdent également des connaissances en arithmétique.
RENVOI : d’autres poids et mesures furent ajoutés un peu plus tard.
RENVOI : Le prix du sang respecté par les sahaba, à l’époque de Mohammed (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), était de huit cents dinars, ou huit mille dirhams.
Les riches Quraychites
Les Baní Oumayya et les Baní Makhzoum sont deux éminentes familles de Quraych qui ont été favorisées par le destin. Walid bin al-Moughira, ‘Abd El-‘Ozza (Abou Lahab), Abou Ouhaylla bin Sa’id ibn al ‘Ass ibn Oumayya (qui possédait une part de 30,000 dinars dans la caravane d’Abou Sofiane) et ‘Abd bin Abi Rabî’a al-Makhzoumi ont tous fait fortune. ‘Abdoullah bin Jud’an, de Baní Taym, est également l’un des hommes les plus riches de la Mecque; il boit son eau dans une coupe en or et finance une cuisine publique qui nourrit les pauvres et les mendiants. ‘Abbas bin ‘Abdoul Mouttalib, un autre homme dont les richesses sont abondantes, aide généreusement les pauvres et prête de l’argent à intérêts à la Mecque.
Il y a également, à la Mecque, des hommes roulant sur l’or dont les salons luxueusement meublés sont le rendez-vous de l’élite de Quraych qui vient y jouir des plaisirs du vin et de l’amour.
Les chefs de Quraych ont leur siège réservé devant la Ka’ba, où de grands poètes de l’ère préislamique, tels que Labid, récitent leurs vers. C’est là qu‘Abdoul Mouttalib tient ses rassemblements et par respect, jamais ses fils n’osent s’asseoir avant l’arrivée de leur père.
Le travail et la culture
Les Quraychites ont tendance à mépriser le travail ouvrier; ils considèrent indigne d’eux de se salir les mains aux travaux manuels qu’ils estiment exclusivement réservés aux esclaves et aux non-arabes. Mais en dépit de cela, certains travaux sont nécessaires et certains d’entre eux n’ont d’autre choix que de les accomplir. Khabbab bin al-Aratt, par exemple, fabrique des épées. Les travaux de construction sont également indispensables, mais pour les réaliser, ils embauchent des ouvriers iraniens et byzantins.
Seuls quelques hommes, à la Mecque, savent lire et écrire; on en dénombre dix-sept lettrés. (Trouver qui ?)
La langue arabe, qui est couramment parlée à la Mecque, est considérée comme un modèle d’excellence insurpassable, un modèle que les bédouins du désert, tout comme les Arabes des régions éloignées, s’efforcent d’imiter. Grâce à leurs élégantes expressions et à leur éloquence, les habitants de la Mecque ont la réputation de posséder la langue la plus belle et la plus riche, une langue qui n’a pas été corrompue par celles des non-arabophones. De par leurs caractéristiques physiques, leurs belles proportions et leur fière allure, les gens de la Mecque passent pour les meilleurs représentants de la race arabe. Ils sont également dotés de courage et de magnanimité
Les sujets qui suscitent le plus leur intérêt est la généalogie, les légendes d’Arabie, l’astrologie et les constellations, les vols d’oiseaux présentant (selon eux) le mauvais augures et, à un degré moindre, la médecine, la poésie. En ce domaine, la tribu de Quraych passait pour moins douée que la plupart des autres tribus arabes du côté du génie poétique; elle n’avait produit jusqu’alors aucun poète de premier ordre. Un grand nombre de Quraychites cependant cultivaient la poésie avec quelque succès, tels que Waraqa ibn de Naufal et d’autres.
En tant que cavaliers des plus habiles, ils possèdent une connaissance approfondie des chevaux et préservent les lignées des races les plus pures; et en tant qu’habitants du désert, ils sont versés dans la délicate science de la physiognomonie, c’est une méthode fondée sur l’idée que l’observation de l’apparence physique d’une personne, et principalement les traits de son visage, peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité. Leurs méthodes de soins thérapeutiques se basent d’une part sur leurs propres expériences et d’autre part sur les traditions reçues de leurs ancêtres. Ils pratiquent la brûlure au fer rouge, la saignée et l’amputation de membres malades et administrent certaines herbes médicinales.
L’organisation militaire
Leurs affaires commerciales sont toute leur vie; elles sont leur source première de revenus, ainsi qu’un moyen d’accroître leur prestige en tant que serviteurs du sanctuaire. En d’autres termes, ils ont tendance à éviter toute bataille tant que leur honneur tribal ou religieux n’est pas compromis. Leur courage et leur hardiesse sont la marque de notoriété d’un bout à l’autre de l’Arabie, tout comme leurs qualités de cavaliers. Si les Quraychites jouissent d’une réputation de militaires redoutables, ils ne le doivent pas qu’à leur propre réserve tribale. En effet, ils utilisent régulièrement les services des ahabish, ou Arabes du désert vivant en périphérie de la Mecque, dont la descendance de certains remonte à Kinana et Khouzayma bin Moudrika, des parents éloignés de Quraych. Les Khouza’a sont également confédérés avec Quraych. De plus, la Mecque compte de nombreux esclaves toujours prêts à se battre pour leur maître. Ils peuvent donc, à tout moment, mobiliser plusieurs milliers de guerriers sous leur bannière.
Les valeurs morales
Ce qui manque le plus aux Mecquois, c’est un code moral. Ils ont un sentiment d’obligation envers de vieilles coutumes et une certaine tradition de courtoisie arabe. Les jeux d’argent comptent parmi leurs passe-temps favoris et de leur ivrognerie immodérée. Leurs réunions sont le théâtre de beuveries et de débauche. N’ayant pas la moindre notion de pécher ou de crime, ils ne ressentent aucune aversion envers la méchanceté, l’injustice, la cruauté ou les actes de brigandage.
La vie religieuse
Ayant perdu à peu près tout contact avec les enseignements des prophètes du passé, ils sont complètement submergés par le fétichisme matérialiste qui prévaux dans les pays limitrophes. Ils sont devenus si férus de l’adoration des idoles que pas moins de trois cent soixante de ces idoles ornent le sanctuaire de la Mecque. La plus importante de ces déités est Houbel,
Cette idole occupe une place centrale, dans la Ka’ba, à côté d’un espace où sont emmagasinées les offrandes. À même un gigantesque cornaline (sorte de collier avec une pierre précieuse), il est sculpté sous la forme d’un homme. Comme sa main droite manque (du temps où elle fut découverte par des Quraychites), ils l’ont remplacée par une main en or massif. Deux idoles sont disposées devant la Ka’ba; la première, Isaf, est située tout juste devant alors que la deuxième, Naïla, est installée un peu plus loin, près du puits de Zamzam, près de laquelle ils ont pour habitude d’offrir des sacrifices. Sur les monts de Safa et Marwa se trouvent deux autres idoles, Nahik Moujawid al-Rih et Mout’im at-Tayr.
Chaque maison de la Mecque possède une idole qui est adorée par ses habitants. El-’Ozza est installée près de ‘Arafat, dans un temple construit spécialement pour elle. Les Quraychites vénèrent El-’Ozza comme le chef des déités, le plus noble d’entre elles. Les Arabes ont l’habitude de tirer au sort à l’aide de flèches divinatoires qu’ils placent devant ces idoles pour prendre une décision avant d’entreprendre toute affaire importante. Il y a également d’autres idoles, dont al-Khalsa qui est installée dans la vallée de la Mecque. Elle est ornée de guirlandes, on lui présente des offrandes d’orge et de blé, et elle est régulièrement arrosée de lait. Les Arabes ont pour coutume d’offrir des sacrifices et de suspendre des œufs d’autruche au-dessus de cette idole. Comme c’était une idole très populaire, ses petites répliques sont vendues aux villageois et aux pèlerins qui viennent visiter la Mecque.
Telle était donc la situation de la ville de la Mecque à la naissance de Mohammed.
Naissance de Ammar ibn Yassir (570)
Sa date de naissance et sa généalogie
A côté de la Kaaba, il y a une maison qui appartient à Amina.
RENVOI : Cette maison est appelée encore de nos jours, « la maison d’Ibn Yousouf ». Le prophète y habitera tout le temps qu’il vécut à la Mecque. Quand il fit la Hijra, ‘Aqil ibn Abou Tâlib, occupa cette maison sans l’aveu du prophète, et le vendit plus tard à un Quraychite pour vingt dinars. Lorsque ‘Aqil devint musulmans et vint à Médine, il dit au prophète qu’il avait vendu cette maison. Le prophète en fut très fâché et garda le silence. Lors de la prise de la Mecque, quand le prophète fit son entrée dans la ville avec une nombreuse armée et qu’il fut près de la ville, il dit à El Abbas ibn Abd El Mouttalib : « Ô mon oncle, dans quelle maison de la Mecque descendrai-je ? ». El ‘Abbas répondit : « Ô prophète d’Allah, dans la maison où tu es né ». le prophète dit : « Est-ce que ‘Aqil m’a laissé une maison ? ». Le prophète en quittant la Mecque, rendit à ‘Aqil la maison, qui resta dans sa famille jusqu’à l’époque de Hadjadj ibn Yousouf. Lorsque celui-ci assiégea Abdallah ibn Zoubayr, à la Mecque, qu’il prit la ville et le tua, et qu’il fut investi par Abd El Malik ibn Merwan, de la souveraineté du Hedjaz, de la Mecque et de Médine, il y laissa son frère Mohammed ibn Yousouf, comme son lieutenant et retourna en Iraq. Mohammed acheta cette maison aux descendants d’’Aqil et l’annexa à la mosquée. Cela resta ainsi jusqu’au temps d’Haroun Rachid. Quand Haroun arriva au califat, sa mère, Khaïzerani, envoya de l’argent à la Mecque pour faire restaurer la mosquée et l’orner, et elle ordonna de détacher de la mosquée la maison d’Ibn Yousouf.
C’est dans cette maison que naquit Mohammed le douzième jour du mois de Rabi El Awwal, c’est à dire 50 jours après l’évènement de l’éléphant.
RENVOI : Selon Abou Qatada (que Dieu l’agrée), on interrogea le prophète sur le jeûne du lundi. Il dit : “C’est un jour où je suis né et où je fus suscité comme Messager”. (Mouslim)
Quad Amina engendra Mohammed, un ange vint lui dire : Tu viens d’engendrer le meilleur de cette communauté. Quand tu le mettras au monde, tu diras : “Je prie Dieu l’Unique de le protéger contre tout envieux. Le signe qui confirme ce que je dis est que sa naissance sera accompagnée d’une lumière qui éclairera les palais de Bosra au Cham. Appelle-le alors Mohammad, le loué, car dans la Thora il est appelé
Ahmad. Il sera loué par ceux qui se trouvent aux cieux et sur la terre”.
Amina fut enceinte au lever du soleil, sur le col d’Abou Tâlib, devant la pierre moyenne (Jamarat al wousta) et elle mit au monde Mohammed. La mère d’Abderrahmane ibn Awf, Echifa, fut l’accoucheuse d’Amina. Amina envoya sa servante apportée Mohammed à Abd el Mouttalib.
Abd El Mouttalib alla donc voir Amina et elle l’informa des faits survenus lors de la naissance de Mohammed, de ce qu’elle avait entendu et le fiat de lui ordonner de le prénommer Mohammed.
Abd El Mouttalib fut content car cela confirma le nom donné par le rabbin lors de son voyage au Cham. Il prit alors Mohammed dans ses bras et l’emmena à ‘intérieur de la Kaaba où trônait Houbel. Il rendit grâce à Allah et invoqua en faveur de son petit fils. En voyant Mohammed déjà circoncis et le cordon ombilical coupé naturellement, il fut très étonné et y vit une marque de grande fortune puis dit : « mon fils que voici aura une grande importance ».
Il était de coutume que lorsqu’un nouveau né naissait, il était confié à certaine femmes Quraychites jusqu’au matin, afin qu’elles lui confectionnent un talisman contre le mauvais œil. Abd El Mouttalib confia alors Mohammed à ces femmes qui lui confectionnèrent donc un talisman. Le lendemain, elles trouvèrent que son talisman était désintégré en deux. Elles virent que Mohammed avait les yeux ouverts et fixait le ciel. Elles allèrent voir Abd El Mouttalib et lu dirent : « Nous n’avons jamais vu de nouveau-né pareil ; nous avons trouvé le talisman désintégré en deux et nous l’avons trouvé les yeux ouverts et fixés vers le ciel ». Abd El Mouttalib leur dit : « Gardez cela secret, car j’espère qu’i va avoir un grand destin ou acquérir un grand bien ».
L’Aqiqa
Au septième jour, Abd El Mouttalib fit égorger des moutons en son honneur et invita les Quraychites à un banquet. Lorsque ceux-ci furent rassasiés, ils dirent à Abd El Mouttalib : « Quel prénom as-tu donné à ton petit fils ? ». il leur répondit : « je lui ai donné le prénom de Mohammed » ; ils lui dirent : « pourquoi ne lui as-tu pas donné l’un des prénoms de sa famille ? ». il leur répondit : « J’ai voulu qu’Allah le loue dans le ciel et que ses créatures en fassent de même sur terre ».
Al Abbas ibn Abd El Mouttalib, en voyant Mohammed dans son berceau, il l’entendait roucouler avec la lune et lui faire des gestes avec ses doigts, et là où il faisait un geste, la lune penchait.
RENVOI : Al Abbas a dit : « j’ai dit au Message d’Allah : « ce qui m’a amené à me convertir à ta religion, ô Messager d’Allah, c’est un signe sur ta prophétie. En effet, je t’ai vu, alors que tu étais dans ton berceau, roucouler avec la lune et lui faire des gestes avec tes doigts, et là où tu faisais un geste, la lune penchait ». Il m’a répondu : « Je lui parlais et elle me parlait en me distrayant lorsque je pleurais ; j’entendais aussi ses palpitations lorsqu’elle se prosternait sous le trône ».
Les signes apparus ce même jour
Les signes apparus à la Mecque
Le jour de sa naissance, il y eut plusieurs signes apparus à la Mecque tels que
– Amina accoucha avec facilité et ne ressentit aucune souffrance. Le cordon ombilical était coupé, et son enfant naquit déjà circoncis, la tête tournée vers le ciel appuyant ses mains sur le sol.
Quand Amina engendra Mohammed, un ange vint lui dire : Tu viens d’engendrer le meilleur de cette communauté. Quand tu le mettras au monde, tu diras : “Je prie Dieu l’Unique de le protéger contre tout
envieux. Le signe qui confirme ce que je dis est que sa naissance sera accompagnée d’une lumière qui éclairera les palais de Bosra au Cham. Appelle-le alors Mohammad, le loué, car dans la Thora il est appelé
Ahmad. Il sera loué par ceux qui se trouvent aux cieux et sur la terre”.
RENVOI : Interrogé sur sa personne, Mohammed dira plus tard : “Je suis l’accomplissement du vœuformulé par mon père Ibrahim et l’heureuse annonce faite par Jésus. Et ma mère a vu, quand elle me porta, jaillir d’elle une lumière par laquelle lui étaient illuminés les palais de Cham.”
RENVOI : El-’Abbas (que Dieu l’agrée) a dit : “Lorsque tu es né, la terre brillait et le firmament contenait à peine ta lumière ! Grâce à cette splendeur, à cette lumière, et à cette voie bien guidée, nous pouvons espérer traverser le chemin”.
RENVOI : A sa naissance, l’Envoyé est orphelin de père car celui-ci tomba malade lors d’un voyage au Cham, suite à quoi il décéda à Médine chez ses oncles. Cet événement se passa quelques semaines avant que Mohammed (paix et bénédiction de Dieu sur lui) ne naisse.
Toutes les idoles qui se trouvaient dans la ville de la Mecque et dans la Kaaba furent renversées sur leur face
Les signes apparus en dehors de la Mecque
Il y eut d’autres signes qui apparurent un peu partout dans le monde tels que :
– Le palais de Kesra fut ébranlé, 14 de ses balcons s’effondrèrent, le feu qui y brûlait depuis mille ans s’éteignit, et le lac sacré (bouhayrat sawa) devint sec suite à la fissure de la terre en son fond. Kesra, pris de panique, consulta les devins qui lui annoncèrent la naissance d’un prophète et lui expliquèrent que l’effondrement des 14 balcons signifiait qu’il ne resterait que 14 rois à régner sur la Perse.
RENVOI : Voir Tabari pour plus de précision
– En Perse, le feu sacré qu’adoraient les Rois Mages s’éteignit et cela ne s’était pas produit depuis 1000 ans. Des églises s’écroulèrent autour du lac Sawa où elles plongèrent.
– A Médine, Hassan Ibn Thabit était dans la région où se trouvaient les juifs à Médine. Un des rabbins est monté sur un mur et s’est écrié : ” Ô communauté de juifs ! Aujourd’hui est apparue l’étoile de Ahmed !”
Les juifs avaient en effet l’habitude de scruter le ciel, car ils étaient très biens informés par les livres saints de la naissance prochaine d’un Mohammed, et savaient qu’à sa venue, il y aurait sur le ciel, une étoile
qui n’apparaît qu’à sa naissance.
Jusqu’à l’âge de 2 ans, Halima devient la nourrice de Mohammed
‘Abdallâh, le père de Mohammed est maintenant mort quelques semaines et c’est son grand-père ‘Abd Al-Mouttalib qui s’occupe de lui et de sa mère.
Les arabes sédentaires avaient pour coutume de confier leurs enfants à des nourrices qui vivaient à l’extérieur de la Mecque dans le désert, afin d’éviter pour ceux-ci les maladies de la métropole, les doter d’une forte constitution, développer leurs muscles et leur permettre de comprendre l’arabe dès le bas âge. Chaque printemps, ces nourrices nomades venaient chercher les enfants et les emmenaient chez elles jusqu’à un certain âge et les allaitaient (Deux ans).
RENVOI : Les deux années de sevrage pratiquées avant l’islam furent par la suite confirmées par le verset :”Et les mères, qui veulent donner un allaitement complet, allaiteront leurs bébés deux ans complets…” (Sourate 2, verset 233).
Ces nourrices venaient principalement de la grande tribu de Sa’d Ibn Bakr, branche des Hawâzinites. Cette tribu vivait dans les montagnes du désert et du Hedjaz à deux journées de la Mecque. Chaque année, au printemps, cette tribu se rends à la Mecque pour récupérer des nourrissons qu’on leur confit, les élèvent jusqu’à ce qu’ils deviennent grands et les rapportent ensuite à leurs parents. Par l’air et le séjour dans leur pays, les enfants grandissent et deviennent forts et apprennent à bien parler l’arabe ; car la langue des Baní Sa’d est la plus pure de toute l’Arabie.
Amina fut naturellement la première à allaiter son fils. Abd El Mouttalib attendait donc que les femmes de la tribu Sa’d viennent, pour leur confier Mohammed. Mais, il y avait encore quatre mois jusqu’à leur arrivée. Il avait chez lui une nourrice, nommée Thuwaibah, une captive affranchie d’Abou Lahab, qui avait allaité ses fils et qui à cette époque venait d’accoucher. Elle fut donc la première à allaiter Mohammed après Amina. Pendant ces quatre mois, elle allaita son propre fils, Masrouh en même temps que Mohammed. Avant d’allaiter Mohammed, Thuwaibah avait déjà allaité Hamzah Ibn ‘Abd Al-Mouttalib, qui est donc son frère de lait. Elle allaita également Abou Salama Ibn ‘Abd Al-Asad Al-Makhzûmi.
Lorsque les quatre mois furent écoulés, le contingent de la tribu de Sa’d Ibn Bakr se rendit alors à la Mecque. Parmi cette tribu se trouvaient dix femmes à la recherche de bébés à allaiter dans une année de sécheresse dont Halima, qui était très pauvre. Elle était accompagnée de son mari Harith ibn Abd El-’Ozza ibn Rifa’a, de leur fils, Abdallah et de leur deux filles, Onaïsa et Djodsama, d’une vieille chamelle qui leur donnait du lait en très petite quantité parce qu’elle était épuisée à cause du manque de foin, d’une ânesse faible et petite et quelques moutons. Il y avait aussi avec eux un nouveau né qui pleurait constamment de faim. Mais malheureusement, Halima n’avais rien dans sa poitrine pour l’allaiter. Harith laissa ses moutons et ses deux filles sous la garde de Abdallah, fit monter Halima et son bébé sur l’ânesse et monta lui-même sur la chamelle. Ils partirent ainsi pour la Mecque. Ils n’avaient rien à manger pour la route. Harith se mit à traire la chamelle et pendant toute la nuit, il ne put en tirer qu’une petite quantité de lait car elle était épuisée de faim. Il en prit un peu lui-même et en donna un peu à sa femme qui but et en donna à son enfant. Ils passèrent la nuit à essayer de le consoler ; cependant, ils avaient espoir que la pluie arriverait qui les soulageraient. A cause de leur monture maigre et fatiguée, ils arrivèrent à la Mecque assez en retard sur les autres, et ne put trouver un enfant de riche. En effet, toutes les femmes de leur groupe refusèrent de prendre Mohammed qui leur était présenté avec les autres enfants. Elles ne voulaient pas le prendre car elles apprirent qu’il était orphelin. Les nourrices cherchaient évidemment les enfants dont les parents étaient riches, ainsi elles recevaient de l part du père, différentes gratifications en dehors du salaire. Désespérée de ne pouvoir trouver d’enfant, à part lui, et ayant décidé de repartir, elle dit à son mari El Harith ibn Abd El Ozza : « Par Allah, je n’ai pas envie de retourner, seule parmi mes compagnes, sans un bébé à allaiter. Et si nous prenions avec nous cet orphelin ? ». Il lui répondit : « Prenons-le, peut-être qu’Allah en fera une source de bénédiction pour nous ». Halima et Harith allèrent voir Abd El Mouttalib et prirent l’enfant chez sa mère et ensuite ils rejoignirent la caravane. La caravane ne reprit le chemin du retour que le lendemain. Halima monta sur l’ânesse avec Mohammed devant elle. Ils partirent donc vers leur village et l’ânesse qui avait tant de mal à marcher, s’était mise à courir comme si elle était jeune. Les autres femmes, en voyant l’ânesse courir, dirent à Halima : « Malheur à toi, ô Halima, est-ce la même ânesse avec laquelle tu es venue hier avec nous ? ». Elle répondit : « Oui, par Allah, c’est bien elle ». Elles dirent : « Par Allah, il y a quelque chose qui l’a transformée ! ». Le soir venu, ils firent halte et à ce moment là, étonnée, ses seins se remplirent de lait. Mohammed se désaltéra à satiété ainsi que son frère de lait. Ensuite, El Harith se tourna vers leur vieille chamelle et elle aussi devenue pleine de lait. Il l’a faite traire et ils burent à satiété ; ils passèrent donc une bonne nuit et le lendemain el Harith dit à Halima : « Par Allah, ô Halima, je crois que tu as pris un enfant béni ! As-tu vu ce qui nous est arrivé hier, comme biens et bénédictions lorsque nous l’avons pris ? Par Allah, il ne cessera de nous procurer biens et bénédictions ».
Ils arrivèrent enfin dans leur région, qui était frappé par la sécheresse et la pauvreté. Mais avec l’arrivé de Mohammed, les chèvres de Halima sortaient paître et revenaient le ventre plein. Elles leurs fournissaient du lait à volonté. Par contre, autour d’eux, les chèvres des autres habitants, étaient maigres et ne donnaient aucune goutte de lait. Leurs propriétaires disaient à leur berger : « Malheur à vous, regardez où vont paître les chèvres de la fille d’Abou Dhouaïb et allez faire paître vos chèvres avec eux ». Mais sans résultat, Allah avait béni leur troupeau sur les autres.
A l’âge de 2 ans, Mohammed reste une année de plus chez Halima
Mohammed atteignit l’âge de deux ans et sa croissance ne fut pas comme celle des autres enfants. En effet, il n’avait pas encore atteint les deux ans qu’il était devenu un garçon robuste et vigoureux. Puis au terme des deux ans, Amina envoya quelqu’un pour signifier à Halima et Harith de rendre son enfant et comme il était de coutume, Halima dut le rendre à sa mère, avec un très grand regret et beaucoup de tristesse face à tous ce que Mohammed leur avait apportés comme bénédictions. Ils partirent donc pour la Mecque et sur le chemin, ils passèrent devant un groupe d’Abyssins chrétiens qui, en le voyant, se mirent à le palper minutieusement, en le tournant et le retournant dans tous les sens et interrogèrent Halima à son sujet et lui dirent: « Nous allons ramener cet enfant à notre roi, car il aura un destin grandiose ». Ils ne purent le leur arracher des mains qu’avec un grand effort. Ensuite ils continuèrent leur route et se rendirent donc chez Amina. Halima supplia Amina de lui laisser l’enfant encore une année, en prétextant la mauvaise qualité de vie de la Mecque qui pourrait le rendre malade. Halima insista tellement qu’Amina fini par accepter. Et ainsi Mohammed retourna une année de plus chez Halima.
Sa vie chez Halima
La vie chez sa nourrice est très simple. La tribu passait les différentes saisons en divers endroits. Les enfants surveillaient toutes la journée les troupeaux dans les pâturages et jouaient ensemble. Les femmes ramassaient du bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers et s’occupaient à filer. Ils se contentaient quelquefois de dattes et de lait. Parfois ils mangeaient des légumes, de la viande et autres nourritures qu’ils avaient. Lors des foires ou des visites aux grandes villes, comme la Mecque, ils s’achetaient des friandises car s’étaient les seuls endroits où ils pouvaient s’en procurer. Il y avait dans la région des guerres entre les tribus et aussi des razzias. Cette activité de pillage est considérée comme un complément du commerce par les tribus et elle est le seul moyen d’existence pour les communautés les plus fragiles. Cela leur donnait une mauvaise réputation mais ces razzias suivaient un certains code d’honneur. En effet, le sang ne devait pas couler et des pactes étaient conclus et respectés par les tribus. Le partage du butin est un moment crucial dans la vie de ses tribus. Malgré tous cela, la tribu de Halima est épargnée de ses méfaits et se contentait du commerce dans les villes et les foires.
Mohammed grandit et se comportait comme tous les autres enfants de son âge. Ils jouaient comme tous les enfants de son âge et également il se chamaillait avec les autres enfants, au point où un jour Mohammed mordit sa sœur de lait à l’épaule, Chayma, avec une telle vigueur, qu’il lui laissa une trace qu’elle garda toute sa vie. RENVOI : Lors d’une expédition, l’armée du prophète fit un certain nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouva Chayma, cette sœur de lait. Lorsqu’elle rappela au prophète l’incident et montra l’incision sur son épaule, il la reconnu aussitôt et elle fut traite avec tous les égards dus à une sœur bien aimée.
Un jour de forte chaleur où même les animaux dormaient, écrasés par cette canicule, Halima sortie chercher Mohammed pour le faire rentrer. Elle le trouva avec Chayma et leur dit : « vous êtes là avec cette chaleur ? ». Chayma lui répondit : « Ô mère, mon frère n’a pas été exposé au soleil. J’ai vu un nuage le protéger de son ombre. Lorsqu’il marchait, il marchait avec lui et lorsqu’il s’arrêtait, il s’arrêtait avec lui, jusqu’à ce qu’il arriva à cet endroit ».
Mohammed avait la santé fragile car à chaque fois qu’il venait à la Mecque avec sa nourrice, pour voir sa mère et son grand-père, il souffrait du changement de climat. Cela confirma les prétextes de Halima et ce fut pour cela que son séjour chez Halima se prolongea beaucoup plus que d’ordinaire jusqu’à l’âge de cinq ans.
RENVOI : Ibn Ishaq rapporte : Quand ses compagnons lui demandèrent ses origines, l’envoyé d’ALLAH répondit avec fierté : “Je suis de qoraich et je fus allaité par les Banu Sa’ad”.
Naissance d’Abou Bakr Essaddiq (572)
A l’âge de 5 ans, la fente de la poitrine
Quelques mois se sont écoulés, Mohammed avait alors 5 ans. Alors qu’il gardait les moutons avec son frère de lait, derrière les tentes (ou jouait ?), 2 ou 3 hommes vêtus de blanc s’approchèrent de Mohammed, le saisirent et le couchèrent sur le côté, lui ouvrirent le ventre, en retirèrent tout le contenu et y cherchèrent quelque chose. Son frère de lait, effrayés, courut voir ses parents, et leur dit : « Mon frère le Quraychite vient d’être saisi par 2 (ou 3 ?) Inconnus habillés en blanc, qui l’ont mis à terre et lui ont ouvert le ventre »
RENVOI : Mohammed a dit : “Ils avaient extrait de mon cœur un grumeau de sang noir qu’ils jetèrent loin. Puis ils lavèrent mon cœur avec cette neige de sorte qu’il devint pur. L’un d’eux dit alors à son collègue : “Pèse le avec dix de sa nation.” Il me pesa par eux et je les surpassais. Puis il dit :”Pèse le avec cent de sa nation.” Il me pesa et je les dépassai. Puis il lui dit :”Pèse le avec mille de sa nation. Il me pesa et je les dépassai. Il dit : “Laisse le donc ! Car par Allah, si tu le pèses par tout le poids de sa nation, il la dépassera”. Ils replacèrent ensuite son cœur et lui recousirent sa poitrine. Al Boukhari a rapporté dans son Sahih qu’Anas ibn Malik a affirmé avoir vu la cicatrice de Mohammed.
Ils accoururent lui et son père vers l’endroit où il se trouvait. Ils le trouvèrent debout et pâle. Son père le pris dans ses bras pour le consoler, en l’embrassant sur la tête et sur les yeux, et lui dit : « Qu’as-tu mon enfant? ». Mohammed lui répondit : « Deux (ou trois ?) Hommes vêtus de blanc sont venus à moi, avec un bassin et une cuvette d’or, m’ont couché par terre et m’ont ouvert le ventre, ont pris tous mes intestins et les ont lavés dans ce bassin, puis ils les ont remis dans le corps, me disant : « Tu es né pur, maintenant tu es plus pur ». Ensuite, l’un deux a plongé sa main dans mon corps, en a arraché le cœur, l’a ouvert par le milieu et en a enlevé le sang noir, disant : « c’est la part de Satan, qui est dans tous les hommes ; mais je l’ai en levée de ton sein ». Ensuite, il m’a remis le cœur à sa place. L’un deux avait un anneau, avec lequel il m’a marqué, et le troisième a plongé sa main dans mon corps, et tout a été remis en ordre. Ils le ramenèrent à la maison et son père dit à Halima : « je crains que mon fils ne soit atteint de quelque mal. Emmenons-le voir un devin et nous lui raconterons cette histoire ».
La foire d’Okkâz, consultation d’un devin
Halima profita de la grande foire d’Okkâz qui eut lieu dans la région et dont elle avait l’habitude de s’y rendes avec Mohammed, afin de consulter un devin de la tribu de Houdayl, qui exerçait ce métier à la foire et qui était idolâtre. Halima lui dit : « Voilà un enfant que j’ai pris à la Mecque, des Baní Quraych, et que j’ai élevé ; maintenant les démons le tourmentent, comme s’il était possédé ; dis-moi ce que tu vois ? ». il dit : « Quel signe de possédé vois-tu en lui ? ». Halima lui raconta l’évènement. Le devin répliqua : « Fais approcher l’enfant, pour que je l’entende lui-même, car il doit mieux savoir son histoire ». ils firent approcher Mohammed du devin, et Mohammed lui raconta ce qu’il avait vu. Quand il eut terminé son récit, le devin se leva, prit Mohammed sur sa poitrine et cria à haute voix : « Arabes, celui-ci est votre ennemi et l’ennemi de votre religion et de vos dieux ; il changera votre religion et renversera vos idoles ». La foule se rassembla autour du devin et il leur dit : « Tuez-le et coupez-le en deux ». Halima se précipita sur lui, lui arracha Mohammed des mains et lui dit : « Tu es beaucoup plus possédé que cet enfant ». Puis, ils quittèrent la foire et rentrèrent chez eux.
A l’âge de 5 ans et demi, Retour définitif chez sa mère
Le lendemain, Harith dit à Halima : « Ramenons-le chez sa mère avant que sa situation ne s’aggrave ». Le lendemain, ils partirent pour la Mecque pour ramener Mohammed à Amina.
Arrivés près de la Mecque, Mohammed échappa à la surveillance de Halima et se perdit. Celle-ci le chercha mais en vain ; elle courut chez Abd el Mouttalib pour le prévenir. Il partit avec un groupe de gens à sa recherche. Après quelques recherches, ce fut Waraqa et un autre homme qui le trouvèrent sain et sauf en train de jouer avec des feuilles d’arbres tombées puis le ramenèrent à son grand-père. Celui-ci le mit alors sur ses épaules et alla faire une tournée autour de la Kaaba, en invoquant en sa faveur et en le mettant sous la protection d’Allah contre les démons. Ensuite, il le ramena à sa mère.
Ensuite, Halima et son mari allèrent chez Amina, qui tout étonné de les voir leur dit : « Qu’est-ce qui t’amène, aimable nourrice? N’as-tu pas tenu à le garder ? ». Halima répondit : « non par Allah, mais nous avons accompli ce à quoi nous nous étions engagés, et nous nous sommes dit qu’il était temps de le rendre à sa mère, d’autant plus que nous avons craint pour lui quelque malheur ». Amina n’étant pas convaincu de leur paroles leur répondit : « Ce n’est pas cela qui vous a décidé de me le ramener, soyez francs et dites-moi la vraie raison de ce changement d’attitude ». Amina ne cessa d’insister jusqu’à ce qu’ils finissent par lui dire la vérité en lui racontant ce qui s’était passé au sujet de Mohammed. Amina leur dit : « Vous avez craint pour lui le démon ? Non par Allah, le démon n’a aucune emprise sur lui ! Et par Allah, mon fils aura un grand destin ». Amina continua et ajouta : « Voulez-vous que je vous informe de ce que j’ai vu de sa part ? ». Ils répondirent : « Oui, raconte-nous ». elle reprit: « Lorsque je l’ai porté dans mon ventre, je n’ai jamais ressenti ce que ressentent les femmes enceintes et, en le portant, j’ai vu dans un rêve comme une lumière sortant de moi et lui illuminant les palais de Syrie. En le mettant au monde, il est sorti comme aucun nouveau-né ne sort, appuyé sur ses mains et les yeux levés vers le ciel. Vous pouvez, donc le laisser et repartir sans souci ». Puis, Harith et Halima retournèrent chez eux.
Naissance de Othman ibn Al-Affan (576)
A l’âge de 6 ans, mort d’Amina
Mohammed vécu ainsi avec sa mère. Elle décida, un jour de partir pour Médine afin de visiter sa famille et également afin que son fils fasse la connaissance de ses oncles maternels de son père, les Banou Ouday ibn An Najjâr. En effet, les oncles du père sont naturellement les oncles du fils car la mère d’Abd el Mouttalib, père d’Abdallah, était Salma Bint Amr Annajariya. Amina voulut profiter de cette visite, pour visiter la tombe de son mari. Elle partit donc avec Mohammed ainsi que sa servante, Oum Aymen Baraka, une esclave noire, mère d’Oussama fils de Zayd ibn Haritha. C’était la première fois que le jeune Mohammed voyageait. Arrivé à Médine, ils habitèrent chez les parents d’Abd el Mouttalib, dans la maison d’An-Nabighah, de la tribu des Banou An-Najjâr. A côté de cette maison il y a le cimetière appelé « Dar Al Nabighah », où se t le tombeau d’Abdallah. Ils restèrent un mois où Mohammed appris à ce moment à nager dans une pièce d’eau (une piscine), appartenant à la tribu. Il jouait également avec d’autres enfants de la tribu, en particulier avec une fille, Unaisah, autour d’un château appartenant à leur famille. Ils s’amusaient à faire voler un oiseau qui allait se percher sur la tour de leur bâtiment. Pendant ce séjour, deux juifs vinrent voir Oum Aymen et lui dirent : « Montre-nous Ahmed afin que nous puissions le voir ». Elle le leur montra et ils se mirent à le regarder et à l’ausculté, puis l’un deux dit à l’autre : « il est e Mohammed de cette communauté et cette ville sera le lieu de son émigration. Elle sera le théâtre de tueries et de capture de prisonniers ». Oum Aymen rapporta ceci à Amina qui eut peur et qui décida de partir pour la Mecque.
A mi-chemin, Amina fut frappée d’une maladie. Arrivé à El-Abwa, son état s’aggrava, elle agonisa et finit par mourir, devant les yeux de Mohammed. Après s’être chargé de l’enterrement d’Amina, Oum Aymen parvint à rentrer avec Mohammed à la Mecque. Elle le confia à son grand-père, Abd el Mouttalib, alors âgé de cent huit ans, qui fut dès lors, son deuxième tuteur après Amina.
A l’âge de 6 ans, prise en charge par Abd El Mouttalib
Mohammed fut pris en charge par son grand-père. Il le traita avec une grande tendresse, telle que même ses propres enfants n’y eurent pas droit. Il l’avait toujours au près de lui, le choyait, le chérissait. Mohammed pouvait entrer chez lui, à tout moment, lorsqu’il était seul ou endormi, sans que cela ne le dérange.
Abd Al-Mouttalib avait l’habitude de s’asseoir, à l’ombre de la Kaaba, sur un tapis dans un conseil municipal pour discuter avec les autres conseillers des questions sérieuses. Mohammed voyant cela, laissait ses jouets et venait assister au conseil. Il s’asseyait à la première place, à côté de son grand-père, lui massait le dos, mais ses oncles le lui défendaient. Mais Abd El Mouttalib leur disait toujours : « Laissez-le; il se croit un grand homme, et il va l’être; il est si sage ». Il était en effet bien sage, jamais l’assemblée n’eut à se plaindre qu’il les dérangeât.
Un jour, le clan des Banou Moudlij vinrent voir Abd El Mouttalib et lui dirent : « Prends bien soin de cet enfant, car on n’a jamais vu de trace de pas semblables à ceux qui se trouvent dans le maqam d’Ibrahim autres que les siennes ». Abd El Mouttalib fier de son petit fils, prévenait souvent Abou Tâlib sur ce que disait les gens, en l’intiment de bien prendre soin de Mohammed. Et c’est ce qu’il faisait. Abd El Mouttalib ordonnait aussi Oum Aymen de bien surveillé Mohammed, surtout un jour où il le vit en compagnie d’autres garçons près d’Essadra. Il avait peur pour lui du fait que les gens du livre prétendaient que son petit fils serait Mohammed de cette communauté.
Mohammed était un garçon d’une si grande intelligence, que toutes les fois que son grand-père ou d’autres personnes perdait quelque chose, ils demandaient toujours à Mohammed d’aller la rechercher. Un jour, le berger d’Abd El Mouttalib vint annoncer que quelques chameaux s’étaient égarés, et qu’il était impossible de es retrouver dans la vallée du pâturage. On envoya Mohammed et comme il tarda à revenir, Abd El Mouttalib effrayé sur le sort de son petit fils, partit ainsi tout seul, la nuit, dans les montagnes, se mit à prier Allah avec ferveur et à faire le tour rituel autour de la Kaaba, en disant : « Seigneur, rends-moi mon petit Mohammed. Et comble-moi ainsi de tes bienfaits ». Lorsque Mohammed rentra enfin, Abd El Mouttalib, soulagé, fit le vœu de ne plus jamais l’envoyer faire de pareilles courses.
Abd El Mouttalib l’aimait tellement qu’il ne mangeait jamais sans qu’il ne soit avec lui.
A l’âge de 7 ans, la maladie des yeux (577)
A l’âge de 7 ans, Mohammed fut atteint d’un mal aux yeux. Abd El Mouttalib, inquiet, l’emmena consulter plusieurs médecins à la Mecque mais ils ne purent le guérir. Abd El Mouttalib décida alors de se rendre au couvent d’un religieux chrétien, près de ‘Okkâz. On lui prescrivit un remède qui finit par le guérir.
A l’âge de 8 ans (2 mois et 10 jours) , mort d’Abd El Mouttalib (578)
L’état de santé d’Abd El Mouttalib se dégrada au fil du temps, de par sa vieillesse et sentant la mort arrivée, il commençait à confier Mohammed à son oncle Abou Tâlib et recommandait qu’il en soit ainsi après sa mort.
RENVOI : En effet, le choix d’Abou Tâlib comme tuteur de Mohammed était dû au fait qu’il était né de la même mère et du même père que le père de Mohammed et aussi qu’Abou Tâlib possédait des qualités de cœur très rares à cette époque. Abd El Mouttalib choisit Abou Tâlib car ses autres frères n’étaient pas capable de s’occuper de Mohammed et surtout Abou Lahab qui, après la mort de Abdallah ou Abdelmoutalib ?, devint un libertin, s’adonnant à la boisson et à la vie facile, à tel point qu’un jour, il vola des bijoux offerts à la Kaaba afin d’avoir de l’argent pour s’acheter du vin et pour en donner à des chanteuses. Ils était mal vu, au contraire d’Abou Tâlib, dont les qualités lui attiraient de plus en plus le respect de ses concitoyens. Son seul défaut, est un excès de générosité, ne lui permettant jamais de pouvoir équilibrer son budget familial et d’être souvent obligé de recourir aux emprunts.
Abd El Mouttalib sentant son heure proche, réunit ses filles, qui étaient au nombre de six, et leur dit :« Pleurez-moi ; je veux entendre avant ma mort ce que vous allez dire ». Chacune d’elles fit en pleurant son apologie en vers. Son état s’aggravât d’un coup et il en perdit l’usage de la parole. Puis, il fit un geste de satisfaction à ses filles. Mohammed était alors âgé de 8 ans. Puis, le 22 Joumada el oula 578, vint le moment douloureux pour lui lorsque son grand-père mourût. Il fut enterré à la Mecque dans le cimetière à El-Hadjoune. Mohammed, tellement attaché à son grand-père, gémissait de douleur en suivant son cercueil. C’est son plus jeune fils, El-’Abbas qui lui succéda dans la charge de Zemzem et de l’abreuvement des pèlerins.
RENVOI : il va garder cette charge et le prophète lui confirmera cette charge à la prise de la Mecque
Sa vie chez son oncle bien aimé Abou Talib
Mohammed fut donc confié aux soins de son oncle Abou Tâlib, suite à la recommandation d’Abd El Mouttalib. Abou Tâlib fut ainsi son 3ème tuteur et s’occupa de lui.
Abou Tâlib était un homme pauvre et sans ressources marié à Fatima bint Asad. Comme il n’y avait pas d’école à la Mecque, Mohammed n’eut pas la chance d’apprendre à lire et à écrire.
Abou Tâlib aimait et choyait Mohammed bien plus que ses propres enfants. Il ne dormait que lorsque Mohammed était à ses côtés et lorsqu’il sortait, il était toujours avec lui. Abou Tâlib lui réservait toujours la meilleure nourriture. Abou Tâlib avait toujours l’habitude d’ordonner à sa famille d’attendre que Mohammed se joigne à eux pour manger car lorsqu’il se joignait à eux, il restait toujours de la nourriture. Il arrivait que lorsqu’Abou Tâlib et sa famille mangeaient individuellement ou ensemble sans que Mohammed ne soit présent, ils n’étaient jamais rassasiés et lorsqu’il se joignait à eux, ils étaient rassasiés. Le matin, au réveil, Abou Tâlib remarquaient que ses enfants se réveillaient avec les yeux chassieux et les yeux ébouriffés, tandis que Mohammed, lui, se réveillait, les yeux enduits de Khôl et les cheveux bien en ordre. Abou Tâlib leur présentait, au petit déjeuner, une grande assiette de nourriture. Ses enfants s’asseyaient autour et dévoraient leurs parts de nourriture rapidement alors que Mohammed s’abstenait de faire comme eux et ne mangeait que très peu. En voyant Mohammed agir ainsi, il lui réservait sa part isolément.
Abou Tâlib en voyant les bienfaits de ces signes disait au Mohammed : « Tu es béni sans aucun doute ».
La femme d’Abou Tâlib s’occupait de Mohammed plus que ses propres enfants à tel point qu’elle les laissait affamés alors qu’elle ne laissait jamais Mohammed affamé. Elle délaissait ses enfants pour le peigner. Elle se comportait comme sa véritable mère et lui le ressentait au plus profond de lui-même.
A la Mecque, il y eut une période de grande sécheresse. Les Quraychites vinrent voir Abou Tâlib et lui dirent : « Abou Tâlib, la vallée est sèche et les familles n’ont rien. Alors, viens faire un appel à la pluie ».Abou Tâlib sortit en compagnie de Mohammed alors qu’un nuage les protégeait du soleil. Abou Tâlib prit Mohammed, mit son dos contre la Kaaba et lui fit signe du doigt, alors que le ciel était clair. Ainsi, les nuages vinrent de tous côtés. La pluie tomba drue, remplit la vallée et fertilisa tout. Abou Tâlib dit alors : « Un jeune qui de son visage, fait appel à la pluie par clémence à l’égard des orphelins et des veuves ».
Il y avait un homme de la tribu de Lahab, connu pour ses dons de devin qui venait souvent à la Mecque. A son arrivée, les habitants de la Mecque lui ramenaient leurs enfants afin qu’il les regarde et y discerne peut-être des signes de bonne augure. Abou Tâlib décida un jour de lui ramener son jeune neveu. Dans une foule de monde, Ils se présentèrent devant lui et en le voyant, le devin se mit à le regarder attentivement, puis son attention fut détournée un moment et reprit ensuite son intérêt pour Mohammed. Mais ils furent mêlés à la foule. Ce dernier disait : « Faites approcher ce garçon ». Remarquant le vif intérêt pour son neveu, Abou Tâlib le cacha à ses yeux dans la foule et disparurent aux yeux du devin.
Le devin criait : « Malheur à vous, faites revenir cet enfant que je viens de voir ! Par Allah, il aura sans nul doute un rôle considérable ! ».
Effrayé par cet homme, Abou Tâlib emmena Mohammed et quittèrent les lieux et ne le ramena plus jamais. Mohammed vécut ainsi chez Abou Tâlib jusqu’à atteindre l’âge de raison.
Naissance de Bilal ibn Rabbah (579)
Naissance de Abderahmane ibn Awf (580)
La première guerre des foujar (580)
Un peu plus d’une année s’était écoulée depuis la mort d’Abdelmottalib, lorsque de graves dissensions s’élevèrent entre les Coraychîtes et autres descendants de Modhar par Kinâna d’une part, et les Benou-Hawâzin de l’autre, ceux-ci également issus de Modhar, mais par la branche de Qays, fils d’Aylane. Les luttes de ces tribus furent appelées guerres de Foujar ou guerres de sacrilèges, parce que les combats et les actes de violence qui eurent lieu entre les deux partis se passèrent, pour la plupart, dans le cours de Dhoul Qa’da et d’autres mois sacrés, dont ils furent profanées.
Pendant les vingt premiers jours de Dhoul Qa’da, un grand marché se tenait à ‘Okaz, endroit planté de palmiers et situé entre Tâïf et Nakhia, à trois petites journées de la Mekke. C’était un rendez-vous commercial, vers lequel on affluait de toutes les parties de l’Arabie. Deux autres foires se tenaient encore non loin de la Mekke avant le pèlerinage, l’une à Madina, près de Marr-ezzhohrân, l’autre à Dhou’1 Médjâz, derrière le mont Arafat. Mais celle d’Ocâzh était de loin la plus considérable et la plus fréquentée. C’était plus qu’un marché annuellement ouvert à toutes les tribus de l’Arabie, c’était encore une espèce de congrès général, dans lequel s’établissait un concours de gloire et de talent. Des poètes, dont la plupart étaient en même temps des guerriers, y récitaient publiquement leurs vers, et vantaient leur noblesse, leurs actions et leur tribu. Plusieurs fois des poésies, qui avaient excité dans ces réunions l’admiration de tous les auditeurs, obtinrent, dit-on, l’honneur d’être écrites en lettres d’or et attachées aux murs de la Kaaba, ce qui leur fit donner le nom de Moudhahhabat, poèmes dorés, ou Moàllaqât, poèmes suspendus ‘.
1er conflit
Ce fut à la foire d’Okaz, Mahomet étant alors âgé de neuf à dix ans, que prirent naissance les inimitiés des Benou-Hawâzin et des Coraychites et Kinâniens. Un certain Badr, fils de Màchar, de la tribu de Ghifâr, branche de Kinâna, guerrier redoutable et d’une arrogance sans égale, s’était établi en dominateur dans une partie du marché. Il se mit à déclamer ces vers :
« Nous sommes les enfants de Moudrica, fils de Khindif ; ceux contre les yeux desquels nous dirigeons nos lances ne sont plus sujets à l’ophtalmie.
« Les hommes qui nous sont alliés par le sang ont droit de s’enorgueillir. Nous sommes une mer de générosité et de bravoure. »
Ensuite il dit : «Je suis le plus puissant des Arabes; « et voici ma jambe, ajouta-t-il en tendant le jarret : « si quelqu’un prétend être plus puissant que moi, « qu’il ose la frapper de son sabre. »
Indigné de cet insolent défi, un Bédouin de là tribu de Nasr’, branche de Hawâzin, nommé El-Ahmar, fils deMâ-zin, s’élança vers Badr le sabre à la main, lui déchargea un coup au-dessus du genou, et lui abattit la jambe. «Tiens, lui dit-il, voilà pour toi, orgueilleux « fils de Khindif.» Cette action excita un grand tumulte. Les tribus de Ghifàr et de Nasr faillirent en venir aux mains. L’affaire cependant fut apaisée ; mais une nouvelle cause de discorde surgit quelques jours après.
2ème conflit
Une femme issue de Hawâzin par Amir, fils de Sa’sa’a, était assise dans le marché d’Okaz, et conversait avec des jeunes gens de sa tribu. Elle était enveloppée d’un voile, mais sa tournure était d’une élégance remarquable. Quelques jeunes étourdis Quraychites et Kinâniens s’approchèrent, firent cercle autour d’elle, et la prièrent d’écarter son voile et de leur montrer son visage. Elle ne voulut point les satisfaire. Pour se venger de ce refus, un des Quraychites, s’étant placé derrière elle, attacha adroitement, sans qu’elle s’en aperçût, le pan de sa robe à son dos avec une épine. Lorsqu’elle se leva, elle parut dans un état qui excita de fous éclats de rire de la part des jeunes Quraychites et Kinâniens.
« Tu nous « as caché ton visage, lui dirent-ils, mais tu nous as « fait voir autre chose. »
« A moi, les enfants d’Amir ! » s’écria la femme insultée. Les Benou-Amir accoururent aussitôt avec leurs armes ; les Kinâniens et Coraychites s’armèrent aussi. L’on se battit, et le sang coula pendant quelque temps.
Enfin un personnage riche et considéré parmi les Quraychites, Harb, fils d’Omeyya, parvint à séparer les combattants. Il paya le prix du sang versé, donna satisfaction pour l’outrage commis envers la femme âmirite, et rétablit momentanément la paix.
3ème conflit
Bientôt un troisième conflit eut lieu pour un motif bien léger. Un homme de la famille de Djocham, descendant de Hawâzin, était créancier d’un individu descendant de Kinâna. Fatigué des délais continuels que lui opposait la mauvaise foi de son débiteur, et voulant au moins l’humilier s’il ne pouvait le faire payer, le Djochamite se présenta sur le marché d’Okaz avec un petit singe, et se mit à crier : « Qui veut me donner un autre petit animal comme celui-ci pour ma créance sur un tel, fils d’un tel, de la famille de Kinâna?. Oui, je livre pour un misérable singe ma créance sur un tel, fils d’un tel, de la famille de Kinâna ».
Ces mots, qu’il répétait sans cesse d’une voix éclatante, blessaient vivement les oreilles de tous les Kinâniens. L’un d’eux, impatienté, tire son sabre et coupa la tête du singe. Une altercation s’ensuit.
« A moi, Hawazin! s’écria le Djochamite. — A moi, Kinâna ! » Répondit son adversaire.
A l’instant chacun des deux partis se rassembla. On s’approcha, on s’attaqua. Heureusement quelques hommes sages s’interposent, avant qu’aucun homicide ait envenimé la querelle et ils dirent : « allez vous entre-tuer pour un singe! » La voix de la raison fut entendue; les esprits se calmèrent, et Abdallah, fils de Djodhàn ‘, Quraychite de la branche de Taym, qui joignait à une grande fortune un caractère noble et élevé, termina le différend en satisfaisant de ses deniers le créancier djochamite.
Ces trois journées, qui constituent la première guerre de Fidjâr, avaient montré combien le port des armes présentait d’inconvénients dans la nombreuse réunion d’Okaz, parmi tant d’hommes fiers et ardents, divisés souvent par des haines particulières et des rivalités de tribus. Après l’accommodement ménagé par Abdallah, fils de Djodhàn, on convint, pour éviter les occasions de querelles sanglantes, qu’à l’avenir tous les Arabes, en arrivant à la foire d’Okaz, déposeraient leurs armes entre les mains d’Abdallah, qui jouissait de l’estime générale, et les rendraient seulement à la fin des fêtes du pèlerinage, au moment de retourner chez eux.
Ce sage règlement s’exécuta, et maintint la paix pendant quelques années. Mais un meurtre, commis hors d’Okaz, va ranimer les inimitiés, et engendrer une seconde guerre beaucoup plus sérieuse que la première.
A l’âge de 12 ans, le voyage au Cham avec Abou Tâlib
Abou Tâlib décida de partir avec une caravane en Syrie. Il se prépara pour son voyage et confia Mohammed à son frère, Al-Abbas. Lorsqu’il s’apprêta à partir, Mohammed exprima le désir de partir avec lui. Il insista tellement qu’Abou Tâlib finit par avoir de la compassion pour lui. Il dit alors : « Par Allah, je l’emmènerai avec moi, et je ne le quitterai pas, ni lui ne me quittera ! ». Il l’emmena donc avec lui, profitant du fait qu’il pouvait lui être utile et lui rendre de petits services et ainsi s’épargner des inconvénients. La caravane, qui était composée de plusieurs marchands Quraychites, dont Abou Bakr Essaddiq âgé de 9 ans, passa près de Médine, Tayma, Doumat AL-Jandal, Al Akaba en Jordanie pour enfin arriver au Cham. Lorsque la caravane arriva dans la banlieue de Bosra, entre Jérusalem et Damas, elle passa à côté d’un monastère, dans le quartier de Hawran, dans lequel vivait un moine du nom de Jarjis. C’était un monastère arabe sous domination Byzantine.
Introduire la carte du trajet de la caravane
Jarjis était l’un des grands savants chrétiens de cette région et était plus connu sous le nom de Bahira. Il vivait reclus dans un monastère où il était occupé à la méditation et à l’étude d’un livre légué par d’autres moines qui se le transmettaient les uns aux autres.
Les caravaniers avaient certes l’habitude de passer du côté de ce monastère, mais il ne leur a jamais parlé ni ne les a accostés, jusqu’à ce jour. En effet, les caravaniers firent ce jour-là une halte devant le monastère.
Bahira aperçu Mohammed au milieu de la caravane, tandis qu’un nuage le protégeait du soleil, à l’exclusion des autres caravaniers. Il fut étonné aussi du sage comportement de ses voisins, ce qui était très rare chez de tels visiteurs En voyant tout cela, Bahira, intrigué, descendit de son monastère, et ordonna qu’on prépare un grand repas ; ensuite, il envoya des émissaires pour inviter les membres de la caravane à venir partager ce repas, en leur disant : « Le moine vous invite, Ô Quraychites, à venir partager son repas, tous autant que vous êtes, grands et petits, hommes libres ou esclaves ».
Lorsqu’ils furent en sa présence, l’un des caravaniers lui dit : « Par Allah, Ô Bahira, tu nous étonnes ! Tu n’as jamais fait ce geste, alors que nous sommes passés plusieurs fois devant ton monastère ! Pourquoi le fais-tu aujourd’hui ? ». Bahira lui répondit : « tu dis vrai, certes, mais vous êtes mes hôtes, et j’ai voulu vous honorer et vous préparer un repas que vous prendrez tous autant que vous êtes ».
Ils vinrent donc tous, à l’exception de Mohammed, qu’ils laissèrent en compagnie de leurs montures, en raison de son jeune âge. Mais lorsqu’ils furent en face de lui, Bahira qui n’avait pas vu le garçon, leur dit : « Ô gens de Quraych, êtes-vous tous présents à mon repas ? ». On lui répondit : « Ô Bahira, il n’y a personne dont la présence à ton repas soit obligatoire qui ne soit pas là, à l’exception d’un enfant, le plus jeune d’entre nous, que nous avons laissé avec nos montures ». Il leur dit : « Invitez-le, lui-aussi, à ce repas ».
L’un des caravaniers dit alors : « Par Ellat et Al-Ozza ! Nous sommes blâmables pour avoir laissé Mohammed ibn Abdallah ibn Abd El Mouttalib, seul, dans l’inviter à ce repas ». Il alla le ramener alors et le faire asseoir avec les convives. En le voyant, Bahira commença à le scruter attentivement et à regarder certaines parties de son corps dont il avait la description. A la fin du repas, et alors que les convives commencèrent à se disperser, il s’approcha de lui et lui dit : « Ô garçon, je te demande par Ellat et Al Ozza, de répondre à toutes mes questions ! ». Il lui parla ainsi parce qu’il entendit les Quraychites jurer par ces idoles. Mohammed lui répondit : « Ne m’interroge pas au nom d’Ellat et d’El Ozza, car par Allah, il n’y a pas de chose que je déteste plus qu’elles ». Bahira lui dit : « Réponds-moi alors par Allah, à tout ce que je te demande ». Il lui répondit : « Demande-moi tout ce que tu veux ». Il se mit alors à l’interroger sur ce qu’il voyait en état d’éveil ou de sommeil et sur d’autres choses ayant trait à sa vie de tous les jours. La réponse de Mohammed fut conforme à la description qu’avait Bahira du futur prophète. Il regarda ensuite son dos et y vit, entre ses épaules, le sceau de la prophétie. A la fin de cet entrevue, il appela son oncle Abou Tâlib et lui dit : « Qu’est pour toi ce garçon ? ». Abou Tâlib répondit : « C’est mon fils ». Bahira lui dit : « Non, il n’est pas ton fils, car ce garçon ne peut pas avoir de père toujours vivant ». Il répondit : « c’est mon neveu ». Bahira lui dit : « Qu’est devenu son père ? ». Abou Tâlib lui répondit : « Il est mort, alors que sa mère était enceinte de lui ». Bahira s’exclama alors : «Tu dis vrai ; voici le guide des mondes, voici le messager du seigneur des mondes, celui qu’Allah envoie par clémence à l’égard des mondes ». Abou Tâlib lui dit : « Qu’en sais-tu ? ». Bahira lui répondit : « Les pierres et les arbres que vous avez dépassés depuis Al-Akaba (en Jordanie) se sont tous prosternés pour rien de moins qu’un prophète. Je le reconnais par le sceau de la prophétie qui, tel une pomme, est au dessous du cartilage de son épaule. Nous retrouvons ce prophète dans nos livres ».
RENVOI : ‘Ali Ibn Abî Tâlib dit : “J’avais l’habitude d’accompagner le prophète partout où il allait à la Mecque. Un jour, nous partîmes dans l’une des régions de la Mecque et chaque fois que nous passions près d’un arbre ou d’un rocher, ils saluaient le prophète disant : “Que le salut soit sur toi, prophète de Dieu””. (At-Tirmidhî, Ad-dârimî et Al-Hâkim)
Bahira lui dit : « Où le mènes-tu ? ». Abou Tâlib lui répondit : « En Syrie ». Alors Bahira lui dit : « Celui-ci est le meilleur de tous les hommes de la terre et le prophète d’Allah. Sa description se trouve dans tous les écrits de l’ancien temps, ainsi que son nom et sa condition. J’ai maintenant soixante-dix ans, et il y a bien longtemps que j’attends sa venue comme prophète. Je te conjure par Allah de ne pas le conduire en Syrie, de peur que les juifs ou les chrétiens ne le voient et ne te l’enlèvent. Ils ne pourront pas le tuer, parce que personne ne peut enfreindre la décision d’Allah ; mais il se peut qu’ils l’estropient des mains ou des pieds ou du corps. Renvoie-le chez lui à la Mecque ». Abou Bakr Essaddiq, qui était présent, dit à Abou Tâlib : « Renvoie-le à la maison, pour éviter ces dangers ».
Dans ce monastère, il y avait Trois hommes parmi les gens du livre, appelés Zuraîr, Temmam et Dâris, qui virent ce qu’avait vu Bahira en le futur prophète. Ils essayèrent de s’approcher de lui, mais Bahira les en empêcha en leur rappelant sa description dans leur livre sacré.
Abou Tâlib retourna alors à la hâte à la Mecque, en compagnie de Mohammed, sans avoir terminé son voyage commercial en Syrie. (Ou il le renvoya avec un esclave et il termina son voyage en Syrie ?)
L’amtié naissante entre Mohammed et Abou Bakr
Les deux jeunes enfants, du fait de leurs nombreux voyages effectués ensemble se cotoyèrent, se lièrent naturellement d’amitié et s’apprécièrent mutuellement. Depuis leur naissance, ils ont été les deux seuls enfants qui ont été preservé de la fausse croyance de leur ancètres et des mauvaises coutumes. En effet, chacun d’eux fut épargné de l’idolatrie et leur manifesta de l’aversion dès leur plus jeune âge.
Abou Bakr, sa croyance pure et sa bonne éducation
Comme s’il était prédestiné au rôle qui serait le sien, les histoires qui se rapportent a son sujet indiquent que son comportement durant son enfance et sa jeunesse furent aux antipodes de ses concitoyens. Son comportement était des plus exemplaires. C’est ainsi qu’un jour, Abou Bakr fut emmené par son pere à la Kaaba pour rendre un culte d’adoration aux idoles. Abou Bakr s’approcha de l’une d’elles et lui dit : « J’ai faim, nourri-moi ! ». il n’eu aucune réponse. Il ajouta : « J’ai soif, donne-moi à boire ! ». Il n’obtint aucune réponse. Il ajouta encore : « J’ai froid, habille-moi ! ». Ce fut toujours le silence. A la fin, il prit un caillou et lui dit : « Je vais te jeter ce caillou et si tu es un dieu, défend-toi ». Il lui jeta le caillou et elle tomba à la renverse. Cet événement conforta Abou Bakr dans sa conviction que la croyance en ces idoles était fausse.
A l’âge de 12 ans, son travail et son éducation
Mohammed aidait son oncle dans les revenus en travaillant comme berger pour les mecquois. Dans son travail, Il avait l’habitude de se protéger contre le soleil aveuglant de la mi-journée à l’ombre de l’immense écuelle (grand récipient creux) que Abdallah ibn Jud’an avait fait fabriquer pour l’usage des voyageurs à dos de chameau.
Un jour, alors qu’il gardait son troupeau, il apprit qu’une fête était organisée chez une personnalité de la ville. Curieux, Il dit à un de ses camarades : « Je n’ai jamais assisté à une fête, si tu peux garder mon troupeau en même temps que le tien, je vais en ville et je te remplacerai un autre jour ». Le garçon accepta et Mohammed se rendit en ville. La fête n’étant pas encore commencée, Mohammed, en attendant, s’endormit sous la chaleur ; lorsqu’il se réveilla, il était déjà trop tard, la fête était finie et il dût rentrer chez lui. Cet évènement se produisit plusieurs fois à tel point que Mohammed dégouté, se jura de ne plus jamais se préoccuper de ces futilités.
RENVOI : Dans un hadith rapporté par Hakim et authentifié par El Hafidh Dahabi, le prophète a dit : “Dès mon jeune âge, Allah m’a fait détester les idoles et la poésie, jamais je n’eus l’idée de faire comme les gens de la jahiliya excepté à deux occasions mais Allah a mis une barrière à chaque fois entre moi et ce que je voulais. Après cela je n’ai pas désiré une mauvaise chose jusqu’au jour où le seigneur me fit grâce de sa mission. Un soir je dis à un garçon qui gardait les moutons avec moi : “Voudrais-tu surveiller mes moutons pour que j’aille à la Mecque pour passer la nuit comme les jeunes de mon âge?”. Je partis et m’arrêtai à la première maison où j’entendis du tambour et de la flûte à l’occasion d’un mariage, alors je m’assis mais Allah me fit tomber dans un profond sommeil et je ne fus réveillé que par l’intensité du soleil, je ne fis donc rien…”. Le même fait se produisit une deuxième fois mais Allah le protégea en l’endormant avant qu’il ne puisse entrer dans la maison.
RENVOI : Le prophète aleyhi salat wa salam fut berger depuis cet âge-là jusqu’à ce qu’il eût atteint 21 ans. A ce propos, Ibn Ishaq rapporte : L’envoyé d’Allah disait : “Il n’est pas un prophète qui n’a pas fait paître le troupeau.” On lui demanda : “Et toi, Ô envoyé d’ALLAH?” Il répondit : “Et moi aussi”.
Abou Tâlib ouvrit par la suite un magasin à la Mecque où il vendait des étoffes. RENVOI : Abou Tâlib était un Bazzaz (marchand d’étoffes).
Mohammed l’aida dans cette entreprise. Ses rapports avec sa famille étaient tout à fait normaux sauf avec son oncle Abou Lahab. En effet, son oncle avait de l’animosité envers lui, et cela depuis un jour où Abou Tâlib et Abou Lahab se querellèrent. Abou Lahab jeta son frère par terre, s’assit sur sa poitrine et le gifla. Mohammed voyant cela, accourut, bouscula Abou Lahab et l’éloigna de dessus Abou Tâlib. Puis, Abou Tâlib se leva et, plein de colère, s’élança sur Abou Lahab et à son tour, il s‘assit sur sa poitrine et le gifla plusieurs fois. La bagarre terminée, Abou Lahab s’adressa au Mohammed et lui dit : « Moi, je suis ton oncle comme Abou Tâlib, tu as agi ainsi envers moi, pourquoi n’as-tu pas fais pareil avec Abou Tâlib ? Par Dieu, mon cœur ne t’aimera plus jamais, jamais ».
A la Mecque, il y avait une grande fête annuelle, appelé Buwanah, à laquelle tout le monde prenait part avec enthousiasme. On y sacrifiait des animaux et on se faisait raser la tête. Mohammed, comme chaque année, trouvait une excuse pour ne pas y assister. Une année, ses tantes le grondèrent et le menacèrent de la colère divine, du fait qu’il ne voulait pas y aller. Mohammed dût les accompagner cette fois-ci, mais en pleine fête, il rentra dans la tente de sa famille, tout blanc et tout tremblant. Sa famille lui demanda ce qu’il avait et il leur répondit qu’il avait vu d’étranges personnes qui lui défendaient toute participation à cette fête païenne. Depuis cet évènement, ses oncles et tantes ne l’obligèrent plus à participer à de pareilles cérémonies. De plus en plus, Mohammed prenait conscience de ce qui se passait autour de lui comme pratiques et coutumes et se refusait d’y participer. Un jour, il faisait des tournées rituelles autour de la Kaaba en compagnie de Zayd ibn Haritha. Zayd passa près des idoles Isaf et Naïla et se frotta à elles. Mohammed lui dit : « Ne les touche pas ». Zayd n’écouta pas et les toucha à nouveau. Mohammed lui dit alors : « Ne te l’a-t-on pas interdit ? ». Il se refusait de toucher les idoles et ne l’a jamais fait.
Egalement, il ne faisait jamais de station à Mouzdalifa, la veille d’Arafat, avec les gens et aussi il ne faisait pas la station d’Arafat avec les gens. Il montait son chameau et partait toujours tout seul.
Il grandit ainsi loin d’idolâtrie et devint donc un jeune homme mûr et sage. Il était le meilleur de ses compatriotes par son esprit chevaleresque, ses vertus morales, sa noblesse, sa bonne fréquentation, son intégrité, sa compassion et sa sincérité, et le plus éloigné parmi ceux de la débauche et des torts. On ne l’a jamais vu tromper quelqu’un ou se disputer avec quiconque, au point où ses compatriotes le surnommèrent « El Amine », le digne de confiance.
Naissance de Abou Oubeyda Ibn El Jarrah (583)
Naissance de Omar ibn Al-Khattab (584)
La deuxième guerre des foudjar (584) Dhoul Qa’da
4ème conflit, appelé journée de Nakhla
Deux ans après son retour de cham, plusieurs conflits éclatèrent entrainant la deuxième guerre des foudjar.
Barrâdh, fils de Cays, descendant de Kinana, homme livré au vin et à la débauche, avait été repoussé du sein de sa famille, les Banou-Dhamra, qui, pour n’être point responsables de ses méfaits, avaient renié toute parenté et rompu toute relation avec lui. Un individu ainsi rejeté par les siens était appelé Khall.
Barrâdh se réfugia chez les Banou-Dayl, qui d’abord l’accueillirent, ensuite, indignés de ses orgies, le chassèrent honteusement. Alors il se rendit à la Mekke, se présenta chez Harb, fils d’Oumayya, et le pria de le recevoir comme allié ou client. Harb y consentit, bien que, dans les usages des Arabes, la responsabilité des actes d’un allié, pesât sur une famille aussi bien que la responsabilité de la conduite de ses propres membres.
Bientôt Barrâdh se mit à boire et à donner tant de scandale, que Harb voulut aussi le renier.
« Tous ceux qui me connaissent m’ont repoussé, » lui dit Barrâdh. « tu es le seul à qui je tienne encore par quelque lien social. Si toi aussi tu me rejettes, je deviendrai l’objet du mépris général. Laisse-moi le titre de ton allié; je vais m’éloigner, et te débarrasser de ma présence».
En effet, Barrâdh quitta la Mekke; il se dirigea vers l’Irak, et s’insinua à la cour de Nomân (Abou-Qâbous), fils de Moundhir, roi de Hîra.
No’mân envoyait tous les ans à la foire d’Okaz une caravane chargée de parfums, et particulièrement de musc. Avec le prix de la vente de ces marchandises, il faisait acheter des cuirs, des cordons, Weca, du Haza, sorte de plante employée pour des fumigations, et des étoffes rayées du Yaman, appelées Asb, Wachi, Mouçayyar et Adeni. Pour que cette caravane pût traverser sans danger le Nejd et la lisière du Hidjâz qui séparaient Hîra d’Ocâzh, il fallait la mettre sous la protection de quelque chef puissant de la race de Modhar.
Lorsque l’époque de la foire approcha, Nomân, avant d’expédier sa caravane, demanda qui se chargerait de la conduire. « Moi » dit Barrâdh. « je la ferai passer dans le pays de Kinâna (le Hidjâz). Mais, il me faut un homme qui la fasse passer dans le Nejd. »
Un guerrier bédouin, Orwa ‘, surnommé « Errâhhal », le voyageur, se trouvait présent. Il était issu de Hawàzin par Djàfar, fils de Kilâb. C’était alors le personnage le plus illustre de la grande tribu de Hawâzin, qui était répandue dans la partie du Nejd limitrophe du Hidjâz. Il prit la parole, et dit :
« Prince, puisses-tu ne mériter jamais que des bénédictions! Je réponds de ta caravane. La feras-tu passer aussi chez les Kinâna?» lui demanda ironiquement Barrâdh. « Chez les Kinâna et chez tous les Arabes » lui répliqua Orwa. « Serait-ce donc un chien renié par ses frères qui pourrait la faire respecter? » retorqua Orwa.
Puis la caravane fut confié a Orwa.
Orwa se mit en route avec la caravane, qu’il escortait seul. Barrâdh partit aussi, et le suivit à quelque distance. Orwa s’en aperçut; mais il méprisait trop Barrâdh pour le craindre. Lorsque la caravane fut arrivée au milieu du pays des Ghatafân, adjacent au territoire de Fadaq, dans un lieu nommé Owâra, près de la vallée de Tayman, elle fit une halte. Orwa se coucha à l’ombre d’un arbre, et s’endormit. Barrâdh, profitant de cet instant, s’approche de lui, et le tua. Puis, se jetant sur les domestiques, dont la plupart se livraient aussi au sommeil, il les frappa de son sabre, les mit en fuite, et s’empara des chameaux.
Barrâdh célébra ensuite cet exploit par ces deux vers :
« Le descendant de Kilâb a reçu de moi le prix de son orgueil méprisant ; jamais je n’ai laissé personne m’humilier impunément.
« Q»and la lame de mon sabre est tombée sur sa tête, il a poussé un beuglement qui a retenti dans les deux vallées. »
On était alors dans le mois sacré de Dhoul Qa’da. Une grande partie des Quraychites, des Kinâna, des Hawàzin et des autres Arabes, se trouvaient rassemblés à Okaz. Barrâdh, après avoir fait ce coup, s’éloignait avec son butin, lorsqu’il rencontra un Quraychite nommé Bichr, fils d’Abou-Hâzim.
« Je te donnerai » lui dit-il, « les plus jeunes et les meilleurs de ces chameaux, si tu veux à l’instant courir à Okaz, et avertir Harb, fils d’Omeyya et Abdallah fils de Djodhân, Hichâin, fils de Moghayra, et son frère Walîd, que Barrâdh vient de tuer Orwa « Errâhhal ».
Je crains, si les Hawâzin sont informés les premiers de ce meurtre, qu’ils ne tiennent cette nouvelle secrète, jusqu’à ce qu’ils aient surpris et assassiné quelque personnage Quraychite considérable, pour venger la mort d’Orwa. —Mais, répondit Bichr, c’est toi-même sans doute que les Hawâzin voudront faire périr. « Non, non », ajouta Barrâdh; « je sais bien qu’il leur faudra plus que le sang d’un Khali des Benou-Dhamra pour compenser le sang de leur chef. »
Tandis qu’ils parlaient, une troupe de Benou-1-Hârith vint à passer, conduite par Djalîs, fils de Yazîd, qui commandait alors aux familles kinâniennes faisant partie des Ahâbich de Coraych. Djalîs s’aperçut que Barrâdh et Bichr conféraient à voix basse. « Qui y a-t-il donc de mystérieux entre vous? » leur dit-il. Barrâdh pouvait se fier à un allié des Quraychites. Il mit donc Djalîs au fait. Celui-ci, sentant l’importance du secret, recommanda à ses gens la discrétion, et se hâta de se rendre avec Bichr à la foire d’Okaz. Barradh, quant à lui, partit se réfugier avec son butin dans la citadelle inexpugnable de Khaybar.
Djalis, de son côté, partit et informa aussitôt Harb, fils d’Omeyya, et les autres chefs Quraychites, de l’assassinat d’Orwa.
Harb dit à Abdallah, fils de Djodhân : « Tu as entre les mains les armes de tout le monde. Donne-nous les nôtres, et retiens celles des Hawâzin. « Ce serait une perfidie », répondit Abdallah. « Quand je devrais être frappé de tous les sabres et percé de toutes les lances dont je suis maintenant dépositaire, je restituerai à chacun ce qui lui appartient. Mais, pour aider les Quraychites à soutenir la guerre qui va s’allumer, je m’engage à leur fournir, à mes frais, cent cuirasses, cent sabres et cent lances. »
En disant ces mots, Abdallah sortit de sa tente, et cria à haute voix : « Vous tous qui m’avez remis vos armes, venez les reprendre.»
Quand chacun eut retiré les siennes, Abdallah, Harb, Hichâm et Walîd, envoyèrent à Abou-Bérâ Amir, fils de Mâlik, principal chef des Hawâzin présents à Okaz, un message collectif ainsi conçu : « Nous avons appris qu’il y a du trouble à la Mekke en ce moment. Craignant que la chose ne prenne de la gravité, nous retournons chez nous pour rétablir l’ordre. Ne vous étonnez donc pas si nous quittons Okaz avant la fin de la foire. » Ensuite tous les Quraychites prirent le chemin de la Mekke.
Le soleil commençait à décliner quand la nouvelle de l’assassinat d’Orwa par Barrâdh, allié de Harb, fils d’Omeyya, parvint aux oreilles d’Abou-Bérâ Amir. « Ah! S’écria-t-il, j’ai été la dupe de Harb et d’Abdallah, fils de jodhân. » Aussitôt il avertit les hommes de sa tribu, et ces vers, improvisés par le poëte Labid, circulent rapidement parmi les Hawâzin :
« Dites aux enfants de Kilâb, si vous les rencontrez, et aux enfants d’Amir, dont le courage est toujours supérieur aux dangers;
« Dites aux enfants de Nomayr ‘ et à ceux de Hilâl, oncles maternels de la victime,
«Dites-leur qu’Orwat-Errahhâl, leur habile mandataire, est étendu mort dans la fraîche vallée de Tayman »
La journée de Nakhla
Bientôt les Arabes de Hawâzin sont rassemblés ; ils montent à cheval, et se mettent à la poursuite des Quraychites. Ceux-ci venaient de dépasser Nakhla au moment où leurs ennemis les atteignirent, vers le coucher du soleil. Le combat s’engagea sur-le-champ. Abdallah, fils de Djodhân, commandait une aile des Coraychites; Hichâm, fils de Moghayra, l’autre aile. Harb, fils d’Omeyya, était au centre, avec le drapeau de Qosay, appelé « Ocab », signe du commandement principal.
Les Hawâzin avaient pour chefs : Abou-Bérâ Amir, qui conduisait les enfants de Kilâb, de Kaab, et tous les autres descendants d’Amir, fils de Sa’sa’a ; Massoud, fils de Mo’àttib, à la tête des Thaqîf ; Soubay, fils d’Abou-Rabî’a, suivi des Benou-Nasr, et Simma, fils decHârith, guidant les Benou-Djocham.
Les Quraychites, inférieurs en forces, se battaient en se retirant vers la Mekke. Ils parvinrent à gagner le Haram, ou territoire sacré, qui s’étendait autour de la Mekke dans un assez long rayon, et dont les limites étaient marquées par des bornes. Le respect pour ces limites, et surtout l’obscurité de la nuit, arrêtèrent les attaques des Hawâzin. L’un d’eux, nommé El-Adram, issu d’Amir-ibn-Sa’sa’a, cria aux Quraychites : « Nous vous donnons rendez-vous à Okaz l’année prochaine.» Abou-Sofyân , fils de Harb, répondit, par ordre de son père : « Nous acceptons le rendez-vous . »
Cette journée fut appelée journée de Nakhla. Mohammed, que l’on avait mené à la foire d’Ocâzh, assista à cette action. il allait ramasser sur le champ de bataille les flèches des ennemis, pour les présenter à ses oncles, et était alors âgé de quatorze ans.
Plusieurs des familles de Hawâzin qui avaient combattu à Nakhla, satisfaites des pertes qu’elles avaient fait éprouver aux Quraychites, ne voulurent pas pousser la guerre plus loin. Les Benou-Nomayr témoignèrent même de leurs dispositions pacifiques, en protégeant et renvoyant à la Mekke un Kinânien qui se trouvait parmi eux, et dont la mère et la femme appartenaient à leur famille. Les Banou Kaab, et même les Banou-Kilâb, quoi qu’Orwa fût un des leurs, déclarèrent qu’ils garderaient désormais la neutralité. Les autres sous-tribus de Hawâzin persistèrent dans leurs projets hostiles. De leur côté, les Quraychites brûlaient de prendre leur revanche. Ils montrèrent les sentiments dont ils étaient animés, en accueillant le meurtrier Barrâdh, qui vint à la Mekke vendre son butin, et dissiper en orgies le prix des parfums du roi Nô’mân.
Mort de Khouwaïlid ibn Asad, père de Khadija (585)
Naissance de Amr ibn El’As (585)
L’affaire de samta (Dhoul qa’da An 586)
Une année s’écoula sans nouvel incident; mais, à l’approche de la foire d’Okaz, les deux partis firent de grands préparatifs pour vider leur différend. Les Quraychites rassemblèrent leurs Ahâbîch, et distribuèrent des armes à ceux, qui en manquaient. Abdallah, fils de Djod’ân, tint sa promesse et arma cent hommes. Chaque famille se forma en compagnie, ayant son chef en tête. Les enfants de Hâchim étaient commandés par Zobayr, fils d’Abdelmottalib ; les enfants d’Abdchams, réunis avec ceux de Naufal, par Harb, fils d’Omeyya, et par Moutim, fils d’Adi, sous les ordres de Harb ; deux familles de la maison d’Abd-eddâr, par Khouwaylid , petit-fils d’Açad, et par Othtnân, fils dé Houwayrith ; une branche des Benou-Zohra, par Makhrama, fils de Naufal ‘; une autre, par son frère Safwân; les Benou-Taym-ibn-Mourra, par Abdallah, fils de Djodhân; les Benou-Makhzoum, par Hichâm, fils de Moghayrà; les Benou Sahm, par El-Assi, fils de Wâïl ; les Benou-Djoumah , par Omeyya, fils de Khalaf; une fraction desBenou-Adi-ibn-Càb, par Zayd, fils d’Amr; une autre, par son oncle Khattâb, fils de Nofayl ; les Benou-Amir-ibn-Loway, par Amr, fils d’Abdchams ; les Benou-1-Hâ-rith-ibn-Fihr, par Abdallah, fils de Djarrâh ; les Beuou-Bacr-ibn-Abdmonât, Kinâniens, par Balâ, fils de Cays; enfin les Benou-1-Hârith-ibn-Abdmonât, aussi Kinâniens, et autres familles d’entre les Ahâbîch, étaient sous la conduite de Djalîs, fils de Yazd.
Les Hawâzin avaient fait des dispositions semblables. Ainsi Atiya, fils d’Afif le Nasrite, commandait aux Benou-Nasr; Khayçak le Djochamite, aux Benou-Djocham et à leurs freres les Benou-Sàd; Wahb et Maçoud, tous deux fils de Mo’àttib, aux Banou-Thaqîf; Rabîa, fils, d’Abou-Tabyàn, le Hilâlite, aux Benou-Hilâl; Salama, fils d’ismaïl, l’un des enfants de Beccâ, et Khâlid, fils de Haudha, issu d’Amir, fils de Rama, étaient à la tête des Benou-Amir-ibn Rabî’a, et de leurs alliés les Benou Djesr ibn Mouhârib. L’armée des Hawâzin était en outre renforcée par un nombreux parti de Benou-Soulaym, tribu issue comme eux de Qays, fils d’Aylane, par Mansour, fils d’Ikrima.
Les Hawâzin arrivèrent les premiers sur le terrain d’Ocâzh, et se postèrent sur une colline nommée samta. Ils croyaient que leurs adversaires manqueraient, au rendez-vous. Mais bientôt les Qoraychites parurent et s’établirent en face d’eux, près d’un ravin qui longeait le pied de la colline. Abdallah, fils de Djodhân, et Hichâm, fils de Moghayra, étaient aux deux ailes, et Harb, fils d’Omeyya, au centre de l’armée Qoraychite, comme à Nakhla. Harb avait le commandement supérieur. Il plaça au fond de la vallée, pour former son arrière-garde, les Kinâniens, c’est-à-dire, les Benou-Bacr et les Benou-1-Hârith, commandés par Balâ et Djalîs, et leur dit : « Ne quittez pas cette position, quand même vous verriez les Coraychites taillés en pièces. »
Le combat dura toute la journée. Les Qoraychites eurent d’abord le dessus ; ensuite les Hawâzin reprirent l’avantage. Les Benou al-Hârith, voyant les Qoraychites perdre beaucoup de monde, s’avancèrent pour les secourir, et abandonnèrent le poste qui leur était assigné à eux-mêmes. Ils ne purent empêcher les Hawâzin de faire des progrès. L’alarme s’empara des Benou Bakr, restés seuls au fond du vallon. Balâ leur dit : « Gagnez le mont Rakham. » lis suivirent ce timide conseil, et prirent la fuite du côté de la montagne. Alors les Qoraychites, ne se sentant plus soutenus par derrière, lâchèrent pied, et se retirèrent en désordre, laissant la victoire à leurs ennemis.
RENVOI : A voir : Quelques historiens pensent que Mahomet était présent à cette affaire de Samta.
La journée d’Abla (Moharram An 587)
Dans les premiers jours de l’année arabe suivante, c’est-à-dire, deux mois environ après le combat de Samta, les deux partis, commandés par les mêmes chefs, se rencontrèrent de nouveau dans un lieu voisin d’Ocâzh, et appelé Abla. Les Hawâzin y furent encore victorieux, et un de leurs poètes, Khidach, fils de Zohayr, célébra ce succès dans une pièce de vers, où il dit :
«La renommée ne vous a-t-elle pas appris qu’à la journée d’Ablâ .nous avons distribué nos coups de sabre aux descendants de Khindif, de manière à leur en donner une riche provision ?
« Nous élevons un édifice de gloire a la race de Qays, tandis que nos ennemis voudraient voir la terre s’enfoncer sous nos pas. »
La journée d’Okaz (Charb)
Des deux côtés on avait rassemblé des renforts considérables. Abdallah, fils de Djodhân, avait fourni mille chameaux pour transporter autant de Kinâniens appelés à soutenir les Coraychites. Honteux de leurs défaites précédentes, et décidés à perdre la vie plutôt que de fuir, plusieurs Coraychites se garrottèrent les jambes, afin de se mettre dans l’impossibilité de reculer. Ceux qui donnèrent cet exemple de résolution furent six frères, Harb, Sofyân, Abou-Sofyân, Abou-Harb, Amr, et Abou-Amr, tous enfants d’Omeyya, fils d’Abdchams. Ils furent surnommés, à cause de leur courage, « El-Anâbis », les lions.
La lutte fut longue et acharnée. Djalîs, qui commandait les Ahâbîch, étant sorti des rangs, défia un des ennemis en combat singulier. Hodthân , fils de Sa’d, l’un des Banou Nasr, se présenta, et fracassa le bras de Djalîs. Ensuite, les Banou Bakr ibn Abdmanât et autres Arabes Kinâniens commencèrent à plier. Mais les Benou-Makhzoum, qui étaient postés auprès d’eux, les appuyèrent avec tant de vigueur, qu’ils les ramenèrent à l’attaque. Les Makhzoumites qui se distinguèrent le plus en cette occasion furent les fils de Moghayra. Les Hawâzin, pressés de tous côtés, cédèrent et se rompirent, à l’exception des Benou-Nadir, qui tinrent ferme encore quelque temps. Une branche de cette famille de Nadir, nommée les Benou-Douhmân, encouragée par la valeur de son chef Soubay, fils d’Abou-Rabîa, opposa surtout une vive résistance. Mais enfin, renversés par une charge des enfants d’Omeyya, les Benou-Douhmân furent obligés aussi de chercher leur salut dans la fuite ‘.
Avant la bataille, Maçoud, fils de Moàttib, chef des Thakîf, avait vu pleurer sa femme Soubayà, fille d’Abdchams, qui était Coraychite, et s’affligeait en pensant que le sang de sa famille allait couler. Maçoud, confiant dans le succès de ses armes, lui avait dit, pour la consoler : « J’accorderai la vie à tous ceux « de tes parents qui entreront dans ta tente. » Soubayà se mit alors à rassembler des pièces d’étoffe et à les réunir à sa tente, pour l’agrandir. Mais son mari l’en empêcha. «Je n’épargnerai, lui dit-il, que le nombre d’hommes que pourra contenir ta tente dans ses dimensions actuelles ». Soubayà piquée lui répondit : « Un moment viendra peut-être où tu regretteras toi-même que ma tente ne soit pas plus vaste ». Quand les Hawâzin eurent été défaits, plusieurs fuyards vinrent chercher un asile dans la tente de Soubayà. Son mari, Maçoud, s’y réfugia un des premiers, implorant la protection de sa femme contre la fureur des Qoraychites.
Sur ces entrefaites, arriva Harb, fils d’Omeyya. Il dit à Soubayà : « Sœur de mon père, on respectera la vie et la liberté de tous ceux qui entreront dans ta tente, ou qui en toucheront une corde, ou qui se placeront aux alentours». Soubayà, répétant à haute voix cette déclaration du général coraychite, appela les vaincus à en profiter. En même temps ses quatre fils allaient, par ses ordres, chercher ceux qui n’avaient point d’asile pour se dérober aux poursuites, et, les tenant par la main, ils les amenaient près de leur mère. Il se forma ainsi, autour.de la tente de Soubayà, un grand cercle d’Arabes issus de Qays par Hawâzin et Soulaym. Cet endroit fut nommé, depuis lors, Madâr Qays, le cercle de Qays. Cette victoire des Qoraychites fut chantée par le poète Dhirâr, fils de Khattàb.
Les Qoraychites furent donc vainqueurs à leur tour dans un combat qui fut livré sur le terrain même d’Ocâz, et nommé pour cette raison journée d’Okaz. Leur adversaires, epuisés, décidèrent de les retrouver l’année suivante à Okaz.
Naissance de Zayd Ibn Haritha (588)
La journées de Horaira
La dernière affaire générale entre les Qoraychites et les Hawâzin eut donc lieu, l’année suivante, elle fut celle de Horayra, près d’Okâz. Les chefs des deux partis étaient les mêmes que dans les combats précédents, excepté Balâ, fils de Qays, qui était mort depuis la journée d’Ocâz, et avait été remplacé par son frère Djathâma dans le commandement des Benou-BaKr ibn Abd manât. La guerre éclata donc entre eux mais en pleine mêlée, un homme de Quraych, monta sur son chameau et se dressa entre les deux camp, s’écriant à haute voix: « Ô gens de Moudhar! pourquoi combattez-vous? ». Les Hawazines lui répondirent: « A quoi nous appelles-tu? ». Il leur dit: « A la paix ». Ils lui dirent: « Et comment cela? ». Il leur dit: « Nous vous donnons en échange de vos ports, des otages, et nous renoncerons à notre prix du sang ». Ils lui dirent: « Et qui peut nous garantir cela? ». Il leur répondit: « Moi! ». Ils lui dirent: « Et qui est-tu? ». Il leur répondit: « Je suis Otba ibn Rabi’a ».
Les Qoraychites et leurs alliés de Kinâna perdirent dans cette bataille huit hommes, entre autres Abou-Sofyân, fils d’Omeyya, l’un des Anâbis. Plusieurs avaient été tués, de la main d’Othmân, fils d’Açad, l’un des enfants d’Amr, fils d’Amir-ibn-Rabîa.
Après la journée de Horayra, des meurtres individuels entretinrent encore pendant quelque temps les inimitiés des tribus opposées. Ainsi Zohayr, fils de Rabîa, père du poète Khidâch, s’étant aventuré sur le territoire de la Mekke, fut pris par Ibn-Mahmiya, Kinânien de la famille de Dayl. En vain Zohayr s’écria : « Ma vie doit être respectée, je suis venu ici pour faire la Omra ». L’on sait que l’Omra était une visite des lieux saints, qu’on pouvait accomplir dans tous les temps de l’année, à la différence du pèlerinage, Hajj, dont l’époque était invariablement fixée au mois de Dhoul-hijja. « C’est un prétexte qui pourrait toujours être allégué » répondit lbn Mahmiya à Zohayr ; et il le mit à mort.
La paix fut malgré tout maintenue et il fut proposé de compter les victimes de la guerre, et d’imposer au parti qui aurait fait le moins de pertes l’obligation de payer le prix du sang d’autant de morts qu’il s’en trouverait de plus dans le parti contraire. Tandis que cet accommodement se négociait, l’un des chefs des Thakîf, Wahb, fils de Moàttib, voulut en empêcher la conclusion, et engagea quelques familles de Hawâzin à faire une incursion contre les Kinâna. Cédant à ses instigations, les Benou-Amr, les Banou Hilâl et les Banou-Nasr, commandés, les premiers par Salama , les seconds par Rabî’a, fils d’Abou-Zhabyân, les troisièmes par Malik, fils d’Auf, alors jeune homme imberbe, se réunirent, et attaquèrent les Banou-Layth, auxquels ils enlevèrent des troupeaux. Cette agression n’empêcha pourtant pas l’arrangement d’être conclu.
On compta les morts. Les Hawâzin avaient perdu vingt hommes de plus que leurs adversaires ; et ainsi les Qoraychites, en dernier résultat, avaient eu l’avantage. Ils donnèrent aux Hawâzin, comme garantie du prix des meurtres, quarante d’otages, parmi lesquels était Abou-Sofyân, fils de Harb et Hakim ibn Hizam ; et de part et d’autre on s’engagea par des serments à cesser toute hostilité.
La seconde guerre de Fidjâr avait duré quatre ans 4; elle se termina en l’an 589. Le crime de Barrâdh ; qui en avait été la cause, devint parmi les Arabes une ère connue sous le nom
de Yawm-El Foujar, journée du crime et donna lieu à l’expression proverbiale : « Plus scélérat que Barradh »
RENVOI : Les personnages les plus marquants, tués dans les différents combats dont il vient d’être parlé, étaient, parmi les Hawâzin, Simma, chef des Benou-Djocham ; et parmi les Coraychites, Abou-Sofyân, fils d’Omeyya, et Awwâm, fils de Khouwaylid, frere de Khadija.
RENVOI : Une femme Qoraychite, nommée Omayma, petite-fille d’Abdchams, mariée à un certain Hâritha, de la tribu de Soulaym, composa les vers suivant, en l’honneur des Qoraychites qui avaient succombé dans cette guerre :
« Que les heures de la nuit sont lentes à s*écouler ! Mes regards attachés sur les étoiles les trouvent toujours immobiles. L’aurore ne viendra-t-elle pas enfin me distraire de ma douleur? Je gémis sur les parents que j’ai perdus, sur ces nobles guerriers. Que la Mort aux dents aiguës, aux griffes redoutables, a choisis pour victimes. Elle, les a surpris à la fleur de l’âge. Rien ne l’arrête, ni ne la détourne. Quand elle paraît, nul ne peut se dérober à ses atteintes. Pleures, mes yeux, versez des torrents de larmes. Ces guerriers étaient ma force et mon soutien. Nous étions des rameaux de la même tige, des membres de la même famille. Leur noblesse, leur gloire, étaient les miennes. Dans mes dangers, ils étaient ma forteresse. Ils étaient ma lance, mon bouclier, mon glaive, quand j’avais une injure à venger. Parmi eux, que d’hommes vertueux dont la parole ne fut jamais soupçonnée de mensonge! Que d’orateurs au langage séduisant et pur! Que de cavaliers intrépides, toujours ornés des insignes de la bravoure ! Que de négociateurs habiles, et consommés dans la pratique des affaires ! Que de chefs magnifiques, réunissant une foule d’hôtes autour de leur vaste foyer ! Que de personnages illustres par leur naissance et leurs grandes qualités, pères d’une postérité nombreuse et digne d’eux »
An 589, fin de la guerre des Foujar
Naissance de Ja’far ibn Abou Talib (590)
La création du pacte de Foudhoul (Rabi’ Al-Awwal 590)
Il eu lieu quatre mois après la guerre des Foudjar. Ce pacte est le plus noble et le plus honorable des pactes que les arabes aient conclus. Celui qui en en est à l’origine est Ezzubir ibn ‘Abd El-Mouttalib. A l’origine de ce pacte, la venue d’un homme de la tribu de Zubaîd à la Mecque, avec des marchandises pour les vendre. El-‘Ass ibn Waïl lui acheta ces marchandises pour les vendre. El-‘Ass ibn Waïl lui acheta ces marchandises mais refusa de le payer. L’homme de la tribu de Zubaïd alla se plaindre alors auprès des alliés de ‘Abd Eddar, de Makhzoum, de Djoumah, de Sahm et de ‘Adiyy ibn Ka’b, mais ils refusèrent de l’aider et de contraindre El-‘Ass à le payer. Il alla alors voir les chefs de Quraych qui étaient réunis devant la Ka’ba et mont sur le mont Abou Qoubays et se plaignit à eux de l’injustice dont il était victime, en récitant des poèmes dans lesquels il décrivait la nature du préjudice qui lui avait été fait. Ezzubir ibn Abd El-Mouttalib se leva et dit : « Cette injustice ne doit pas être acceptée ! ». C’est alors que les Hachim, les Zohra et les taïm ibn mourra se réunirent dans la maison de ‘Abdallah ibn Jud’an qui leur prépara un repas et ils conclurent un pacte. Par ce pacte, ils décidèrent d’être comme une seule main avec la victime d’un abus jusqu’à ce qu’elle recouvre son droit et de s’entraider dans la vie. Les Quraychites appelèrent ce pacte du nom d’El Foudhoul. A la fin, ils allèrent voir El-‘Ass ibn Waïl, lui prirent les marchandises de l’homme de zubaîd et les restituèrent à ce dernier.
RENVOI : Ce pacte a été appelé El-Foudhoul car il ressemble beaucoup à un pacte conclu par les Djorhom concernant l’assistance de l’opprimé contre son oppresseur. Ce sont trois personnes parmi leurs nobles qui l’ont conclu. Chacun d’eux avait le nom de Fadhl. Ce sont : El-fadhal ibn Fudhala, El-Fadhl ibn Wada’a et El-Fadhal ibn El-Hareth. (Ou El-Fadhal ibn Choura’a, El-Fadhal ibn Bidha’a et El-Fadhl ibn Qudha’a). Des tribus de Quraych ont convenu de ce pacte et se sont réunis dans la maison de ‘Abdallah ibn Jud’an, en raison de sa noblesse et de son âge.
Les tribus qui ont conclu ce pacte sont les Banou Hachim, les Banou ‘Abd el-Mouttalib, les Banou Asad ibn ‘Abd El-’Ozza, les Banou Zohra ibn Kilab et les Taïm ibn Mourra. Elles s’allièrent entre elles et décidèrent d’assister toute victime d’injustice ou d’abus, qu’elle soit habitant de la Mecque ou un visiteur, et de lui restituer son droit. Les Quraychites appelèrent ce pacte, le pacte d’El-Foudhoul.
RENVOI : Le prophète a dit : « J’ai assisté, dans la maison de ‘Abdallah ibn Jud’an, à un pacte que je n’échangerais pas contre des chamelles rouges ; s’il avait été conclu dans l’islam, j’y aurais adhéré ».
Exemple de mise en application du pacte de Foudhoul (trouver la date exacte sinon la mettre en renvoi)
Un homme de Khat’am arriva à la Mecque pour faire le grand ou le petit pèlerinage, et avec lui une de ses filles appelée El-Qatoul, d’une très grande beauté. Nabih ibn El-Hadjadj lui prit sa fille et la cacha dans un endroit secret. El-Khat’ami s’exclama alors : « Qui peut m’assister contre cet homme ? ». On lui dit : « Va voir les gens du pacte d’El-Foudhoul ». Il alla donc devant la Kaaba et se mit à crier : « A moi les gens du pacte d’El-Foudhoul ! ». Les gens accoururent à lui de tous côtés, l’épée à la main. Ils lui dirent : « Les secours arrivent à toi, qu’as-tu ? ». Il leur répondit : « Nabih a kidnappé ma fille et me l’a prise par un abus de pouvoir ! ». Ils partirent avec lui jusqu’à la maison de Nabih et appelèrent ce dernier. Lorsqu’il sortit vers eux, ils lui dirent : « Malheur à toi, ramène la fille ici ! Tu sais qui nous sommes et ce que nous avons conclu comme pacte ! ». Il leur répondit : « Je vais le faire, mais laissez-moi passer une nuit avec elle » ; ils lui dirent : « Non, par Allah, tu n’auras rien : ».
RENVOI : Plus tard, Il y avait entre Hocine ibn Ali ibn Abi Tâlib et El-Walid ibn ‘Otba ibn Abi soufiane, alors gouverneur de Médine, un litige financier. Hocine accusait El-Walid de l’avoir lésé dans ses droits. Il lui a dit : « Je jure par Allah que tu me rendras mes droits ou je prendrai mon épée et me rendrai dans la mosquée du prophète d’où j’appellerai les gens au pacte d’El-Foudhoul ! ». En entendant cela, Abdallah ibn Ezzubaïr qui se trouvait chez El-Walid, dit : « Moi aussi, je jure par Allah que s’il appelait à ce pacte, je prendrais, moi aussi, mon épée, et je l’assisterais jusqu’à ce qu’il puisse restituer ses droits ou nous mourrons tous ! ». El-Miswar ibn Makhrama ibn Noufal Ezzuhri entendit ces propos, il répondit de la même façon que ‘Abdallah ibn Ezzubir. Il en fut ainsi de ‘Abderrahmane ibn Othmân ibn Obeydallah Ettaïmi. Lorsqu’El-Walid ibn ‘Otba entendit cela, il restitua à Hocine ses droits jusqu’à ce qu’il en fut satisfait.
Le voyage des 4 a la recherche de la verite (entre 589 et 605)
Quelques années après la fin des guerres de Foujar, tandis que les Qoraychites célébraient la fête d’une de leurs idoles, El-Ozza, qu’ils honoraient, quatre hommes, d’un esprit plus éclairé que le reste de leur nation, se réunissaient à l’écart de la foule, et se communiquaient en secret leurs sentiments. « Nos compatriotes, se disaient-ils, marchent dans une fausse voie; ils se sont éloignés de la religion d’Ibrahim. Qu’est-ce que cette prétendue divinité à laquelle ils immolent des victimes, et autour de laquelle ils font des processions solennelles ? Un bloc de pierre muet et insensible, incapable de faire du bien ou du mal. Tout ceci n’est qu’erreur. Cherchons la vérité, cherchons la pure religion d’Ibrahim, notre père; et pour la trouver, quittons s’il le faut notre patrie, et parcourons les pays étrangers».
Les quatre personnages qui formaient ce projet étaient :
WARAQA IBN NAWFAL :
Le premier, Waraqa, cousin de Khadija, avait puisé, dans des relations fréquentes avec des chrétiens et des juifs, une instruction supérieure à celle de tous ses concitoyens. D’après une croyance assez généralement répandue parmi les docteurs juifs, et partagée même par quelques moines chrétiens, Waraca était persuadé qu’un envoyé du ciel devait bientôt paraître sur la terre, et il s’était formé l’idée que cet envoyé devait être suscité du milieu de la nation arabe. Il avait acquis la connaissance de l’écriture hébraïque, et lu les livres saints. Il s’adonna à les étudier avec une nouvelle ardeur, et finit par adopter les doctrines du christianisme.
RENVOI : il traduisit en arabe une partie de l’Evangile.
OTHMAN IBN ELHOUWAIRITH :
Othmân avait figuré avec distinction dans les guerres de Foujar, et était cousin germain de Waraqa. Il se mit à voyager, interrogeant tous ceux dont il espérait tirer des lumières. Des religieux chrétiens lui inspirèrent du goût pour la foi de Jésus. Il alla se présenter à la cour de l’empereur byzantin, César, où il reçut le baptême et fut traité honorablement puis il s’y établit. Il prit auprès de lui beaucoup d’estime si bien que le roi lui confia des fonctions élevées et qu’on le surnomma le cardinal.
OUBEYDALLAH IBN JAHSH :
Obaydallah, bien qu’établi à la Mekke, n’était point Qoraychite. Il descendait par son père d’Asad ibn Khozayma, mais il appartenait à la tribu de Qoraych par sa mère Omayma bint Abdelmoutallib. Après d’inutiles efforts pour arriver à la religion d’Ibrahim, El-Hanifiya, il demeura dans l’incertitude et le doute.
RENVOI: il demeura ainsi jusqu’au moment où le prophète commenera sa prédication. Obaydallah crut reconnaître dans l’islam la vraie religion qu’il cherchait. Il l’embrassa; A placer plus tard : mais bientôt il l’abjura, comme on le verra ailleurs, pour se vouer définitivement au christianisme.
ZAYD IBN AMROU :
Quant a Zayd, il avait combattu dans les guerres de Foujar, à la tête de la branche Qoràychite des Banou Adi, dont il avait partagé le commandement avec Khattâb ibn Nawfal, son oncle paternel et en même temps son frère utérin. Ceci venait de ce que Nawfal, après avoir eu d’une première femme un fils, Amr, avait épousé dans sa vieillesse, et lorsqu’ Amr était déjà homme fait, une jeune femme nommée Djaydâ; il avait eu d’elle Khattâb, qui, dans la suite, devint père du célèbre Omar. Peu après la naissance de Khattâb, Nawfal étant mort, son fils Amr avait épousé sa belle-mère Djaydâ, qui lui avait donné Zayd.
RENVOI : On voit par là que la différence d’âge entre Khattâb et son neveu Zayd devait être de deux ou trois années seulement.
SON OPPOSITION AUX QOREYCH ET A LEURS PRATIQUES
Il s’était détourné des idoles et Zayd manifesta son éloignement pour les superstitions païennes, de manière à choquer ses compatriotes. Un jour, zayd se trouva à un repas, au bas de la vallée de Baldah, près de la Mecque du côté ouest, au cours duquel se trouvait Mohammed. On présenta une table servie, mais Mohammed refusa d’en manger. Zayd, quant à lui, dit : « Je ne mange pas de ce que vous sacrifiez pour vos idoles, et je ne mange que ce sur quoi le nom d’Allah a été prononcé ». Il reprochait aux Quraychites leurs sacrifices et il leur disait : « Le mouton a été créé par Allah et c’est lui qui lui a fait descendre l’eau du ciel et fait sortir de l’herbe de la terre. Pourquoi l’égorgez-vous donc à un autre qu’Allah ? ». Il attestait l’unicité d’Allah et s’interdisait la chair des animaux morts naturellement. il exprima son aversion pour les idoles au travers de quelques vers de poésie :
« Un dieu ou mille adore-t-on ?
Ordre partagé quelle religion ?
Ecartés, Lât et ‘Ozza, totalement,
Tel en décide le ferme et le patient.
Ni ‘Ozza ni ses deux filles sont ma voie.
Ni les deux stèles des ‘Amrou, oraison.
Ni même Houbel, notre dieu autrefois,
Quand fragile, alors, était notre raison »
Un jour, alors qu’il était debout, le dos à la Kaaba, il dit : « Ô gens de Quraych, prenez garde à la fornication, car elle engendre la pauvreté ». Son attitude à l’égard des polythéistes suscita à son encontre leur colère et leur courroux. Il devint surtout en butte aux reproches et à la mauvaise humeur de son oncle Khattâb. Il voulut alors quitter la Mekke et aller parcourir les contrées étrangères, afin de consulter les sages. Mais ses tentatives pour s’échapper de son pays furent déjouées par Khattâb. Celui-ci avait chargé Safiya bint EI-Hadhrami, femme de Zayd, de surveiller son mari ; et chaque fois que Zayd faisait ses préparatifs pour fuir, Khattâb, averti par Safiya, s’opposait de force à son départ.
Ainsi retenu à la Mekke, Zayd se rendait tous les jours à la Kaaba, et priait Dieu de l’éclairer. On le voyait, le dos appuyé contre le mur du temple, se livrer à de pieuses méditations, dont il sortait en s’écriant : «Seigneur! Si je savais de quelle manière tu veux être servi et adoré, j’obéirais à ta volonté; mais je l’ignore». Ensuite il se prosternait, la face contre terre. Il se fit une religion à part, tâchant de se conformer à ce qu’il croie avoir été le culte suivi par Ibrahim. Il rendait hommage à l’unité de Dieu, attaquait publiquement les fausses divinités, et déclamait avec énergie contre toutes les pratiques superstitieuses. Un jour, il était en train d’observer le soleil et lorsque celui-ci déclinait, il se prosternait deux fois puis disait : « Telle était la direction d’Ibrahim et d’Ismaïl ; je n’adore pas de statue et je ne prie pas devant elle ; je ne mange pas ce qui est sacrifié pour elle et je ne m’adonne pas à la pratique des flèches de divination ; mais je prie devant cette maison sacrée jusqu’à ce que je meurs ». Il faisait le pèlerinage et allait à Arafat où il restait quelques temps. Il faisait la Talbiya en disant : « Je suis à toi, tu n’a aucun associé et aucun semblable », puis il revenait de Arafat en marchant et en disant : « Je viens à toi en pénitent et en adorateur ». Il s’efforçait aussi, dans les discours qu’il adressait à ses compatriotes, de leur inspirer de l’horreur pour un crime assez commun parmi les Arabes pauvres et chargés d’une nombreuse famille, qui enterraient quelquefois leurs filles vivantes au moment de leur naissance, pour s’épargner le soin de les nourrir et de les élever. Il leur disait : « Ne la tue pas ; donne-la moi que je l’adopte jusqu’à ce qu’elle soit grande ; ensuite, reprends-la si tu la désire ». Il prenait donc la fille et, une fois devenue adolescente, il disait à son père : « Si tu veux la reprendre, fais-le, et si tu veux la laisser, je m’occuperai d’elle ».
Oumayya ibn Abi Salt prédit à Zayd la venue d’un nouveau prophète en présence d’Abou Bakr
Abou Bakr était assis un jour devant la Kaaba et il vit Oumayya Ibn Abi Salt, surnommé Abou El-Hakem Etthaqfi issu de la tribu de Thaqif. C’était un grand poète à la Mecque et était chrétien. Il s’approcha de Zayd ibn Amrou et Oumayya lui demanda : « Ô quetteur du bien, l’as tu trouvé ? »
Zayd répondit : « Non»
Oumayya dit alors : « Le Prophète attendu sera issu de parmi nous ou de parmi vous »
N’ayant jamais entendu parler d’un Prophète attendu, Abû Bakr décida d’aller voir Waraqa Ibn Nawfal pour l’informer sur ce qu’il avait entendu car il connaissait les anciennes écritures du fait de sa conversion au christianisme, et pouvait le renseigner davantage sur ce prophète annoncé. Waraqah Ibn Nawfal était en train de scruter longuement le ciel et poussait des soupirs durant ces méditations et Abou Bakr l’interrompit et le questionna.
Waraqah lui repondit : « Oui mon frère, nous sommes les gens du Livre et des sciences, mais ce Prophète sera issu d’une tribu arabe ».
SA MISE EN QUARANTAINE SUR LA COLLINE DE HIRA
Khattàb craignit bientôt que les prédications de Zayd ne fissent impression sur ses auditeurs, et ne portassent atteinte au culte de l’idolatrie. Il prit alors le parti de faire sortir son neveu de la Mekke, et de le confiner sur le mont Hirâ. Là, Zayd vécut quelque temps comme prisonnier, sous la garde d’une troupe de jeunes gens payés par Khattàb pour l’insulter et le maltraiter s’il tentait de quitter cette retraite. Il ne pouvait entrer à la Mecque qu’à la nuit tombante et en cachette. Dès qu’il était découvert, il se faisait chasser de peur qu’il n’influence les gens avec ses paroles. Il proclama en exaltant sa sainteté contre ceux de son peuple qui l’on profané : « je ne m’en soucie pas, je suis du lieu sacré et non pas d’un lieu profane. Ma maison est au milieu de la ville sainte près de safa, et on ne s’y trompe pas ».
EVASION DE ZAYD DE LA MECQUE VERS LE NORD DE LA PENINSULE
Il parvint enfin à se soustraire à cette persécution. Il s’enfuit, et gagna l’Irak où Il séjourna d’abord à Moçoul, puis en divers endroits de la Mésopotamie, consultant partout les hommes voués aux études religieuses, dans l’espoir de retrouver la religion pure d’Abraham. Il passa ensuite en Syrie, erra longtemps d’un lieu à un autre, constamment occupé de sa recherche. Il continua sa route à la recherche des gens du premier livre, à savoir la religion d’Ibrahim.
SA RENCONTRE AVEC UN SAVANT JUIF, PUIS UN SAVANT CHRETIEN
Après avoir sillonné toute la presqu’île, il arriva en Syrie, où il demanda des nouvelles de gens qui connaissaient encore la religion d’Ibrahim. Il rencontra, alors, un érudit juif et l’interrogea sur sa religion en lui disant : « Je voudrais que tu me parles de ta religion, peut-être que je m’y convertirai ». Le savant juif lui répondit : « Tu ne pourras pas être dans notre religion avant d’avoir encouru ta part de la colère d’Allah ». Zayd lui dit : « Et que suis-je en train de faire sinon d’essayer d’échapper à la colère d’Allah ; d’ailleurs, je ne porte rien de la colère d’Allah et je ne supporterai pas votre religion. Peux-tu m’indiquer une autre religion que la tienne ? ». Il lui répondit : « je ne connais pas d’autre religion, à moins que tu ne veuilles devenir Hanif ». Zayd lui dit : « Et que signifie Hanif ? ». Il lui répondit : « C’est suivre la religion d’Ibrahim, car il n’était ni juif ni chrétien, et il n’adorait qu’Allah ».
Zayd continua sa route et rencontra un érudit parmi les chrétiens et lui répéta les mêmes propos sur sa quête d’une religion. Le savant chrétien lui répondit : « Tu ne pourras être dans notre religion qu’après avoir subi l’égarement d’Allah ». Zayd lui dit : « Et que suis-je en train de faire sinon d’essayer d’échapper à l’égarement d’Allah ; d’ailleurs, je ne porte rien de l’égarement d’Allah ni de sa colère, et je ne supporterai pas votre religion. Peux-tu m’indiquer une autre religion que la tienne ? ». Le savant chrétien lui répondit : « Je ne connais aucune autre religion, à moins que tu ne veuilles être Hanif ». Il lui dit : « Et que signifie être Hanif ? ». Il lui répondit : « C’est suivre la religion d’Ibrahim, car il n’était ni juif ni chrétien, mais il n’adorait qu’Allah ».
SA DECISION DE RETOURNER A LA MECQUE ET SA RENCONTRE AVEC AMR IBN RABI’A
Zayd le quitta, alors et, après avoir marché un peu, il leva ses mains au ciel et dit : « Mon dieu, je te prends à témoin, que je suis dans la religion d’Ibrahim ».
Par la suite, il se mit à étudier le judaïsme et le christianisme, et il s’en détourna. Il se trouvait toujours en Syrie lorsqu’il rencontra un moine dans un monastère. Il lui parla de son opposition au polythéisme de son peuple et de sa réticence envers les religions juives et chrétiennes. Le moine lui dit alors : « Je vois que tu cherches la religion d’Ibrahim, ô frère de la Mecque ! Tu cherches, à vrai dire, une religion qui n’a plus d’adepte aujourd’hui ; c’est la religion de ton père Ibrahim, qui était Hanif et n’était ni juif, ni chrétien ; il priait et se prosternait devant cette maison sacrée qui se trouve dans ton pays. La vérité se trouve dans ton pays, car Allah enverra, parmi ton peuple, celui qui restaurera la religion d’Ibrahim et cet homme là est l’homme le plus noble auprès d’Allah ». Il lui donna une description puis, il quitta ce moine et partit pour la Mecque.
Rencontre entre Zayd ibn Amrou et Amer ibn Rabi’a (naissance de Mohammed)
En route, il rencontra ‘Amer ibn Rabi’a qui lui dit : « J’attends un prophète, parmi les enfants d’Isma’ïl, parmi les Banou Abdel mouttalib ; je ne pense pas que je le rencontrerai, mais je crois en lui, j’atteste de sa sincérité et je témoigne qu’il est un prophète. Si tu arrives à le rencontrer, adresse-lui mon salut, et je te montrerai ses caractéristiques afin que tu puisses le reconnaître ». ‘Amer accepta de transmettre son salut et Zayd ajouta alors: « il n’est ni grand ni petit de taille ; ses cheveux ne sont ni fournis ni peu nombreux ; une tache rouge ne quitte pas ses yeux, et le sceau de la prophétie se trouve entre ses épaules< ; il s’appelle Ahmed et ce pays, la Mecque, sera son lieu de naissance et de son envoi, avant que son peuple ne l’en fasse sortir, en rejetant son message. Il émigrera alors à Yathrib où son message s’imposera. Fais attention à ne pas être trompé à son sujet, car j’ai parcouru toutes les régions à la recherche de la rekigion d’Ibrahim, et à chaque fois que j’ai interrogé des juifs, des chrétiens ou des mages, ils me disaient : « Cette religion viendra après toi ». Ils m’ont décrit ce prophète comme je viens de te le décrire en me disant : il ne reste aucun prophète, à part lui ».
Mort de Zayd ibn Amrou
Amrou quitta ‘Amer ibn Rabi’a et suivit sa route en direction du sud, mais arrivé dans le pays des Lakhm, des brigands se jetèrent sur lui et le tuèrent.
RENVOI : Amer ibn rabî’a dit : « lorsque je me suis converti à l’islam, j’ai transmis au prophète les paroles de Zayd ; il lui a rendu le salut, a invoqué pour lui la miséricorde d’Allah, puis m’a dit : « je l’ai vu dans le paradis en train de traîner les pans de ses vêtements ».
RENVOI : HADITH Sa’id in Zayd vint voir le prophète un jour et lui dit : « Ô Messager d’Allah, mon père était tel que tu vois et qu’il t’a été rapporté ; invoque Allah en sa faveur ». Le prophète lui répondit : « Oui, car il sera ressuscité, à lui seul, comme une communauté, le jour de la résurrection ».
Naissance de Zaynab bint Jahsh (592)
Naissance de Khalid ibn El Walid (592)
Naissance de Sa’d ibn Abi Waqqas (593)
A l’âge de 25 ans, Son travail pour le compte de Khadija Bint Khouwaïlid (595)
Mohammed continua de vivre avec son oncle Abou Tâlib en travaillant comme commerçant. Il était en rapport commercial avec un commerçant mecquois du nom de Qaïs ibn As-Sa’ib. En effet, Qaïs était très satisfait de Mohammed, car il n’avait jamais trouvé de meilleur partenaire. En effet, à chaque fois que Qaïs lui confiait quelque chose lors d’un voyage, Mohammed ne rentrait pas chez lui avant d’avoir réglé ses comptes avec lui. Mais, par contre, lorsque Mohammed lui confiait à son tour des marchandises lors de son voyage, à son retour, tous ses clients lui demandaient des nouvelles sur leurs propres affaires, mais Mohammed, lui, ne l’interrogeait seulement que sur sa santé et son bien-être. Mohammed devint connu à la Mecque comme homme de confiance et sa popularité arriva aux oreilles de Khadija, une riche commerçante, âgée de quarante ans, qui entendit parler de Mohammed, notamment de sa véridicité, de sa grande honnêteté et de la noblesse de son caractère. Khadija qui était de la parenté de Mohammed, de la tribu de Quraych. Elle était la fille de Khouwaïlid ibn Asad ibn Abd El-’Ozza ibn Qosay Ibn Kilab Ibn Mourra Ibn Ka’b Ibn Lu’ayy Ibn Ghâlib Ibn Fihr et de Fatima Bint Zâ’idah Ibn Al-Asamm Ibn Rawâhah Ibn Hajar Ibn ‘Abd Ibn Ma’îs Ibn ‘Amir Ibn Lu’ayy Ibn Ghâlib Ibn Fihr. Elle fut l’épouse de ‘Atîq Ibn ‘Aidh Ibn ‘Abdallâh Ibn ‘Amr Ibn Makhzûm duquel elle enfanta un garçon qui se prénomme ‘Abd Manâf et une fille qui se prénommait Hind. Elle épousa ensuite Hind Ibn Zurârah, à qui elle donna un fils qui s’appelait Hind également. il mourut de la peste, appelé « la peste de Bassora ». Elle lui donna deux autres fils : At-Tâhir et Hâlah. Son mari, lui laissa une fortune considérable. Grâce à cette fortune, elle faisait le commerce. Ses concitoyens l’appelaient Tajirah (marchande) et Tahirah (pure). C’est une femme noble et intelligente. Elle avait été mariée deux fois et avait eu des enfants de ses maris. D’après les coutumes, les enfants dont le père était décédé, étaient confiés aux parents du père. Mais de temps en temps, les enfants de Khadija venaient la visiter.
Elle engagea, donc, Mohammed et l’envoya avec un autre commerçant à la foire de Hubachah, qui se trouve au sud de la Mecque, à une distance de dix journées de chameaux, sur la route du Yémen. C’est une foire importante qui se déroule chaque année et qui dure trois jours. Comme elle était satisfaite de lui, elle continua de lui confié d’autres affaires et elle l’envoya notamment, à Jurach, au Yémen, au sud de Ta’if. A chaque fois, les affaires qu’elle lui confiait se déroulaient parfaitement bien et à chaque fois Khadija le récompensait par un chameau seul ou des fois avec en plus son chargement.
Puis, par la suite, il y eut une année de disette et Abou Tâlib essayait de trouver un moyen de s’en sortir financièrement. Il fut au courant que Khadija est sur le point d’envoyer une importante caravane pour la Syrie et dit au Mohammed : « La disette nous a frappés lourdement et ne pouvant me déplacer à cause ma vieillesse, va chez Khadija, qui connaît ton honnêteté et demande-lui de te confier quelque chose, comme elle le fait aux autres, pour que tu puisses voyager avec la caravane qui va partir pour la Syrie ; et tu pourras ainsi gagner quelque chose ». Mohammed s’exécuta et alla auprès de Khadija et lui demanda de l’engager dans cette caravane. Elle accepta et lui proposa même de prendre la responsabilité de cette caravane avec comme chef, Maïsara, un esclave affranchi qui est son homme de confiance et son serviteur, contre la meilleure rémunération qu’elle accordait jusqu’alors aux autres commerçants. Il accepta cette offre et se prépara donc à un voyage qu’il connaissait bien car ce fut son deuxième voyage pour le Cham. Il était également accompagné par Khouzayma, un parent de Khadija.
Durant le voyage, il y avait beaucoup de chaleur et chaque fois que le soleil devenait brûlant, un nuage venait abriter la tête de Mohammed. Parfois, c’était deux anges qui lui faisaient de l’ombre lorsqu’il était sur sa monture. Maïsara durant ce trajet, sculptait avec attention tous ces phénomènes.
Une fois la caravane arrivée près du territoire de la Syrie, la caravane fit halte près d’un ermitage habité par des moines. Mohammed se reposa à l’ombre d’un arbre. Pendant que Mohammed dormait, le soleil avec le temps se mit à tourner, éloignant ainsi l’ombre de l’arbre sur Mohammed. Alors l’arbre se courba, de sorte que ses branches s’étendirent pour faire de l’ombre au Mohammed. Dans l’ermitage, il y avait un moine qui s’appelait Nastura (Nestor) et qui assista à ce miracle sur Mohammed. Le moine sortit et se dirigea vers la caravane. Il demanda à voir le chef. On l’amena auprès de Maïsara et le moine lui dit : « Qui est cet homme à l’ombre de l’arbre ? ». Maïsara lui répondit : « c’est un de mes serviteurs. Le moine lui dit alors : « Garde-toi de le considérer comme un serviteur, il est le prophète de dieu, c’est le plus parfait de tous les êtres ».
Ensuite, la caravane arriva en Syrie. Les hommes y vendirent leurs marchandises. Avec cette vente, ils achetèrent des objets pour un dirham, qu’ils vendirent avec un profit de dix dirhams. Puis, la caravane prit le chemin du retour pour la Mecque.
Quand la caravane arriva à la Mecque, Khadija était chez elle, assise sur son balcon et voyait la caravane arrivée. Elle remarqua et fut étonné de voir Mohammed sur son chameau, au milieu des hommes, qui était abrité par un nuage du soleil brûlant.
Maïsara vint voir Khadija pour lui faire l’inventaire des ventes. Khadija très satisfaite des profits. Reconnaissante, elle accorda à Mohammed une double récompense de ce qu’elle avait conclu auparavant avec lui. Elle dit à Maïsara : « Ce jeune homme de la famille de Hachim m’a porté chance ; quand tu conduiras une autre caravane, prends-le avec toi ». Maïsara ne tarissait pas d’éloges sur Mohammed, qui l’avait traité avec beaucoup de gentillesse et il lui raconta alors les choses qu’il avait vu sur Mohammed et sa rencontre avec le moine et de ses paroles.
Le récit de Waraqa ibn Naufal
Khadija, intrigué par les dires de Maïsara, mis au courant son cousin Waraqa ibn Naufal ibn Asad ibn Abd El-‘Ozza ibn Qosay, un chrétien qui connaissait la science des livres sacrés, de ce que lui avait rapporté son esclave Maïsara au sujet des propos du moine et des anges qui protégeaient Mohammed du soleil. Waraqa lui répondit : « Si ce que tu dis est vrai, ô Khadija, Mohammed sera Mohammed de cette communauté, car cette communauté possède un Mohammed attendu, et je crois que l’heure de son avènement est arrivé ». Et il récita un long poème à ce sujet.
Khadija souhaite épouser Mohammed
Deux mois se sont écoulés depuis son voyage au Cham, Mohammed et Khadija, suite à leur entente dans le travail, tissèrent des liens d’amitié et Mohammed lui rendait visite de temps en temps.
Khadija ressentait un attachement cordial envers lui et l’appelait souvent chez elle sous prétexte d’affaires. Elle lui offrait de plus en plus de cadeaux, de fruits de saison et d’autres présents. Mohammed, en sa présence, tenait toujours les yeux baissés, par pudeur et timidité.
Khadija fut finalement épris de Mohammed et hésita longtemps avant de se décider. Elle finit par se confier à une amie à elle, Nufaisah Bint Muniyah. Elle lui dit que Mohammed lui plaisait beaucoup et qu’elle avait l’intention de l’épouser. Elle lui demanda de consulter Mohammed sur cette affaire. Nufaisah, qui n’était pas une noble, pouvait facilement parler à un homme dans les rues de la ville, que ne pouvait le faire une femme distinguée comme Khadija.
Nufaisah trouva un jour l’occasion de parler à Mohammed dans l’intimité et elle lui dit : « Tu es maintenant assez âgé ; tu es de bonne famille et tu es réputé pour ton bon caractère, pourquoi donc ne te marie-tu pas ? Tu dois facilement trouver une fille convenable ». Mohammed lui répondit qu’il n’avait pas les moyens d’entretenir un foyer. Elle lui dit : « Mais si tu en trouves une qui soit riche en même temps que belle et de bonne famille ? ». Tout étonné, il lui demanda : « Qui peut-elle être ? ». Nufaisah répondit : « Khadija ». Mohammed lui dit : « Impossible qu’elle m’accepte, tous les riches de la ville l’ont demandé en mariage te n’a fait que refuser ». Nufaisah lui dit : « Si la proposition te plaît, confie-moi cette affaire et je lui parlerai ». Mohammed comprit que Nufaisah fut envoyé auprès de lui pour le consulter.
Elle fit venir Mohammed et lui dit : « Tu sais que je suis une femme considérée et que je n’ai pas besoin d’un mari ; j’ai refusé tous les hommes importants qui m’ont demandé en mariage. Mais j’ai beaucoup de biens qui se perdent, et j’ai besoin d’un surveillant. Je suis bien disposée à ton égard étant donné nos liens de parenté, la place d’honneur que tu occupes parmi les tiens, ton honnêteté, la noblesse de ton caractère et la véridicité de ta parole ». Puis, elle lui proposa de l’épouser et il accepta ; elle lui dit alors : « Va trouver ton oncle Abou Tâlib et dis-lui qu’il me demande pour toi à mon oncle ».
La demande officielle en mariage
Mohammed retourna chez lui et en parla à ses oncles de cette heureuse nouvelle et ils acceptèrent surtout Abou Tâlib qui était très heureux. Khadija de son côté en informa son cousin Waraqa qui fut lui aussi heureux pour elle. Elle ne tarda pas à fixer une date pour la demande officielle. Lorsque le jour arriva, Mohammed, accompagné de son oncle Abou Tâlib et d’autres proches, se rendit à la maison de Khadija.
Elle avait à ses côtés, Waraqa et surtout son oncle, Amr ibn Asad, qui devait donner son consentement au mariage car son père Khouwaïlid, était mort à la guerre des Foudjars. On notait également la présence de tout les Baní Hachim et des chefs de Moudar.
RENVOI : D’après Ibn ‘Abbâs et ‘Aicha c’est ‘Amr Ibn Asad qui accorda la main de Khadija au Messager d’Allah car Khouwaïlid avait péri dans la guerre des Foudjars.
Amr n’était pas au courant de la cérémonie, Khadija ne l’ayant pas informé, craignant ses objections dus au rang et à la pauvreté de Mohammed. Elle l’avait donc invité, comme d’autres membres de sa famille, sans lui préciser le véritable objet de la réunion. Les deux parties s’était arrangé auparavant, de la manière d’annoncer à Amr la demande en mariage. Abou Tâlib attendait le signal de Khadija pour prendre la parole comme il était coutume. Ils mangèrent et burent et Khadija était très attentive à la boisson de son oncle car il aimait le vin. Elle versait du vin en grande quantité pour son oncle et une petite quantité pour Abou Tâlib. Quand à Mohammed, il ne bu pas de vin comme il n’en avait jamais bu auparavant.
Lorsque la boisson monta à la tête d’Amr et devint joyeux, Khadija le couvrit d’un beau manteau et le parfuma avec du Khaluq (Parfum préparé avec du Safran). Elle fit un signal à Abou Tâlib, qui se leva, et selon l’usage, Il fit la demande en mariage et demanda l’approbation du chef de famille de la femme. Ensuite, il fit un discours dans lequel, il dit : « “Mohammad n’a pas d’égal parmi la jeunesse de Quraych tant sur le plan de la noblesse que du mérite et de la sagesse. Si du point de vue de la fortune il est modestement doté, la fortune telle l’ombre ne perdure jamais. Il désire épouser Khadija et elle lui échange ce sentiment ». Waraqa se leva, appuya la proposition et dit : « Mohammed est comme un chameau de race, qui n’a pas besoin d’être bâtonné sur le nez pour s’asseoir.
Amr abusé par la boisson, ne bougea pas et il fut admis que son silence signifiait l’approbation. Ils se félicitèrent les uns aux autres, au milieu des acclamations et on les invités jetèrent des dattes sèches et du sucre qu’on avait auparavant, par coutume, jeté sur la tête de Mohammed. La cérémonie se termina là et tout le monde rentra chez lui. Le soir venu, Amr se réveilla et, étonné de son habit et d’être parfumé, dit : « d’où viennent les parfums, les fumées odorantes, les habits d’honneur et la musique ? ». Khadija lui répondit : « Mais c’est toi qui m’as marié aujourd’hui avec Mohammed, fils de Abdallah, devant les notables de la ville ». Ils se disputèrent vivement et Amr dit : « j’irai aujourd’hui dans l’assemblée des Quraychites, au temple de la Ka’ba, et je me dédirai ; j’intenterai un procès à Abou Tâlib et je querellerai Mohammed, afin qu’il te répudie ». Khadija lui dit : « Ne le fais pas, tu me déshonorerais ; si ce n’est pas une honte de séparer une femme de son mari, il est déshonorant pour elle de le quitter de sitôt. Je suis une femme considérée ; personne ne me soupçonne de rien, et l’on sait que je n’ai pas de passion pour Mohammed ; on dira donc que tu as conclu cette affaire avec Abou Tâlib, par amitié pour lui. Mais si tu en fais un litige, on causera sur moi, et cela sera fâcheux pour moi ». Amr répliqua : « les personnages les plus important de la Mecque t’ont demandée en mariage, et ton père les a tous refusé, et je t’accorderais maintenant à un homme pauvre ! que dira-t-on ? ». Khadija répondit : « On sait que je n’ai pas besoin de la fortune d’un autre ; ce qu’il faut, c’est que j’épouse un homme qui soit mon égal. Or, Mohammed est mon égal dans la famille des Quraychites ; il a une bonne réputation parmi les hommes, il est connu pour sa probité et son honnêteté ; personne ne le soupçonne d’aucun des vices dont on accuse d’ordinaire les jeunes gens. Plus tu considéreras cette affaire, plus elle te semblera acceptable ». Amr, voyant que Khadija ne voulait rein céder, se tut et accepta cette décision.
A l’âge de 25 ans, le mariage et Mohammed quitte Abou Tâlib pour s’installer chez Khadija (595)
Après qu’Amr eut accepté le mariage, les deux parties se rencontrèrent pour fixer la dot. Ils la fixèrent à vingt jeunes chamelles. Comme il était de coutume, à l’arrivée de l’épouse à la maison, l’époux fête le mariage à son tour. Près de deux cents invités se rassemblèrent chez Abou Tâlib et on fit servir deux chameaux entiers. Après ces festivités, Mohammed resta encore quelques jours chez Abou Tâlib puis, il quitta son oncle pour s’installer chez Khadija. Leur vie conjugale était simple et vivaient heureux. Parfois ils recevaient la visite du fils de Khadija, Hind. Ce dernier aimait beaucoup Mohammed, car il le traitait avec beaucoup de gentillesse.
Halima de son côté fut très heureuse de son mariage avec Khadija et après son mariage, elle vint voir Mohammed. Avant de rentrer chez elle, Khadija lui offrit plusieurs chamelles. Elle rentra chez elle pleine de gratitude envers sa belle-fille.
Mohammed ne touchait pas à l’argent de Khadija mais il gagnait assez pour entretenir sa famille. En effet, Il est de coutume chez les mecquois, que les biens de la femme ne devenaient point au mariage les biens du mari, mais la propriété restait acquise à la femme. Mohammed s’occupait, donc, à la fois du commerce de sa femme et également du commerce pour son propre compte. Tous les habitants de la Mecque reconnaissaient son influence et sa droiture. Quiconque avait un dépôt à placer le lui apportait, et tous ceux qui avait un litige ensemble, venaient le soumettre à Mohammed. Tout le monde s’accordait à dire, et c’était l’opinion générale, que lorsque Abou Tâlib viendrait à mourir, il n’y aurait pas d’homme plus digne que Mohammed d’exercer le gouvernement de la Mecque.
Naissance de Zoubeyr ibn El Awwam (596)
L’adoption de Zayd ibn Haritha ( 596)
Sou’da bint Tha’laba de la tribu de Tay avait épousé Haritha ibn Charahil de la tribu Qouda’ite, Kalb ibn wabara, dans laquelle ils vivaient. De cette union était né Zayd ibn Haritha.
Quand il eut atteint l’âge de huit ans, sa mère partit un jour avec son fils pour que celui-ci visite la famille de sa mère, les Banou Ma’n du clan de Tay. Sur le chemin, un groupe de chevaliers appartenant à Banou Al Qayn (Branche des Qouda’a), les attaqua et s’emparèrent de Zayd et le vendirent ensuite comme esclave dans l’une des foires arabes, celle de Hubachah (Yemen). Zayd fut semble-t-il revendu deux ou trois fois avant de se retrouver en Syrie. Quelques temps plus tard, Hakim ibn Hizam, l’y acheta et l’emmena à la Mecque. Hakim, qui était un neveu de Khadija, ramena aussi plusieurs autres jeunes esclaves. Sa tante étant venue lui rendre visite à son retour, il lui dit : « Tante, regarde ces esclaves et choisis celui que tu veux ». elle choisit Zayd et le ramena chez elle. Mohammed apprécia Zayd dès qu’il le vit et demanda à Khadija de le lui donner : elle accepta volontiers. Le père de Zayd était très affecté de sa perte et ne pouvait l’oublier car il savait que son fils avait surement été vendu comme esclave. Comme c’était la coutume des arabes, il exprima sa peine dans des vers émouvants :
« La question me tourmente, ne reviendra-tu jamais ? Alors mon plus cher vœu se réaliserait.
Le soleil qui se lève me fait souvenir de lui, son souvenir revient lorsque tombe la nuit.
Lorsque souffle le vent, je pense encore à lui. Bien long est mon chagrin, bien mince est mon espoir ».
Haritha, son père, l’avait checher en vain, et jamais Zayd n’avait rencontrer de voyageur venu de Kalb à qui il aurait pu confier un message à ses parents. Haritha esperait à travers ces vers que son fils entendent son message car réciter des vers comme ceux-là dans les rassemblements et les foires était le meilleur moyen de faire circuler les informations en arabie à l’époque. Les voyageurs retenaient les vers et les déclamaient probablement sur la route. Lorsqu’ils faisaient halte quelque part, c’était par la récitation de ces vers que les nouvelles étaient transmises.
A l’âge de 26 ans, Naissance de Qasim, fils de Mohammed (596)
Khadija lui donna le nom d’un de ses ancêtres ‘Abd al-‘Ozza (adorateur de la déesse al-‘Ozza). Mais comme Mohammed n’aimait pas de tels noms, il le fit changer en Qasim (Celui qui distribue, surtout la charité). Il mourut en nourrice, alors qu’il commençait à peine à marcher.
A l’âge de 30 ans, Naissance de Zineb, fille de Mohammed et de Ali ibn Abi Tâlib (600)
A l’âge de 30 ans, Naissance de Zineb, fille de Mohammed et de Ali ibn Abi Tâlib (600)
A l’âge de 33 ans, Naissance de Roqaya, fille de Mohammed (603)
Les retrouvailles de Zayd et de son père (603)
Zayd ayant eut connaissance des vers composé par son père, Zayd eut enfin l’occasion d’y répondre lorsqu’il vit un groupe d’hommes et de femmes de sa tribu et de son clan dans les rues de la Mecque venus faire le pélerinage. Il avait intensément une telle rencontre et voici qu’au moment où elle se présentait, elle le mettait dans un dilème. Il ne pouvait pas délibérement laisser sa famille ignorer où il se trouvait. Mais quel message pouvait-il envoyer aux siens ? Quelle qu’en fut la substance, il savait, en vrai fils du desert, que seul un poème serait adequat en cette circonstance. Il composa donc quelques vers qui exprimait en parit son état d’âme mais qui, implicitement, en disait beaucoup plus encore. Puis il aborda les pélerins Kalbites et, après leur avoir révélé son identité, il leur dit : « Transmettez ces vers à ma famille, car je sais combien ils m’on pleuré ». et il récita :
« Bien que moi je demeure au loin, porte ces mots
Jusqu’à mon peuple : auprès de la saint demeure
J’habite dans les lieux que dieu a sancitfié.
Laisser donc les chagrins qui vous ont tourmentés
Et ne fatigué pas vos chameaux à parcourir pour moi la terre ;
Car, louange à dieu, je sius dans la meilleur
Des nobles familles, celle dont tout le lignage est auguste. »
A peine les pélerins étaient-ils rentrés chez eux avec ses nouvelles que Hartha se mit en route pour la mecque avec son frère Ka’b. Ayant été trouvé Mohammed, ils le prièrent de leur laisser racheter Zayd, quels que soit le prix demandé. « Laissons le choisir, dit Mohammed, et s’il choisit d’aller avec vous, ils vous appartiendra sans aucune rançon ; s’il me choisit, je ne suis pas homme à placer qui que ce soit au-dessus de celui qui m’a choisit ». il appela alors Zayd et lui demanda s’il connaissait les deux hommes. « Celui-ci est mon père, dit le jeune homme, et celui-là, mon oncle ». « Moi tu me connais, dit Mohammed, et tu as eprouvé ce qu’est ma compagnie ; choisi donc entre eux et moi ». Or, le choix de Zayd était fait et il répondit sur le champ : « Je ne saurais donner à nul homme la préférence sur toi. Tu es pour moi comme mon père et ma mère ».
« Comment peux-tu, Ô Zayd ? » s’écrièrent les hommes de Kalb. « Vas-tu préférer l’esclavage à la liberté ainsi qu’à ton père, à ton oncle et à toute ta famille ? ». « il en sera ainsi, dit Zayd, car j’ai vu, venant de cet homme, des choses telles que jamais je ne pourrais choisir quiconque au –dessus de lui ».
Mohammed coupa court à toute nouvelles discutions et demanda aux hommes de se rendre avec lui à la Kaaba. Là, se tenant debout dans le Hijr, il proclama d’une voix forte : « Ô vous tous qui êtes présents, soyez témoins que Zayd est mon fils : Je suis son héritier et il est le miens ». c’était la formule officiel d’adoption telle qu’elle «était pratiquer alors en arabie. Le père de Zayd fut satisfait de l’issu de sa mission, car il était certains que Zayd ne subirait aucun mal en compagnie de Mohammed. En effet ce qu’ils avaient à relater à leur tribu au sujet de la profonde afection mutuelle qu avait suciter cette adoption ne manquait pas de grandeur. A daté de ce jour, le nouvel Hachimite fut connu à la Mecque sous le nom de Zayd ibn Mohammed.
Mariage d’Abou Bakr avec Qutaylah Bint Abd El-Ozza (603-604)
Abu Bakr épousa Qutaylah Bint `Abd Al-`Uzzâ qui lui donnera deux enfants, Asmâ’ Bint Abî Bakr et `Abd Allâh Ibn Abî Bakr. Il épousa ensuite une femme de nom d’Umm Rûmân, qui lui donna un fils, ’Abd Ar-Rahmân, et surtout une fille du nom d’Aisha, qui sera appelée à être la seconde épouse du prophète de Dieu (PBSL), et qui gardera par la suite le surnom de « mère des croyants ».
Naissance d’Asma bint Abou Bakr (604)
A l’âge de 34 ans, Naissance d’Oum Kelthoum, fille de Mohammed (604)
A l’âge de 35 ans, Naissance de Fatima, fille de Mohammed (605)
Les cercles des idolatres à la Mecque
Il y avait à la Mecque une tradition qui consistait à faire des cercles auprès des grands personnages de la Mecque. Les cercles les plus populaires étaient ceux d’Abou Tâlib, d’Abou Jahl, de Walid ibn Moghaïra et d’Abou Bakr.
Ceux qui entraient à la mosquée faisaient d’abord le Tawaf, adoraient une des idoles qui se trouvaient dans le temple, et venaient ensuite choisir une place dans un des cercles des grands personnages. Les discours consistaient à donner des conseils et à valoriser telles ou telles idoles.
EN effet, Il y avait dans la mosquée trois cent soixante idoles, outre celles qui se trouvaient dans la Ka’ba, Houbel et Manâf, et d’autres. Cela correspondait à chaque jour de l’année lunaire qui comporte 360 jours.
Le cercle d’Abou Bakr dénué de toute idolatrie
Quand Abou Bakr se tenait dans la mosquée, les hommes, jeunes et vieux, l’entouraient. Il leur parlait, et l’écoutaient et lui demandaient des conseils. Il n’était pas question dans ce regroupement, d’évoquer ou de faire l’apologie de l’adoration des idoles. En effet, Abou Bakr n’était pas idolatre.
Un jour, un homme parmi les gens de son cercle lui dit : « Ne voudrais-tu donc pas te prosterner devant Al-Lât et Al-Ozza ? ».
Abû Bakr répondit: « Qui sont-elles ? ».
On lui répondit dans l’assemblée : « Les filles d’Allâh ! ».
Abou Bakr s’exclama : « Qui est donc leur mère ? ».
Abou Bakr savait trouver les mots juste pour expliquer aux gens ses convictions. C’était un homme très apprécié des Quraychites, un homme d’autorité, honnête et riche qui était notamment un expert dans le domaine du commerce. Il était d’une grande vertu et n’avait jamais bu une goutte d’alcool, chose vraiment paradoxale dans une société où tous les membres étaient des épicuriens nés.
Abou Bakr s’abstenait de boire de l’alcool, parce qu’il voulait préserver mon honneur, et protéger sa réputation. Il estimait, en effet, que celui qui s’adonne à l’alcool ne fait attention ni à son honneur, ni à sa dignité.
Sa réputation d’honnete homme, loyal, sage et integre, s’imposa à ses concitoyens. La tribu de Quraych l’avait même choisi pour la représenter dans les discussions lors des conflits tribaux où il y avait mort d’hommes. Ces discussions servaitent à fixer le prix du sang. Il est evident que pour être designé à tenir ce rôle là, il fallait avoir fait ses preuves en matière de sagesse et de maturité. Figure d’une grande noblesse, il était très généreux envers les pauvres et les necessiteux. Toutes ces qualités ne pouvaient que succités l’estime et la simpathies des gens de bons caractères et de bonnes moralités que connaissait alors la Mecque. Parmi ceux-ci, il y avait bien sur Mohammed qui était toujours présent au cercle de son ami Abou Bakr quand il venait à la mosquée et il causait avec lui de ses affaires. Lorsque Mohammed entrait au temple, il faisait le Tawaf et allait ensuite s’asseoir auprès d’Abou Bakr.
On avait en Abou Bakr, cette confiance et cette proximité avec les gens au point qu’il était tellement apprécié, que son cercle était le plus populaire et le plus grand à la Mecque.
Mohammed et Abou Bakr aimait être ensemble et se visitait très fréquement. Il discutait beaucoup ensemble et s’entendait sur de nombreux point. Notamment celui de la croyance aux idoles, si bien qu’un jour, Abou Bakr lui demanda en secret : « Pourquoi, O Mohammed, n’adores-tu pas les idoles, comme font tous les autres ? ».
Mohammed lui répondit : « Je ne peux pas me faire à la pensée d’adorer un objet que j’aurais gravé moi-même ou une image que j’aurais faite de mes mains, puisque je sais qu’il ne m’en peut venir ni dommage, ni avantage, et que c’est Allah qui m’a crée et qui me conserve et me donne ma subsistance ».
Abou Bakr répliqua : « Tu as raison, Ô Mohammed, la même idée s’est présentée à mon esprit ; je ne sais pas quelle est cette religion dans laquelle nous vivons et dans laquelle vivaient nos pères depuis tant d’années ».
Les deux amis se lançaient ensuite dans des méditations personnelles et ils cherchaient des réponses à leurs questions.
La volonté de OTHMAN IBN ELHOUWAIRITH de gouverner la Mecque, puis sa mort (605)
Profitant de son haut rang, Othman demanda au roi de le charger des affaires de La Mecque et il accepta, voulant ainsi faire de lui le prochain roi de La Mecque. Othman se rendit donc à La Mecque et informa ses habitants de la décision du roi mais ces derniers, dont Mohammed faisait partie, refusèrent de se soumettre à un roi disant : « Les mecquois sont un peuple fier, qui ne se place jamais sous l’autorité d’un roi. » N’ayant pu atteindre son but, Othman revint auprès du roi et l’informa du mauvais comportement des Quraychites. Alors le roi envoya un message à Amr Ibn Djefna, le maître des arabes de Ghassan, la tribu qui vivait en Syrie sous la domination de l’empire byzantin, dans lequel il lui demandait d’envoyer une armée avec Othman pour combattre les Quraychites idôlatres. Ibn Djefna s’apprèta à mobiliser une armée lorsque les bédouins des environs lui envoyèrent un message lui déconseillant de faire cela suite à ce qui était arrivé à Abraha lorqu’il voulut attaquer la Mecque. Ibn Djefna annula donc son entreprise et comme punition il offrit une chemise empoisonnée à Othman qui mourut de son poison.
A l’âge de 35 ans, la troisième reconstruction de la Kaaba (605)
La decision de la reconstruction de la Kaaba
Un jour, les Quraychites se réunirent dans Dar An-Nadwa. Leur réunion avait pour objet la restauration des murs de la Kaaba qui menaçaient de s’effondrer suite à un torrent qui avait auparavant déferlé sur elle.
RENVOI : Dans une autre version, il est rapporté que la Kaaba s’était enflammée à cause du parfum qu’une femme avait l’habitude de mettre sur le tissu qui la recouvrait.
En effet, depuis de longues années on avait l’intention de la démolir, pour exhausser le sol, afin d’empêcher l’eau de pénétrer dans l’édifice; jusqu’alors personne n’avait osé y porter la main, se remémorant l’épisode de l’éléphant. Les Qorayshites étaient divisés en quatre grandes tribus : les Bani-Hâschim, les Bani-Omayya, les Bani-Zohra et les Bani-Makhzoum. On attribua à chacune de ces quatre tribus, auxquelles on adjoignit les autres habitants de la Mecque, la démolition de l’un des quatre côtés de l’édifice; les Bani Joumah et les Bani Sahm furent chargés de la réparation du toit. Aussi, ils avaient décidé de ne pas accepter de fonds illicites pour financer la construction (argent émanant de la prostitution, ou des transactions à base d’intérêts etc.).
La mise en œuvre
On convint d’un commun accord de commencer la démolition tous, en même temps, afin que, si Dieu punissait l’entreprise, le châtiment frappât tout le monde également. Alors ils vinrent un jour, puis le jour suivant, ensuite le troisième et le quatrième jour, munis de pioches, se tenant à distance du temple, et personne n’osait commencer, se remémorant l’épisode de l’éléphant. Le cinquième jour, “Walîd, fils de Moghaïra, le doyen d’âge des Bani Makhzoum, s’approcha et dit : « O hommes, il ne fallait pas prendre cette résolution. Mais maintenant que vous l’avez prise, il faut la mettre à exécution. Dieu connaît nos intentions relativement à ce temple ». Les autres lui répondirent : « Tu es le plus âgé; commence toi-même ». Walîd, aidé par ses fils prit l’initiative de frapper la Kaaba et il saisit sa pioche, s’approcha du mur de l’édifice, du côté qui avait été assigné aux Bani Makhzoum, et dit : « O Seigneur, tu sais que notre intention, dans cette œuvre de destruction, est la reconstruction de ce temple, que nous voulons rebâtir plus solidement qu’il n’est à présent ». Ensuite il attaqua avec sa pioche un coin du mur, et pratiqua de ce côté une large ouverture. Les autres le regardèrent de loin, et aucun d’eux n’osa s’approcher. Puis Walîd s’en alla; tous les autres s’en retournèrent également, en disant : Si, cette nuit, il n’arrive à Walîd aucun accident, nous nous mettrons tous, demain, à démolir. La nuit s’étant bien passée pour Walîd, ils revinrent le lendemain, et chacun se mit à attaquer son côté, et la démolition fut achevée jusqu’au ras du sol; ils continuèrent au-dessous du sol, jusqu’à la profondeur de la mesure d’un homme. Alors ils rencontrèrent une pierre verte, qui résistait à l’action du fer; elle formait le fondement du temple.
RENVOI : « Et lorsque Abraham et Ismaël eurent élevé les fondations de la maison… ». (S2 ; V121).
L’un d’eux voulut en extirper une mais une lumière jaillit jusqu’à presque l’aveugler.
Ils comprirent qu’ils ne devaient pas déblayer davantage.
Dès lors, ils entassèrent immédiatement au-dessus de ces fondations, des pierres et élevèrent ces soubassements au-dessus du soi, à la hauteur d’un homme; ensuite ils commencèrent la maçonnerie. De cette façon, ils étaient sûrs que l’eau des torrents qui viendrait assaillir les murs ne pourrait plus les endommager. Mohammed participa également à la construction et il transportait avec Al’ Abbâs des pierres pour la reconstruction de la Ka’ba sans, contrairement aux autres, protéger son épaule. Son oncle El Abbas lui conseilla de relever le pan de son izar de manière à recouvrir son épaule et ainsi amortir la pierre qu’il portait.
En relevant son izar, sa nudité se découvrit, Il aleyhi salat wa salam en fut très affecté au point d’en tomber à terre. Il fixa ses yeux vers le ciel; puis se leva en s’écriant : “Mon izâr! Mon izâr”. Il le remit ensuite autour de ses reins.
RENVOI : il ne découvrit jamais sa nudité contrairement aux gens de son époque qui ne ressentait aucune gêne à cela. Les pèlerins, à qui on interdisait d’accomplir le tawaf avec leurs propres vêtements, n’hésitaient pas à le faire nus quand ils n’avaient pas de quoi acheter les vêtements des qoraichites. Cette pratique dura jusqu’à la neuvième année de l’hégire quand Allah révéla son interdiction.
Le bateau échoué
Les Quraychites avaient l’habitude de dresser leurs constructions avec l’argile et non avec le bois qu’ils ne possédaient d’ailleurs pas dans le désert.
Mais, entre temps, le Nedjâschî, le roi d’Abyssinie, désirait faire construire, à Antioche en Syrie, une église qui porterait son nom. A cet effet, ayant envoyé une personne pour évaluer les dépenses nécessaires et le bois qu’il faudrait, il rassembla tout le bois de petite et de grande dimension, coupé et préparé pour être mis en œuvre, le fit charger sur un grand vaisseau, y fit ajouter un surplus de bois, et fit monter sur le vaisseau d’habiles charpentiers et un inspecteur, avec l’argent nécessaire aux dépenses. Il les fit donc partir pour la Syrie, afin d’y construire l’église. Il y avait en Syrie quantité de bois, mais le roi d’Abyssinie voulait y employer son propre bois, suivant un de ces caprices habituels aux rois. Ce vaisseau, passant près de Djeddah, échoua; le bois surnagea, les gens du vaisseau s’y placèrent, et le vent les porta à Djeddah, où ils abordèrent. Ils recueillirent et portèrent à terre tout le bois qui flottait à la surface de la mer. Ensuite l’inspecteur et les autres délibérèrent sur ce qu’ils devaient faire. Les uns disaient : Nous sommes charpentiers, nous avons ici assez de bois pour construire un autre vaisseau et pour porter le reste en Syrie. Les autres disaient : [Cette petite quantité] ne serait pas digne du roi; nous allons louer un autre vaisseau, par lequel nous nous ferons transporter. L’inspecteur dit : Je n’ose rien faire sans demander l’autorisation du roi; je vais lui écrire; nous attendrons ici ses ordres.
Lorsque les habitants de la Mecque eurent connaissance de cet événement, Abou-Tâlib et les anciens de la ville se rendirent à Djeddah, et demandèrent à l’inspecteur de lui acheter ce bois au prix qu’il voudrait. Ils lui dirent ; Vends-nous ce bois, et prête-nous ces charpentiers pour un salaire que tu fixeras; car nous sommes en train de reconstruire le temple de la Ka’ba, ce temple qui a été élevé à Dieu par Abraham. L’inspecteur répondit : Attendez que je demande les ordres du roi. Il loua un vaisseau, envoya un messager avec une lettre au Nedjâschî, lui raconta ce qui lui était arrivé, la perte du vaisseau, et lui demanda s’il devait revenir ou aller en Syrie. A la fin de la lettre, il mentionna la proposition des habitants de la Mecque. Le Nedjâschi écrivit à l’inspecteur : Je donne tout ce bois au temple de la Ka’ba. Rends-toi à la Mecque avec les charpentiers, fais construire ce temple, et emploie l’argent que tu as avec toi aux dépenses de la construction. L’inspecteur fit ainsi; ensuite il s’en retourna.
La reprise de la construction
Les Quraychites continuèrent, ainsi la construction de la Kaaba et Ils élevèrent les quatre murs à leur hauteur primitive, formés chacun d’une seule pierre, et ces pierres furent adaptées les unes aux autres, de même que le toit. Ensuite ils fixèrent la porte, la même porte de fer, couverte de plaques d’or, qui avait été fabriquée par ‘Abd El-Mouttalib, et qui existe encore aujourd’hui.
Jusqu’alors la Kaaba était suffisamment large pour contenir le hijr (l’arc) et elle possédait deux portes à même la terre. Les qoreish, n’acceptant que les fonds licites, n’eurent pas assez d’argent pour reconstruire la Kaaba aussi grande qu’elle ne l’était et durent faire sortir le Hijr.
Hadith rapporté par ‘Aicha :
” L’Envoyé d’Allah m’a dit : ” Si ton peuple ne venait pas récemment de quitter le polythéisme, j’aurais détruit la Ka’ba et l’aurais reconstruite sur les fondements (de celle bâtie) par Abraham (‘Ibrahim), car quand les Quraychites avaient bâti la Maison, ils avaient réduit ses dimensions, et j’aurais également fait une porte par derrière”. (Rapporté par Mouslim n°2367), elle dit aussi : « J’ai demandé au prophète si l’enceinte (l’arc) faisait partie de la Maison ? » – « Oui » me répondit-il – «Pourquoi ne l’ont-ils pas intégré dans la Maison ?» – « C’est parce qu’ils furent à cours de dépenses “. (Rapporté par al-Boukhari, 1584 et par Mouslim, 1333).
La dispute au sujet de la pierre noire
Au moment où l’on devait poser la pierre Noire à l’endroit où elle était placée auparavant, les quatre tribus Quraychites, les Benî-Hâschim, les Benî-Omayya, les Benî-Zohra et les Benî-Makhzoum, se disputèrent l’honneur de la poser. Chaque tribu et chaque parti prétendait y avoir plus de droits que les autres, alléguant sa plus grande noblesse, sa puissance ou sa gloire parmi les Arabes. Alors les anciens des quatre sections se réunirent en assemblée à la mosquée; la pierre Noire était placée devant eux. Chaque parti faisait valoir sa gloire et celle de ses ancêtres. Les uns disaient : Nos ancêtres ont combattu à telle journée, dans telle guerre, à telle époque : notre noblesse a la prééminence. Les autres alléguaient leur noblesse et celle de leur famille et leur origine. Ces discours se prolongèrent pendant quatre ou cinq jours. Les anciens se réunissaient et se séparaient chaque jour, en tenant le même langage, et s’accusaient entre eux de mensonge; ils s’injuriaient et lançaient les uns contre les autres les pierres du temple. Cette lutte durant toujours, ils allaient en venir à se combattre à l’image de Banu Abdeddar, responsable de la hijaba, qui amena une bassine remplie de sang, y trempèrent leurs mains et jurèrent de faire couler le sang s’ils n’obtenaient pas ce droit.
Arbitrage de Mohammed
Dans cette crainte,- les anciens s’étant réunis un jour, Walîd, fils de Moghaïra, le doyen d’âge, les exhorta à cesser cette contestation pour éviter la guerre civile, et il leur dit : Convenons entre nous de prendre pour arbitre le premier homme qui entrera dans le temple, et de nous soumettre à sa décision pour savoir qui posera cette pierre. Tous consentirent et s’engagèrent par serment. Ils étaient encore à parler lorsque Mohammed fit son apparition portant sur lui un habit de Namira. RENVOI : Dans une autre version, c’est Abou Omayya ibn Moghaïra, le doyen respecté de Quraych, qui leur proposa une solution qui consistait à désigner comme arbitre le prochain homme qui entrerait par la porte de Bani Chaîba.
Ils s’écrièrent : C’est Mohammed al-Amin qui vient, nous acceptons son arbitrage. Mohammed prit place parmi eux, et ils lui firent part de leur convention, en lui disant : Nous accepterons ta décision : tu désigneras celui qui aura l’honneur de poser à sa place la pierre Noire. Mohammed ôta de ses épaules son manteau, l’étendit par terre, plaça la pierre au milieu de ce vêtement et dit : Que chacun des quatre partis saisisse un coin du manteau et l’élève à la hauteur du mur du temple vous tous participerez ainsi à l’honneur.
RENVOI : dans une autre version, il s’agit d’un drap.
Fort heureux de voir cesser leur lutte, les quatre partis, les Bani Hâschim, les Bani Omayya, les Bani Makhzoum et les Bani Zohra, saisirent chacun un coin du manteau et le soulevèrent, avec la pierre posée au milieu, jusqu’à la hauteur du mur. Ensuite ils dirent : Qui prendra maintenant la pierre pour la poser à la place où elle doit être sur le mur? Mohammed dit : Maintenant que vous avez tous une part de l’honneur d’avoir soulevé la pierre, mettez-vous d’accord sur la personne qui devra la poser. Ils désignèrent tous unanimement Mohammed, qui prit de sa main la pierre et la posa sur le mur à sa place qu’elle devait occuper. Il veanit ainsi, par sa sagesse et son esprit de justice, d’épargner la Mecque d’une guerre sanglante La maçonnerie du temple fut terminée, mais il restait à faire la toiture. Elle fut faite finalement avec le bois.
La description de la nouvelle Kaaba
A l’âge de 36 ans, Adoption d’Ali ibn Abi Tâlib par Mohammed (606)
En cette année, il y eut une grande sécheresse et la famine toucha la Mecque et ses alentours. Ce fut une année si dure que Halima vint se plaindre de la sècheresse auprès de Khadija, et cette fois elle reçut quarante moutons, et un chameau pour monture. Mohammed, voyant toutes les difficultés dans lesquelles se trouvait Abou Tâlib, se rendit chez son oncle, Al-Abbas qui était riche et lui dit : « Abou Tâlib a beaucoup de difficultés en ce moment ; il serait préférable de prendre l’un des enfants chez toi, comme moi je vais le faire ». La proposition plut à Al-Abbas qui l’accepta. Ils allèrent tous les deux voir Abou Talib et lui dirent : « Ô Abou Talib, laisses-nous prendre, pour chacun de nous, un de tes enfants. Nous les prendrons en charge jusqu’à ce que ta situation s’améliore ». il répondit : « Laissez moi l’aîné, Aqil, et faites ce que vous jugerez utiles ». Mohammed prit donc Ali, et AL-Abbas, Ja’far. Ils les élevèrent comme leurs propres enfants.
Expansion du commerce de Abou Soufiane jusqu’en Iraq
A peu près vers le temps où la Kaaba Venait d’être reconstruite, les Quraychites firent en Irak une expédition commerciale qui mérite d’être signalée. Une caravane s’achemina de la Mecque vers cette contrée, sous la conduite d’Abou-Sofyân, fils de Harb .
Plusieurs marchands de la tribu de Thaqif, voisine et alors alliée des Mekkois, s’étaient associés à eux pour cette entreprise, et faisaient partie de la troupe.
Les Quraychites avaient déjà de fréquentes relations de négoce avec Hirâ, capitale de la portion occidentale de l’Irak occupée par des populations arabes; mais ils n’avaient pas encore étendu leur trafic au delà de cette ville, à l’est de l’Euphrate et dans les cantons baignés par le Tigre. Cette fois, ils s’avancèrent plus loin qu’ils n’avaient fait jusqu’alors.
Àbou-Sofyân et ses compagnons, parvenus à la frontière du territoire persan, craignirent d’éprouver quelque mauvais traitement s’ils entraient dans le pays sans la permission du souverain. Ils s’arrêtèrent donc sur la limite, et convinrent d’envoyer seulement l’un d’entre eux, avec les marchandises, vers le monarque Kesra-Parwîz, et d’abandonner à celui qui remplirait cette mission la moitié des bénéfices, en cas de succès.
Le chef des Thaqif s’offrit pour tenter l’aventure. Il se nommait Ghaylân, fils de Salama, fils de Moattib. C’était un homme distingué par son rang et sa naissance, qui joignait à beaucoup d’esprit et d’adresse, une belle figure et une taille avantageuse. Sa grand-mère, Soubayà, était sœur d’Oumayya, grand-père d’Abou-Sofyân, et il avait pour femme Khalida, fille d’Abou-l’As, l’un des onze fils du même Oumayya.
Arrivé à la ville où Kesra faisait sa résidence, à Madian, Ghaylân se parfuma, se revêtit d’habits de couleur jaune, et se présenta au palais.
On l’introduisit dans une salle où Kesra était présent, mais caché aux regards. Ce prince se tenait dans une tribune fermée par un grillage d’or, qui ne permettait point de l’apercevoir.
Un interprète dit à Ghaylân : « Le roi m’a ordonné de te demander pourquoi a tu es entré dans son pays sans son agrément ».
Ghaylân répondit : « Je ne suis ni un ennemi, ni un espion. J’apporte des marchandises. Si le roi les veut, elles sont à lui; autrement, je désire être autorisé à les vendre à ses sujets. Dans le cas où cette autorisation ne me serait pas accordée, je suis prêt à les remporter ».
Comme il achevait ces mots, il entendit parler haut dans la tribune. Aussitôt il se prosterna.
L’interprète lui dit : « Le roi demande pourquoi tu te prosternes».
Ghaylân répliqua : « une voix élevée et imposante a frappé mon oreille et comme personne ne peut élever la voix en ce lieu, si ce n’est le roi lui-même, j’ai reconnu que ces sons étaient proférés par sa bouche, et je me suis prosterné par respect ».
Kesra, satisfait de l’action de Ghaylân et du motif qu’il en avait allégué, ordonna qu’on lui apportât un coussin pour s’asseoir. On lui en présenta un, sur lequel était brodée la figure d’un personnage eu costume royal. Ghaylân prit ce coussin, et le mit sur sa tête. Kesra pensa qu’il en agissait ainsi par ignorance.
Il lui fit dire par l’interprète: « C’est pour t’asseoir que je t’ai envoyé ce coussin ».
« Je le sais », répondit Ghaylân, « mais il porte l’image du roi en m’asseyant dessus, j’aurais cru manquer à la vénération due à la majesté du souverain. J’ai voulu rendre hommage à l’auguste personne du monarque, et j’ai placé sa représentation sur ma tête, sur la partie la plus noble de moi-même».
Cette repartie plut beaucoup à Kesra. Il adressa encore plusieurs questions à Ghaylân, et fut toujours également content de ses réponses.
Il lui dit enfin : «Ta conduite et tes paroles sont dignes d’un sage et cependant tu appartiens à une nation grossière et sans civilisation. Quel est donc l’aliment principal dont tu te nourris? »
« C’est le pain de froment », répliqua Ghaylân.
« A la bonne heure », ajouta Kesra. « Car les dattes et le lait ne pourraient donner cet esprit-là ».
Ensuite le roi acheta toutes les marchandises de la caravane à un prix double de leur valeur; il fit revêtir Ghaylân d’habits d’honneur magnifiques; et, pour lui laisser un témoignage durable de sa bienveillance, il envoya avec lui à Taïf, des ouvriers persans, qui lui bâtirent une maison fortifiée ou tour carrée. Ce fut le premier édifice de ce genre qui fut construit à Taïf.
Le voyage d’Abou Soufiane au Cham en compagnie d’Oumayya ibn Abi Salt et leur rencontre avec des chrétiens (Rabi 1er 609)
Abou Soufiane fit une nouvelle expédition commerciale au Cham en compagnie d’Oumayya ibn Abi Salt Etthaqfi. Au cours du trajet, à chaque fois que nous arrivions à un village où nous faisions halte, Oumayya sortait un livre dont il lisait aux gens des passages. Il en fut ainsi jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à un village habité par des chrétiens. Ils réservèrent à Oumayya un accueil chaleureux, lui donnèrent des cadeaux et l’invitèrent chez eux.
Oumayya revint au milieu de la journée, enleva ses vêtements, mis deux vêtements noirs puis dit à Abou Soufiane : « Connaîs-tu, ô Abou Soufiane, un savant parmi les savants chrétiens qui soit très versés dans la science du livre pour l’interroger ? ».
Abou Soufianne répondit : « Je ne vois aucune utilité à faire cela. Par Allah, s’il me parle de ce que j’aime, je n’urais aucune confiance en lui et s’il me parle de ce que je déteste, je lui en voudrais ».
Oumayya le quitta alors et un savant chrétien vint à la place d’Oumayya. Ce dernier dit à Abou Soufiiane : « Qu’est-ce qui t’empêche d’aller voir ce savant ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Je ne partage pas sa foi ».
Le savant chrétien ajouta : « Et après ? L’essentiel est que tu verras et entendras de lui beaucoup de choses étonnantes ». Puis, il ajouta : « Es-tu un Thaqfite ? ».
Abou Soufiane lui dit : « Non, je suis un Qoraychite ».
Le savant chrétien lui dit alors : « Qu’est-ce qui t’empêche alors d’aller vers le savant ? Par Allah, il vous aime et ne cesse de faire des recommandations en votre faveur ». Sur ces paroles, le savant chrétien le quitta.
Oumayya demeura chez les chrétiens un certain moment et ne revint à la caravane que vers le milieu de la nuit. Oumayya enleva ses vêtements et s’alongea sur son lit. Cette nuit-la, il ne put ni dormir, ni se lever. Au matin, Oumayya était très triste et mélancolique. Il refusait d’adresser la parole aux autres de son groupe de voyageurs. Puis, finalement, il s’adressa à Abou Soufiane et lui dit : « Ne veux-tu pas reprendre la route ? ». Abou Soufiane lui dit : « Et toi, tu veux partir ? ». Oumayya lui répondit : « Oui ».
Ils partirent donc et marchèrent pendant deux nuits sans se parler. La troisième nuit, Oumayya s’adressa à Abou Soufiane et lui dit : « Ne veux-tu pas parler, ô Abou Soufiane ? ». Abou Soufiane lui rétorqua : « Parce que tu veux parler toi ; Par Allah, je ne t’ai jamais vu dans un état pareil à celui dans lequel tu te trouvais en revenant de chez ce savant chrétien ».
Oumayya lui répondit : « C’était plus fort que moi ; c’est ma destinée future qui me préoccupait ».
Abou Soufiane lui dit : « Parce que tu as une destinée future ? »
Oumayya lui répondit : « Oui, par Allah, je mourrai, ensuite je ressusciterai ! ».
Abou Soufiane lui dit : « Acceptes-tu ma promesse ? ».
Oumayya lui dit : « A quel sujet ? ».
Abou Soufiane lui dit alors : « Je te promets que tu ne seras pas ressuscité et que tu ne rendras pas de comptes ».
Oumayya se mit à rire et lui dit : « Au contraire, ô Abou Soufiane, par Allah, nous serons ressuscités et jugés ; ensuite, une partie d’entre nous entreras au paradis et une autre partie entrera en enfer ».
Abou Soufiane lui dit : « Et où seras-tu toi d’après ce que t’a dit ton savant chrétien ? ».
Oumayya lui répondit : « Il n’a aucune connaissance à ce sujet, ni en ce qui me concerne ni en ce qui te concerne ».
Ils demeurèrent ainsi, pendant deux autres nuits, Oumayya à s’étonner de l’attitude d’Abou Soufiane et Abou Soufiane de rire de lui, jusqu’à ce que la caravane arriva dans la vallée de Damas. Ils vendirent leurs marchandises et y restèrent deux mois.
La caravane d’Abou Soufiane sur le chemin du retour et la révélation de l’avènement d’un prophète (Joumada 1er 609)
Ensuite, la caravane reprit la route pour la mecque et arriva dans un village habité par des chrétiens. Lorsqu’ils virent Oumayya, ils l’accueillirent chaleuresement, lui firent des cadeaux et le reçurent chez eux. Oumayya ne revitn à son campement qu’au milieu de la nuit. Il enleva ses vêtements et s’alongea sur son lit. Cette nuit-la encore il ne put nidormir ni se lever. Le lendemain, il était tout triste et mélancolique. Il refusait d’adresser la parole aux autres jusqu’à ce qu’il dit à Abou Soufiane : « Veux-tu qu’on reprenne la route ? ». Abou Soufiane lui répondit : « Oui ». Puis, en cours de route il demanda à Abou Soufiane de dépasser un peu la caravane afin de pouvoir discuter tranquillement. Abou Soufiane accepta et ils devancèrent tous deux la caravane.
Oumayya lui dit : « Ô maitre de Quraych, parle-moi de Otba ibn Rabi’a ; evite-t-il les injustices et les péchés ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Oui, par Allah ».
Oumayya ajouta : « Et respecte-t-il les liens de parenté ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Oui, par Allah ».
Oumayya lui dit : « Est-il généreux envers ses compatriotes ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Oui ».
Oumayya lui dit : « Quraych, connaît-elle de plus noble que lui ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Non, par Allah, je ne connais aucun de plus noble que lui ».
Oumayya lui dit : « Est-il pauvre ».
Abou Soufiane lui répondit : « Non, il a de grandes richesses».
Oumayya lui dit : « Quel âge a-t-il ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Il a dépassé les cent ans».
Oumayya lui dit : « La noblesse, l’âge et les richesses l’amènent-ils à dédaigner les autres ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Et pourquoi cela l’amènerait-il à dédaigner les gens ? Par Allah, cela ne lui ajoute que du bien ».
Oumayya lui demanda enfin s’il n’était pas fatigué et s’il avait envie de se reposer. Abou Soufiane lui répondit que oui. Ils s’arrétèrent donc pour dormir et au milieu de la nuit, Oumayya répéta les mêmes questions à Abou Soufiane au sujet de Otba ibn Rabi’a. Agacé, Abou Soufiane lui dit alors : « Si tu as quelque chose d’important à me dire, alors, dis-le ».
Oumayya lui dit : « Je lisais dans mes livres qu’un prophète allait être envoyé dans notre région. Je pensais alors, voire j’étais convaincu que ce serait moi. Mais en consultant les gens de science, j’ai su qu’il serait originaire des Banou Abd Manaf. Or, j’ai regardé dans les banou Abd Manaf, et je n’ai trouvé personne qui soit digne de cette mission à part Otba ibn Rabi’a. Mais, lorsque tu m’as informé de son âge, j’ai su qu’il ne pouvait être ce prophète attendu, car il a dépassé les quarante ans et la révélation ne lui a pas été encore faite ».
Oumayya lui dit : « Si tu arrives à suivre mon discours, tu pourras déduire ce à quoi je veux en venir. Le savant chrétien m’a dit des choses qui m’ont bouleversé au sujet d’un prophète qui doit apparaître. Je lui ai demandé des précisions sur ce prophète et il m’a dit qu’il faisait partie des arabes».
Abou Soufiane lui dit: « De quelle tribu arabe ? »
Oumayya lui dit : « Il habite la ville où se trouve le temple que les arabes visitent en pèlerinage ».
Abou Soufiane lui dit : « Le temple que les arabes visitent en pèlerinage se trouve chez nous ».
Oumayya lui répondit : « Il fait partie de vos frères de Quraych.Cela a fait un grand effet sur moi comme jamais auparavant, car j’espérais être avec cet homme-là et gagner ce bas-monde et l’au-delà. Puis, je lui demandé de me le décrire et il m’a dit que cette homme n’est ni jeune ni vieux ; il a commencé sa vie par se détourner des injustices et des péchés ; il respecte les liens de parenté et ordonne de les respecter ; il est pauvre mais très noble au sein de son peuple ; la plupart de ses soldats sont des anges ».
Abou Soufiane lui demanda: « Quels sont les signes qui indiqueront cet événement ? ».
Oumayya lui dit : « Depuis la mort de Jésus, la Syrie a tremblé de quatre-vingt tremblements, chaque tremblement ayant suscité des fléaux. Il reste maintenant, un tremblement général qui suscitera de nombreux fléaux ».
Abou Soufiane lui répondit : « Par Allah, cela ne peut être qu’un mensonge ! Si Allah devait envoyer un Messager, il le choisira parmi les personnes âgées et nobles ».
Oumayya lui dit : « Par Allah, ô Abou Soufiane, les paroles du chrétien sont véridiques et il ne peut en être qu’ainsi ». Puis Oumayya ajouta : « As-tu envie de dormir ô Abou Soufiane ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Oui ».
Iils firent halte et passèrent la nuit, avant de continuer leur route le lendemain. Lorsqu’ils furent à deux nuits de la Mecque, un cavalier venu du Cham, les rejoignit. Ils lui demandèrent des nouvelles de la Syrie et il leur répondit qu’un tremblement de terre y avait eu lieu après leur départ et qu’il y avait de nombreux morts et cela avait suscité de nombreux fléaux. En entendant cela, Oumayyas’approcha d’Abou Soufiane et lui dit « Que penses-tu des paroles du chrétien, ô Abou Soufiane ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Par Allah, je pense que ce que ton compagnon le chrétien t’a dit est la vérité ».
Puis, il ils continuèrent leur route jusqu’à arriver à la Mecque. Là ils vendirent leurs marchandises et Abou Soufiane continua son voyage en direction du Yemen pour son commerce et Oummaya rentra à Taïf..
Les retraites spirituelles des mecquois
Il était d’usage parmi les Quraychites que tous ceux qui tenaient à la réputation d’hommes pieux, se rendissent chaque année, au mois de Ramadan, sur le mont Hirâ, pour y vivre jour et nuit dans le recueillement, désirant se retirer du commerce des hommes, et regardant cette solitude comme un acte de dévotion religieuse. Ils partaient s’isoler, pour un temps, sur les hauteurs de Hira, où ils s’adonnaient à l’adoration de leurs divinités et se préocupaient de nourrir les pauvres. Ils donnaient à cette coutume le nom de « Tahannuth », qu’ils pratiquaient ordinairement durant le mois de Ramadan. A l’aparation du croissant du mois de chawwal, ils quittaient Hira pour rentrer chez eux à la mecque.
RENVOI : On raconte que le premier à avoir institué cette pratique fut Abd el mouttalib. Puis de nombreux notables de la mecque suivirent son exemple, dont son petit fils, Mohammed ibn Abdallah.
Voyage d’Abou Bakr au Cham et la pédiction d’un nouveau prophète à la Mecque (609)
Abû Bakr faisait était un commercant hors pair et l’un de ses plus fins connaisseurs en matière de généalogie des tribus arabes.
Sa recherche de la vérité sur la croyance fut le fruit d’un long voyage spirituel. En tant que commerçant, il passait une grande part de sa vie à parcourir les déserts de la péninsule arabe fréquentant ainsi ses habitants du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Bien qu’étant un fin connaisseur des différentes confessions présentes dans la péninsule, il prêtait une attention particulière aux religions monothéistes.
Cette année, il partit au Châm pour son commerce et en route, il fit un rêve étrange. Il vit dans ce rêve le soleil et la lune qui tombaient sur ses genoux. Il les pris dans ses mains, les serras contre sa poitrine, puis les recouvrit de sa cape. Lorsqu’il se réveilla, Il repensa tellement à ce rêve qu’il décida d’allar voir un moine pour lui en parler. Quand Il trouva le moine, il lui exposa son rêve et lui demanda de lui en expliquer sa signification.
Le moine lui demanda : « D’où viens-tu ? »
Abou Bakr répondit : « De la Mecque. »
Le moine lui demanda encore : « Qu’est-ce que tu fais ? »
Abou Bakr répondit : « Du commerce. »
Alors le moine lui dit, alors : « Apparaîtra à ton époque un homme appelé Ahmed, tu vas le suivre et il est de la tribu de Banoû Hâchim, il est le Prophète des derniers temps et toi tu rentreras dans sa religion et tu seras son ministre et son calife après lui. J’ai trouvé sa description dans At-Tawrât (la Thora) et dans Az-Zaboûr (les Psaumes révélés au Prophète David –Dâwoûd) ».
Quand Aboû Bakr entendit ses paroles et la description de ce prophète, son cœur s’attendri car il venait de trouver la réponse à toutes ses questions. A cet instant, il se languissait de rencontrer ce prophète tant attendu.
Mariage d’Abou Bakr avec Oum Rouman (609)
Umm Rûmmân Zaynâb Bint ‘Âmir est une femme du clan de Kinâna. Elle grandit dans la région des monts Sarawat. Elle se maria ensuite à un jeune homme de son clan qui s’appelait ‘Abdu Llâh Ibn Al Hârith Al Azdî. Elle eut trois enfants de ce mariage : Tufayl, Asma et Abdallah.
À un certain moment, Zaynâb et sa famille déménagèrent à la Mecque, où son mari fit la connaissance d’Abû Bakr, qui était alors marié à Qutayla Bint Abd El-Ozza et devint alors son ami proche. Peu de temps après, ce dernier mourut et Zayneb se retrouva veuve, sans soutien et avec trois enfants à charge. Abou Bakr par compassion, la demanda en mariage, proposition qu’elle accepta.
Naissance d’Abd Rahman ibn Abou Bakr (609)
L’isolement de Mohammed de son peuple et préfère la solitude (606 à 610)
Mohammed constata que ses retraites et méditations avaient élargi le fossé entre lui et son peuple et préféra la solitude. Il fut lui aussiattiré par cette vie, et y trouva un moyen de calmer son esprit agité. Allah lui fit aimer cette solitude, rien n’était plus proche à son cœur que d’être seul.
Donc, durant les trois années suivantes, il se retirait, seul, pendant le mois de Ramadan, dans la grotte de Hira, près de la Mecque, muni de vivres et d’eaux. De temps en temps, sa femme lui envoyait des provisions. Parfois il rentrait lui même chercher ce qui lui manquai. Il y avait des voyageurs égarés qui le rejoignaient, avec lesquels Muhammad partageait ses maigres provisions. Donc, Là, dans cette grotte, il consacrait son temps à la prière, en méditation et en vie ascétique. Il passait son temps à l’adoration et à la réflexion sur les signes de l’univers qui l’entouraient ainsi que sur la puissance créatrice qu’ils cachaient.
L’associationnisme absurde, et les représentations inconsistantes de son peuple ne le rassuraient pas. Cependant, il ne disposait ni d’une voie claire ni d’une méthode définie, ni d’une démarche orientée pouvant lui apporter dans ce sens quiétude et satisfaction.
Son choix de la solitude était un aspect de la guidance d’Allah à son égard, guidance destinée à le détacher des préoccupations d’ordre terrestre, du tumulte de la vie, des petites considérations dont les gens meublaient leur vie, aux fins de le préparer à la grande affaire qui l’attendait.
Ainsi, Mohammed s’apprêtait à endosser la lourde responsabilité, à changer la face du globe et à modifier le cours de l’histoire. Pendant trois ans, Allah le voua à celte solitude avant de lui faire porter son message. Mohammed se lança donc dans celle solitude pendant un mois au cours duquel il communiait avec l’esprit de l’univers, méditait sur le mystère que cachait l’existence, jusqu’au moment où sonna l’heure de traiter avec ce mystère sous l’autorisation d’Allah.
Lorsqu’il terminait sa retraite, la première chose qu’il faisait était d’aller à la Kaaba avant de rentrer chez lui : il faisait ce circuit autour d’elle sept fois puis il rentrait chez lui.
Parfois, il errait dans les rivages et les vallons qui environnent la Mecque.
Début de rêves prémonitoires et des signes surnaturels et la première apparition de Jibril dans ses rêves (Rabi 1er 610)
Les hommes de la mecque faisaient cette retraite seule ou en famille. Mohammed la faisait en famille, sejournant durant tous le mois de ramadan dans une grotte.
Mohammed passait a reflechir et a mediter beaucoup plus de temps que ses amis. Il commença à avoir des visions qui ne ressemblaient en rien aux visions de ceux qui l’entouraient. Les siennes avaient la clarte de l’aurore. Tout ce qu’il voyait dans le sommeil, il en trouvait la signification ou la réalisation dans les faits des jours suivants.
Il s’en était ouvert à sa femme, Khadija et lui avait confié qu ‘il craignait, parfois, de perdre l’esprit. Khadija savait le rassurer et l’apaiser. La voix de l’invisible devint ensuite plus fréquente et prit un sens car lorsqu’il marchait seul dans la ville de la Mecque, il entendait sortir des pierres, des décombres des voix qui lui disaient : « Salut à toi, ô apôtre de Dieu ! ». Mohammed en éprouvait des craintes. Il se retournait, regardait de tous côtés pour découvrir qui avait proféré ces paroles, et il n’apercevait que des arbres ou des rochers.
Dans des lieux déserts, il entendait quelquefois des voix qui l’effrayaient car il ne savait si c’était son imagination qui lui jouait des tours ou autre chose qui le hantait.
Il dit à Khadija : « Je crains qu’on ne m’est jeté un sort ». Elle lui dit : « Comment cela ? ». Il lui répondit : « Dès que je me trouve seul, je suis appelé, j’entends des voix mais je ne vois rien et, dans la nuit, je vois en songe un être énorme qui se présente à moi, un être dont la tête touche le ciel et dont les pieds touchent la terre; je ne le connais pas, et il s’approche de moi pour me saisir. Je crains de perdre l’esprit ». Khadija lui dit : « Dieu ne te veut pas de mal. Ne t’inquiète pas; avec les qualités que tu as, toi qui n’adores pas les idoles, qui t’abstiens du vin et de la débauche, qui fuis le mensonge qui honore les liens de parenté et qui tiens tes engagements, toi qui pratiques la probité, la générosité et la charité, tu n’as rien à craindre; en considération de ces vertus, Dieu ne te laissera pas tomber sous le pouvoir du diable. Avertis-moi, si tu vois quelque chose de ce genre.
RENVOI : La durée de la prophétie fut de 23 ans. Quant aux rêves vrais, ils constituent une des quarante-six éléments de la prophétie. RENVOI : Le Message de l’Envoyé d’Allah, quand Allah voulut l’en honorer et accorder Sa Grâce à l’humanité, débuta par des songes véridiques. Jamais il ne faisait un songe qui ne se révélât aussi clair que le jour”. (Az-Zouhri)
La premiere apparition succinte et réelle de Jibril auprès de Mohammed
Jusqu’alors, Mohammed n’avait vu Djibril qu’à travers des songes. Mais un jour, alors qu’il se trouvait dans sa maison avec Khadîdja, Mohammed dit : « Ô ! Khadîdja, cet être m’apparaît, je le vois ». Khadîdja s’approcha de Mohammed, s’assit, le prit sur son sein et lui dit : « Le vois-tu encore? ». « Oui », dit-il. Alors Khadîdja découvrit sa tête et ses cheveux, et dit : « Le vois-tu maintenant? ». «Non », dit Mohammed.
Khadîdja dit : « Réjouis-toi, ô Mohammed; ce n’est pas un diable, c’est un ange. Car si c’était un diable, il n’aurait pas montré de respect pour ma chevelure et n’aurait pas disparu ».
Quand Mohammed était triste, il se rendait sur le mont Hirâ et s’y livrait à la solitude; le soir, il rentrait à la maison, la figure triste et abattue. Khadîdja en était fort affligée.
La première année de la révélation (Lundi 21 Ramadan 610)
L’envoi de Jibril auprès de Mohammed pour lui apporter la premiere révélation
A sa troisième année de solitude, Mohammed se trouvait comme à son habitude dans la grotte de Hira pendant le 21ème jour du mois Ramadan en train de méditer puis, la nuit venue, il s’endormit. Puis, un ange lui apparut en songe ; il portait une immense pièce d’étoffes de soie, couverte de caracteres d’ecriture.
Il lui presenta en lui disant : « Lis ! »
Mohammed répondit: « Je ne sais pas lire ».
L’ange le saisit aussitôt et le pressa si fortement a tel point qu’il pensa qu’il allait mourrir; puis, il le lâcha et dit : « Lis ».
« Je ne sais pas lire » répliquait-il de nouveau.
Il le saisit et le pressa une deuxième fois, si fortement a tel point qu’il pensa qu’il allait mourrir, puis le lâcha et dit : « Lis ».
Il repondit : « Que dois-je lire ? ». En vérité, il ne savait effectivement pas lire mais il n’apportat cette reponse que pour eviter que l’ange ne l’etouffe de nouveau
L’ange dit alors :
« Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence.
Lis! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame], a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas »
[Sourate Al Alaq, versets 1-5]
Il récita ces quelques versets après lui et l’ange s’éloigna. Le prophète se reveilla alors avec la sensation qu’un livre venait d’être écrit dans son cœur.
Il sortit ensuite de la grotte et, descendit jusqu’au milieu de la montagne. Là, il entendit une voix venant du ciel lui disant : « Oh Mohammed, tu es le messager d’Allah et je suis Jibril ». Il leva sa tête vers le ciel, et il vit Jibril sous une forme humaine, les pieds etendus à l’horizon du ciel qui lui repeta: « Oh, Mohammed, tu es le Messager d’Allah et je suis Jibril ». Le prophète le regarda, sans bouger de sa place et, il le voyait partout où il tournait son visage.
Dans le même temps Khadija s’étant réveillée et ne le trouvant pas à côté d’elle, eut un sentiment étrange et s’inquiéta pour lui alors elle envoya ses domestiques à sa recherche qui le cherchèrent jusqu’à la hauteur de la Mecque sans le trouver, alors ils retournèrent vers elle.
Le prophète qui était resté immobile au même endroit, vit Jibril s’eloigné et le quitter. Puis, il rentra chez lui. Arrivé auprès de Khadija, il s’asseya en face d’elle.
Khadija lui dit alors : « Ou étais-tu ô Aboul Qasim ? Par Allah, j’ai envoyé des hommes à ta recherche jusqu’à ce qu’ils arrivent à la hauteur de la mecque puis ils retournèrent chez moi».
Le prophète lui raconta alors ce qui lui était arrivé.
Khadija lui dit ensuite: « Réjouis-toi, ô mon cousin et sois ferme ! Par celui qui tient dans ses mains l’âme de Khadîdja, j’espère que tu seras le prophète de cette nation. ».
La confirmation de la prophétie par Waraqa ibn Nawfel
Puis, dès l’aube, Khadija s’enveloppa de son manteau et alla chez son cousin, Waraqa ibn Nawfel qui était devenu vieux et aveugle pour le mettre au courant du récit du prophète. Waraqa s’exlama alors : « L’esprit saint ! L’esprit saint ! Par celui qui tient l’âme de waraqa dans sa main, si tu me crois, ô Khadija, c’est l’archange qui venait voir Moussa, qui est venu le voir. Il sera le prophète de cette nation. Dis-lui de rester ferme ».
Khadija revint aupres du prophète et l’informa des paroles de waraqa. Avec les evenements de cette nuit, le prophete n’avait pas cloturer sa retraite comme il le faisait habituellement par ses tours rituels autour de la Kaaba. C’est ainsi qu’il quitta sa maison afin de se diriger vers la kaaba. Une fois qu’il eut accompli ses tours, il rencontra waraqa qui lui demanda de nouveau des details sur sa vision.
A la fin du récit, waraqa lui déclara : « Par celui qui detient mon âme dans sa main, tu es le prophète de cette nation. C’est l’archange qui venait autrefois voir Moussa qui est venu te voir. Tu seras accusé de mensonge, tu seras persecute, tu seras exile et tu combattras et, si je suis encore en vis ce jours-là, je t’assisterais de la manière la plus forte ».
Ensuite, il s’approcha du prophète et l’embrassa sur le haut du crâne, avant que celui-ci ne regagne son domicile.
La premiere période de silence (fatratoul wahi)
Mohammed devint donc prophète, « Nabi » par cette première révélation qui fut suivie d’une période de quelques jours (40 jours) de silence (fatratul wahi) durant laquelle mourut Waraqa.
RENVOI : A son sujet le prophète dira : “j’ai vu Waraqa ibn Noufeyl au paradis.
Allah n’envoya donc plus de révélation à son prophète jusqu’à ce qu’il se calme de son état de peur et que la révélation commença même à lui manquer. Ainsi il se retirait dans les montagnes espérant en recevoir une nouvelle. Cette interruption de la révélation lui servit de préparation pour que sa peur se dissipe jusqu’à ce qu’il soit lui même demandeur.
La reprise de la révélation (Début Dhoul Qi’dah 610)
Le silence fut rompu un jour, alors que le prophète marchait. En effet, il entendit une voix depuis le ciel qui l’appelait. Quand il orienta son regard vers le haut, il vit, à sa grande surprise que l’ange qui s’était adressé à lui à hira, était instalé sur un siège suspendu entre le ciel et la terre. Il s’accroupit au point de tomber au sol. Il rentra auprès de sa famille et leur dit : « Couvrez-moi ! Couvrez-moi ».
Une fois couvert, Il lui fut révélé :
« Ô, toi ! Le revêtu d’un manteau ! Lève-toi et avertis. Et de ton Seigneur, célèbre la grandeur, Et tes vêtements, purifie-les, Et de tout péché, écarte-toi. »
(Sourate 74, versets 1 à 5).
C’est par cette seconde révélation que le prophète devint le Messager d’Allah car il reçut l’ordre de transmettre et d’avertir.
RENVOI : Allah demande à son envoyé de purifier ses vêtements soit en les lavant de toutes souillure, soit en les écourtant, car les arabes trainaient leurs vêtements par ostentation et les salissaient.
Les toutes premières conversions à l’islam
Le Messager d’Allah reçut donc l’ordre de précher l’islam et il commença à prêcher auprès des gens de sa maison. Ainsi, après la conversion de Khadija, c’est Zayd Ibn Haritha qui embrassa l’islam. Le troisième à se convertir fut Ali ibn Abi Talib alors qu’il avait 10 ans. Fatima étant âgé de seulement cinq ans à ce moment là, elle n’a pas atteint l’age de raison pour comprendre le message de son père.
Rechercher des info sur le mariage de Roqaya et oum kalthoum.
La rencontre des deux amis qui changea la vie d’Abou Bakr
Or, depuis le jour où il reçut sa mission et où Jibril lui enseigna la prière, et où Khadija et Ali embrassèrent l’islamisme et prièrent avec le prophète, et après le départ de Jibril, qui lui avait recommandé d’appeler les hommes à Allah, le prophète réfléchissait continuellement à qui il pourrait d’abord révéler ce secret. Il songea à Abou Bakr. Il se dit, en lui-même, Abou Bakr est un homme âgé et mon ami, il est intelligent, judicieux et de bon conseil. J’irai le trouver demain matin pour lui demander son avis sur ce que je dois faire et à qui je devrai m’adresser. Mohammed ne prévoyait pas ni n’espérait qu’ Abou Bakr deviendrait croyant aussitôt. Abou Bakr, cette même nuit, ne pouvait pas trouver le sommeil, il faisait les réflexions suivantes : « ce culte des idoles que nous pratiquons et que pratiquaient nos ancêtres est absurde. Ces idoles ne peuvent produire ni avantage ni dommage. Le dieu qui a créé la terre et le ciel et les hommes ne souffre pas qu’on adore autre chose que lui. Je voudrais trouver quelqu’un qui pût me diriger dans la voie de la vraie religion ; je ne sais à qui m’ouvrir à cet égard. Alors, il songea à Mohammed et se dit en lui-même : « Mohammed, le neveu d’Abou Tâlib est un homme sage ; il est mon ami intime et un homme sûr. Il méprise, comme moi ce culte et il n’a jamais adoré les idoles.
Demain matin j’irai chez lui, je m’ouvrirai à lui et le consulterai, peut-être me montrera-t-il la bonne voie.
Au matin, le prophète se leva et sortit pour se rendre chez Abou Bakr, qui, de son côté, s’était mis en route pour aller chez Mohammed. Ils se rencontrèrent dans la rue, et, s’étant adressé des questions sur cette rencontre, Mohammed dit : « J’allais chez toi pour te consulter sur une certaine chose. Abou Bakr répliqua : « Et moi, je me rendais chez toi pour te demander un avis ». Mohammed lui en ayant demandé l’objet, Abou Bakr dit : « Parle d’abord, toi ; car mon récit est long ». Alors, Mohammed lui dit : « Hier, un ange m’est apparu, m’apportant un message de la part de dieu, me disant d’appeler les hommes à dieu, afin qu’ils croient en dieu et en ma mission prophétique et qu’ils abandonnent le culte des idoles. Je me rendais chez toi pour te demander à qui je dois adresser cet appel, et à qui je pourrais en parler ». Abou Bakr répliqua : « Ô Mohammed, que je sois le premier de tous les hommes à qui tu adresseras cet appel ! J’ai réfléchi toute cette nuit à cette affaire, et c’est pour cela que je me suis mis en route pour aller chez toi ; ce n’était pas pour autre chose. Engage-moi à cette religion avant tout les autres, afin que je sois le premier croyant. Le prophète, qui n’avait pas formé cet espoir, fut très heureux, lui exposa à l’instant la formule de l’islamisme, et Abou Bakr prononça la Chahada.
Le prophète n’a jamais été aussi heureux d’aucune conversion que celle d’ Abou Bakr.
RENVOI : « De tous les hommes à qui j’ai présenté l’islamisme, il n’y en a pas eu un seul qui n’ait fait des difficultés sauf Abou Bakr ».
Le prophète veut dire par cette phrase que tous ont hésité, excepté Abou Bakr, qui, dès que l’appel tomba dans son esprit, eut l’étincelle de l’islamisme au bout de la langue.
Ainsi, le premier croyant fut Abou Bakr, suivi de Zayd ibn Haritha, ensuite Bilal, l’esclave d’ Abou Bakr et d’autres qui embrassèrent l’islamisme en secret.
Le premier homme libre extérieur à la maison du Messager d’Allah à entrer dans l’islam fut Abou Bakr.
Mohammed a dit : “Quand j’ai invité les gens à embrasser l’Islam, tous ont pris un temps de réflexion et d’hésitation, excepté Abou Bakr qui ne s’est pas retenu, et n’a pas hésité ! ” (Ibn Ishaq).
Il fut à l’origine de la conversion des premiers adhérents à l’islam : Othmane ibn ‘Afane ; Az-zoubeyr Ibn El Awwam, à propos duquel :
Mohammed dira : “Tout Mohammed a eu des apôtres, le mien c’est Zoubeyr” ; Sa’ad Ibn Abi Waqqas ;’Amr Ibn ‘Awf ; Talha ibn ‘Oubeydillah.
Ces quelques hommes qui répondirent à l’appel d’Abou Bakr As-Siddiq deviendront très vite l’élite de la oumma. A propos des mérites de Abou Bakr :
Mohammed dit : “La foi de Abou Bakr pèse plus lourd dans la balance que celle de toute la communauté” et aussi : “Par Allah ! Nul n’a piétiné cette terre après les Mohammeds mieux que Abou Bakr”.
D’autres qoreichites se rallièrent au Mohammed aleyhi salat wa salam tels que Abou Oubeyda El Jarrah, Abou Salama, El Arqam Ibn Abi El Arqam, Othman Ibn Mad’oun, ‘Oubeyda Ibn El Harith, Sa’id Ibn Zayd, Asma et Aicha filles de Abou Bakr, Khabbab Ibn El areth, Abdallah Ibn Mass’oud et son frère Omayr.
La foi secrète et la Da‘wa d’Abou Bakr
Abou Bakr, après sa conversion, tint sa foi secrète ; mais chaque fois qu’il se trouvait dans la mosquée à causer avec quelqu’un, il lui en parlait et l’engageait à l’islamisme ; il conduisait auprès du prophète ceux qui acceptaient et ils prononçaient la Chahada.
Le premier qui fut converti par lui fut Othman ibn Affan. Il convertit ensuite Abd Rahman ibn Awf, puis Az-Zobaïr ibn AL-Awwam, puis Talha ibn Obaydallah, puis Sa’d ibn Abi Waqqas. Ils furent ainsi trente-neuf adhérents, qui tenaient leur foi secrète. Ils n’osaient pas se rendre à la mosquée pour prier, ni eux, ni le prophète ; Ils priaient, soit à la maison, soit sur le mont Nour.
La rumeur d’une nouvelle religion
Le premier qui eut connaissance de ces faits fut Abou Tâlib, qui demanda à Mohammed quelle était cette religion qu’il avait établie. Le prophète lu révéla tout, lui exposa l’islam et voulut le convertir. Abou Tâlib lui répondit : « Je ne veux pas abandonner ma religion, qui est celle de mes pères ; si dieu t’a ordonné cette œuvre, accomplis-la ; je te protègerai, et personne ne pourra te molester.
Un jour, Abou Tâlib vit Ali faire la prière. Il lui dit : « Mon fils, qu’est-ce que ce culte ? ». Ali craignant la colère de son père, répondit : « C’est Mohammed, le prophète d’Allah, qui m’a converti à cette religion ».
Abou Tâlib dit : « si Mohammed te l’a dit ainsi, observe-le, car Mohammed n’a jamais dit et ne dit pas le mensonge ».
La rumeur se propagea à la Mecque et il se disait, dans les réunions, que Mohammed avait fondé une nouvelle religion, qu’il prétendait être le prophète d’Allah et avoir reçu d’Allah un message et que quelques personnes avaient cru en lui et pratiquaient la prière en secret.
Abou Jahl dit : « Si j’apprends que quelqu’un ait cru en lui, j’écraserai sa tête comme celle d’un serpent ; et si je vois Mohammed venir à la mosquée et adorer un autre objet que Houbel, je lui lancerai à la tête une pierre et ferai jaillir son cerveau ; et Abou Tâlib perdra le commandement, quand j’aurai frappé son neveu ».
RENVOI :
Chef des Banou Hachim : Abou Tâlib
Chef des Banou Makhzoum: Abou Jahl
Chef des Banou Ady : Omar ibn AL-Khattab
Les plus hostiles de ceux-ci, parmi les Hachimites et les oncles du prophètes était Abou Lahab ; Les plus hostiles des Banou Makhzoum était Abou Jahl et Wali bin Moghaïra ; et parmi les Banou Ady, Omar ibn Al-Khattab.
La prière du prophète envers Abou Jahl et Omar ibn Al-Khattab
Le prophète avait le désir de faire la prière dans la mosquée, mais il n’osait pas, craignant Abou Jahl et Omar, les deux personnages les plus puissants de la Mecque et ses plus grands adversaires. Lorsqu’ils furent au nombre de trente-neuf musulmans, le prophète adressa à Allah le prière suivante : « Ô, Allah, Tu sais que ta religion n’a pas de plus grands ennemis parmi les hommes que ces deux personnages, Abou Jahl et Omar. Dirige celui des deux que tu préfères dans la bonne voie, et favorise-le de l’islamisme, afin que cette religion soit répandue par lui.
Les 8 sourates révélées jusqu’à la deuxième période de silence
- AL Qalam,
- ALmouzzamil,
- AL fatiha,
- Al massad,
- takwir,
- El A’la,
- Al layl,
- El Fajr
(SOURATE NOUN)
Ensuite il lui fut révélé :
Chercher les textes correspondant au tafsir d’Ibn khatir page 1503 sur la reunions des quraychites dont l’objet etait de donner un attribut au prophete (sorcier, devins, poete…) :
« Ô, toi, l’enveloppé [dans tes vêtements] ;
Lève-toi [pour prier] toute la nuit, excepté une petite partie ; Sa moitié, ou un peu moins ; ou un peu plus.
Et récite le Coran, lentement et clairement… »
(Sourate 73, versets 1 à 4).
C’est au cours de la descente de ses versets qu’ALLAH lui demanda d’accomplir les adorations.
La deuxième période de silence (fatratoul wahi) puis la reprise de la révélation
Le messager d’Allah tomba malade et fut alité pendant deux ou trois nuits. Dans le même temps, un chiot entra dans la maison du prophète et se cacha sous son lit. Il mourut sans que personne ne soit au courant de sa présence sous le lit. Durant ces quelques jours, la révélation s’interrompit et l’attente se prolongea jusqu’à mettre mal à l’aise le prophète. C’est alors qu’Oum Jamil, la femme de Abou Lahab, narquoise, vint voir le prophète et lui dit : « Où est ton satan ? T’a-t-il dit au revoir ? T’a t-il abandonné ? Je ne l’ai vu s’approcher de toi depuis déjà deux ou trois nuits». L’attente se prolongea et mit mal à l’aise le prophète.
Par la suite, il demanda à sa servante Khawla : « Ô Khawla ! Que s’est-il donc passé dans ma demeure ? Pourquoi Jibril ne vient-il plus me voir ? » Celle-ci n’ayant aucune réponse à lui apporter, lui proposa de balayer et de nettoyer sa maison. Lorsqu’elle se baissa pour balayer sous le lit, elle trouva le chiot mort. Elle le prit et le jeta derrière le mur
C’est à ce moment qu’Allah révéla :
(Sourate Ad-douha, 11ème sourate révélée)
- Par le jour montant
- Par la nuit quand elle se calme
- Ton Seigneur ne t’a ni abandonné, ni détesté
- La dernière t’est certes meilleure que la première
- Ton Seigneur t’accordera Ses faveurs et alors tu seras satisfait 6. Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin ? Alors Il a accueilli
- Ne t’a-t-Il pas trouvé égaré ? Alors Il a guidé
- Ne t’a-t-Il pas trouvé pauvre ? Alors Il a enrichi
- Quant à l’orphelin, ne [le] maltraite pas
- Quant au demandeur, ne [le] repousse pas
- Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le
(Sourate 93 en entier d’apres mo’ammar ibn sulayman, fath al-Bari 8/710)
(SOURATE 94 en entier d’apres mo’ammar ibn sulayman, fath al-Bari 8/710)
Le dernier verset fait référence à la période d’interruption de la révélation.
Retour d’Abou Soufiane du Yemen et sa rencontre avec le prophète
Abou Soufiane était toujours au Yémen pour ses activités commerciales. Il y resta cinq mois puis il rentra à la Mecque. Tandis qu’il était chez lui, les gens venaient le saluer et récupérer leurs marchandises. Le prophète vint également voir Abou Soufiane. Hind était là en train de jouer aves leurs enfants. Le prophète le salua et lui souhaita la bienvenue. Puis, il l’interrogea sur son voyage et sur son séjour, mais ne lui toucha aucun mot sur les marchandises. Ensuite, le prophète se leva et partit.
Abou Soufiane s’adressa à Hind et lui dit : « Par Allah, cet homme me plait beaucoup ; tous les gens de Qoraych qui sont venus me voir ont demanadé après leurs marchandises, sauf lui ».
Hind lui répondit : « N’as-tu rien entendu à son sujet ? ».
Abou Soufiane dit : « Qu’est-ce qu’il a ? ».
Hind lui dit : « Il prétend qu’il est le Messager d’Allah ».
Dès qu’il entendit ces paroles, Abou Soufiane se rappela alors des propos du savant chrétien et il commença à trembler au point où Hind lui dit : « Qu’as-tu ? ».
Abou Soufiane se ressaisit et lui répondit : « C’est un mensonge ! Il est assez raisonnable pour dire de telles choses ».
Hind lui répondit : « Oui, par Allah, il dit cela et le prêche, et il a des compagnons qui ont cru en lui ».
Abou Soufiane lui dit : « C’est là un mensonge ».
Abou Soufiane partit ensuite faire des tournées rituelles autour de la Kaaba, et il trouva le prophète devant la Kaaba. Il s’approcha de lui et lui dit : « Tes marchandises ont atteint telle et telle somme et elles ont beaucoup rapporté. Envoie quelqu’un les prendre et je ne te prendrai pas ce que je prends avec les autres ».
Le prophète refusa cette proposition et lui répondit : « Dans ce cas-là, je ne les prendrai pas ».
Abou Soufiane lui dit alors : « Envoie quelqu’un les prendre et je te prendrai comme je prends avec les autres ».
Le prophète satisfait, envoya alors quelqu‘un les prendre.
Abou Soufiane rend visite à Oumayya à Taïf au sujet du prophète
Après quelques jours, Abou Soufiane ne tarda pas à repartir pour le Yémen. Sur le trajet, il fit un passage à Taïf où il alla voir Oumayya ibn Abi Salt.
Oumayya lui dit : « Ô Abou Soufiane ! Te rappelles-tu les propos du chrétien ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Oui, et cela a eu lieu ».
Oumayya lui demanda : « Et qui est cet homme ? ».
Abou Soufiane lui dit : « Mohammed ibn Abdallah ».
Oumayya lui dit : « Ibn Abd El-Mouttalib ? ».
Abou Soufiane lui répondit : « Oui, ibn Abd El-Mouttalib ». Et il lui raconta ce que sa femme, Hind lui avait dit.
Oumayya lui dit : « C’est la vérité qu’il apporte, suis-le ! ».
Abous Soufiane lui dit : « Et toi, qu’est-ce qui t’empêche de le suivre ? ».
Oumayya lui répondit : « Ce qui m’empêche de le suivre, c’est la honte que j’éprouve devant les femmes de thaqif. En effet, je leur disais que je serai ce prophète, puis elles me verraient suivre un jeune homme des banou Abd Manaf ! Je vois, ô Abou Soufiane que tu t’opposeras à lui, et qu’ensuite tu seras attaché comme on attache le chevreau et tu seras amené devant lui. Il fera de toi ce qu’il voudra ».
Sur ces paroles, Abou Soufiane le quitta et continua son voyage vers le sud. Il resta au Yémen quelques jours et à son retour Abou Soufiane entendit la proclamation de la prophetie de Mohammed, et à son arrivée, il trouva certains compagnons du prophète en train de subir des persécutions. Il se dit alors : « Où sont ses soldats parmi les anges ? ». (à placer au bon moment)
La conversion de Damad
Damad était un ami de Mohammed et était issu de la tribu Azd du Yémen. Il était connu comme étant un grand magicien. Lors de son départ à La Mecque, il apprit des qoreichites que son ami était devenu fou. Damad assura qu’il allait le guérir. Il se rendit donc chez Mohammed et voulut que ce dernier entende ses paroles magiques. Mais Mohammed lui fit d’abord entendre un hymne à la louange d’Allah, de Ses qualités, et de Sa puissance :
« Louange à Dieu, nous Le glorifions, nous Lui demandons Son aide, Celui qu’Allah guide, personne ne peut l’égarer, et celui qu’Allah égare, personne ne peut le guider. J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah, Le Seul et Unique méritant d’être adoré, et que Mohammed est son serviteur et son messager ».
Damad en fut tellement enchanté qu’il le fit répéter au Mohammed trois fois, puis il embrassa l’islam.
La prière
L’ordre de faire la prière avait été donné par révélation antérieurement. Selon ibn Hajar, le Messager d’Allah ( # ) priait effectivement avant le voyage nocturne (Al-Isra) ainsi que ses compagnons mais les Ulémas divergent sur la question de savoir s’il y avait avant les cinq prières coraniques, des prières obligatoires. Certains disent que l’obligation se ramenait à une prière qu’on effectuait avant le lever et le coucherdu soleil. Al- Hârith ibn Asâma rapporte par le canal de Ibn Lahima qui, lui, tient ses propos de Zayd ibn Hâritha, que Jibril, au tout début de la révélation, apparut au prophète ( $ ) et lui enseigna les ablutions. Lorsque celui-ci eut fini de faire ses ablutions, il prit un peu d’eau et en aspergea son sexe.
Ibn Mâia a aussi rapporté la même chose. De même on a
apporté quelque chose d’analogue de Al-Barâ ibn Azib et d’ibn
Abbâs. Ce dernier mentionne: «Il s’agissait là de la première
forme d’obligation». Ibn Hichâm a noté que le Messager d’Allah et ses compagnons allaient, à l’heure de la prière, jusqu’aux sentiers de la montagne où ils. priaient alors en cachette.
Un jour, Abou. Tâlib vit le prophète (£)etAlientrainde prier et leur parla à ce sujet.
Toutefois, lorsqu’il eut compris le fondement de l’affaire, il les ordonna de continuer.
La nouvelle parvint à tous les Kouraichites
La nouvelle de l’appel pourtant individuel et secret parvint aux Kouraichites mais ceux-ci ne s’en soucièrentpas puisque le Messager d’Allah ( § ) ne s’opposait ni à leur religion ni ne parlait de leurs divinités. Trois années passèrent au cours desquelles l’appel resta individuel et secret. Au cours de cette période se constitua un groupe de croyants œuvrant pour la fraternité, la coopération, la communication et la mise à l’honneur du message. Ensuite le prophète ( # ) reçut, par révélation l’ordre d’informer sa tribu dont il fallait, du même coup, affronter l’absurdité et attaquer les idôles.
L’appel à l’islam devient public
Trois années passèrent, durant lesquelles le Messager d’Allah ne precha l’islam qu’a ceux qui venait vers lui et le lui demandaient ou à ceux de ses proches auquels il faisait confiance.
C’est alors qu ‘ALLAH révéla au Messager d’Allah:
“Donne l’alarme à ton clan le plus proche. Abaisse une aile indulgente sur ceux qui te suivent en croyants. Si on te désobéi, dis : « je m’innocente de votre agissements ». Remettant au tout puissant, au misericordieux qui te voie quand tu te dresses et t’active parmi les prosternant. Il est l’entendeur et le connaissant » (Sourate 26, verset 214 à 220)
La crainte du Messager d’Allah à precher les siens et l’intervention de Jibril
Lorsque ce verset lui fut révélé et qu’il en compris le sens, il compris qu’Allah lui ordonnait de precher desormis l’islam publiquement, d’appeler ouvertement les siens à renier leur idole et à adorer un dieu unique. i
A l’annonce de cette nouvelle révélation, le Messager d’Allah craignit que la tache ne fût au-dessus de ses forces, car elle ne pouvait manquer de provoquer le ressentiment des gens qui lui était le plus proche. Alors le Messager d’Allah demeura chez lui durant près d’un mois, sans sortir, ni ne rencontrer aucun de ses compagnons. Durant cette isolement, Il ne cessa de se dire en lui-même : « Si j’annonce cela à mes proches, je vais entendre de leur part ce que je réprouve ». Jibril vint alors à lui et lui dit : « Ô Mohammed, si tu ne fais pas ce que ton seigneur t’ordonnes, il te chatiera par le feu ! ».
Ses tantes s’alarmèrent de sa longue absence et, craignant qu’il ne fut tombé malade, allèrent lui rendre visite. Il leur dit : « Je ne me plains de rien. Mais Allah m’ordonne de precher l’islam à mon clan. Je me prépares à réunir les banou Abd AlMouttalib pour les appeler à Allah ». Alors ses tantes lui dirent : « Soit, mais n’invites pas Abd El-Ozza ». RENVOI : En effet, son oncle Abd El-Ozza avait garder en lui de la rancune envers son neveu suite à la violente querelle qui l’opposa par le passé à Abou Talib et durant laquelle le Messager d’Allah était intervenu en faveur de ce dernier. Puis, ayant dit ce qu’elles avaient à dire, les tantes du Messager d’Allah le quittèrent sur ces mots : « Nous te donnons notre avis. Mais, certes, nous ne sommes que des femmes ».
Le Messager d’Allah convoque les banou Abd El-Mouttalib afin d’obtenir leur protection
Ensuite, le Messager d’Allah fit appel à son cousin Ali et lui dit : « Ô Ali ! Allah m’a ordonné d’avertir mes proches ! Cela ma contrarié, car je sais que, si je les presses, ils agiront de manière detestable. J’ai feint de ne pas entendre, mais Jibril est venu me dire : « Ô Mohammed, si tu ne fais pas ce que ton seigneur t’ordonnes, il te chatiera par le feu ! ». Prépares-nous donc un plat de gruau avec un gigot de mouton ainsi qu’une cruche coupe de lait, puis réunis ici les banou Abd EL-Mouttalib que je leur parle comme il ma été ordonné». Ali éxécuta l’ordre du Messager d’Allah et appela tous les Banou Abd Al-Mouttalib. Ils étaient quarante hommes ou presque ; parmi eux, il y avait ses oncles Abou Talib, Hamza, Al-Abbas et Abd El-Ozza. Lorsqu’ils furent réunis, le Messager d’Allah me demanda d’apporter le plat que j’avais preparer. Le Messager d’Allah prit un morceau de viande qu’il coupa avec ses dents puis le remis dans le plateau. Et il dit : « servez-vous au nom d’Allah ». ils mangèrent à satiété puis le Messager d’Allah demanda à Ali de leur servir à boire. Ali apporta la cruche et ils burent jusqu’à étancher leur soif. Le Messager d’Allah s’appreta alors a prendre la parole, quand Abd El-Ozza s’écri : « il nous a servi un repas ensorcelé ». puis, se tournant vers le Messager d’Allah, il dit : « Nous sommes tes oncles et tes cousins. Parles-nous de ce que tu veux mais pas de ton message ! Sache que ton clan ne pourras pas s’opposer à l’ensemble des arabes. Si tu persistes dans ton entreprise, il vaut mieux que ce soit les tiens qui t’arretes, plutot que les autres clans de Qoraych qui s’en prennes à toi, soutenus par le reste des arabes. Ah,neveu, je ne connais personne qui n’ait fait autant de mal au siens que toi ! ».
Ces paroles laissèrent le Messager d’Allah sans voix. Il renonca à parler ce soir-là et, les jours suivant, se referma sur lui-même, ne cessant de ruminer le propos de Abd El-Ozza. Mais Jibril redescendit le voir, lui rappela son devoir et le réconforta. Alors le Messager d’Allah dit à Ali : « Ali, Abd El-Ozza a pris la parole à ma place et les gens sont partis avant que je n’ai pu dire ce que j’avais à dire. Prepares-nous un autre plat et invites-les à nouveau ». il les invita donc à nouveau. Ils revinrent et s’assirent autour du Messager d’Allah, qui demanda à Ali d’apporter le plat. Il fit comme il avait fait la fois précédente. Ils mangèrent tous à satiété et, lorsqu’ils eurent fini, le Messager d’Allah lui demanda de leur servir à boire. Il rapporta la cruche de lait et ils burent tous jusqu’à étancher leur soif. Puis le Méssager d’Allah dit : « Je rends grâce à Allah. Je le loue et implore son aide. Je croie en lui et m’en remets à lui. Je témoigne qu’il n’y a d’Allah que lui et qui’il est unique et sans associé. Il poursuivi : « le guide ne mens pas aux siens. Par Allah, même si je mentais à tout le monde, je ne vous mentirais pas ! Même si je trompais tout le monde, je ne vous tromperais pas ! Par Allah, qui est unique et sans associé, je suis le Messager d’Allah. Il m’envoie à vous en particulier et aux gens en général. Ô Banou Abd ElMouttalib, je ne connais pas de jeune arabe qui annonce à son peuple d’aussi bonne nouvelle que moi. Je vous offre le meilleur de cette vie et de l’autre. Allah m’a ordonné de vous convier à l’adorer. Par Allah, vous mourrez comme vous dormez et vous ressuciterez comme vous vous reveillez. Vous répondrez de vos actions. Vous trouverez le bien pour le bien que vous avez fait, et le mal pour le mal. Ce sera le paradis eternel ou l’enfer eternel. Vous êtes les premiers avertis. Qui d’entres vous me soutiendra, qui sera mon frère, mon légataire et mon représentant ? ». aucun d’entre eux ne voulu repondre à son appel si ce n’est Ali, le plus jeune d’entre eux qui souffrait des yeux, avait un gros ventre et de maigre jambes. Il se leva et dit : « Ô Messager d’Allah, je serais ton représentant ». Alors le Messager d’Allah lui dit : « Assieds toi ». il répéta son appel trois fois. Ali se leva trois fois et il lui fut dit deux fois : « Assieds toi ». a la troisième, il mit sa main sur la sienne et dit : « C’est mon frère, mon légataire et mon représentant. Ecoutez le et obeissez lui ». Alors Abou Talib dit : « nous aurions aimé pouvoir te soutenir et t’accompagner. Nous avons entendu ton exhortations, qui a renforver notre foi en ta parole. Voici réuni les Banou Abd ElMouttalib. Je suis l’un d’eux, et le premier d’entre eux à aller au devant de tes souhaits. Poursuit donc la tache qui ta été ordonné. Par Allah, je ne cesserais de te protéger et de te defendre. Mais je ne puis renier la religion de Abd ElMouttalib. Je mourrais comme il est mort. Tous les autres eurent des paroles aimables, à l’exceptionde Abd El-Ozza qui dit : « Par Allah tous cela est grave. Ramenez le plutot à la raison avant que d’autres ne s’en prennent à lui. Et dans ce cas si vous l’abandonniez vous serez humilié et si vous le defendiez vous serez tués ». Mais Abou TAlaib répliqua : « Par Allah, nous te protègerons tant que nous vivrons ». les autres se levèrent en plaisantant : « Ne t’a-t-il pas ordonné d’écouter ton fils et de lui obéir ? ».
Le Messager d’Allah appel à l’islam tous les Qoraychites
Le lendemain matin, le Messager d’Allah monta sur le mont Safa puis eleva la voix et appela les mecquois : « Ô! ». Les gens se rassemblèrent autour de lui, les uns ayant entendu son appel, les autres ayant été prévenu.
Certains venant eux-mêmes et les autres envoyant des représentant. Ils lui dirent : « Alors, Mohammed, qu’as-tu à nous dire ? ».
Le Messager d’Allah leur dit alors : «Me croyez-vous si je vous informais que des cavaliers sont en train d’escalader cette montagne pour vous attaquer? ». Ils répondirent : « Oui, nous te croirons, car nous n’avons pas de m éfiance à ton égard. Nous ne t’avons jamais entendu proferer un mensonge !». Il leur dit donc : « Je vous met donc en garde contre un chatiment rigoureux. Ô vous les Banou Abd Elmouttalib ! Ô banou Abd El-Manaf! Ô Banou Zohra! Ô Banou Kaab! Ô Banou Fihr ! Ô Fatima bint Mohammed ! Allah ma ordonné : « Averits tes proches.. ». Je ne peux vous etre d’aucune utilité en ce monde, ni d’aucun secours dans l’au-dela, si ne dites : « il n’y a d’autres dieu que dieu ». c’est alors que son oncle Abd El-Ozza s’écria : « Puisses-tu périr dans la journée, est-ce pour cela que tu nous as rassemblés ? ».
Alors Allah révéla:
“Que périssent les deux mains d’Abou-Lahab et que lui-même périsse. Sa fortune ne lui sert à rien, ni ce qu’il a acquis. Il sera brûlé dans un Feu plein de flammes. De même sa femme, la porteuse de bois, à son cou, une corde de fibres”. (Sourate 111)
RENVOI : Depuis ce jour, Abd El-Ozza sera appelés par les musulmans : « Abou Lahab »
Ibn Ishaq rapporte que les musulmans avaient l’habitude de se retirer ensemble dans les vallées où ils s’adonnaient à l’accomplissement de quelques prières volontaires. Un jour, les idolâtres vinrent provoquer le groupe de prieurs en leur lançant des moqueries si bien que les musulmans y répondirent. Ils en vinrent aux mains et Sa’ad Ibn Abi Waqas frappa un mouchrik avec une mâchoire de chameau et le blessa. Ce fut la première effusion de sang dans l’islam. Les qoreichs montrèrent plus d’aversion lorsqu’ils entendirent que Mohamed aleyhi salat wa salam s’en prenait à la religion de leurs ancêtres. Allah dit à leur propos : “Et c’est ainsi que Nous n’avons pas envoyé avant toi d’avertisseur en une cité sans que ses gens aisés n’aient dit : “Nous avons trouvé nos ancêtres sur une religion et nous suivons leurs traces”. Il dit : “Même si je viens à vous avec une meilleure direction que celle sur laquelle vous avez trouvé vous ancêtres?” Ils dirent : “Nous ne croyons pas au message avec lequel vous avez été envoyés”. (Sourate 43, versets 23/24) Un groupe de notables de Qoreich partit voir Abou Talib et lui demanda de mettre fin aux activités de son neveu et de s’en désavouer.
L’EMIGRATION DES COMPAGNONS VERS L’ABYSSINIE
Les premiers émigrants quittent La Mecque
Lorsque Mohammed vit les persécutions qu’enduraient ses compagnons, et la sécurité dont il jouissait, grâce à Allah et à la protection de son oncle Abou Talib, mais ne pouvant pas empêcher les païens de persécuter les musulmans faibles, il dit à ces derniers : « Et si vous alliez en Abyssinie ? Il y a là-bas un roi qui n’opprime personne ! En outre, c’est une terre de vérité. Allez-y et restez-y jusqu’à ce qu’Allah donne une issue à la situation dans laquelle vous vous trouvez ». Au mois de Rajab, le premier groupe de compagnons se prépara à quitter La Mecque pour l’Abyssinie. Ce groupe était composé de onze hommes et quatre femmes qui étaient sous la responsabilité de Othman ibn Mad’oun :
- Othman ibn ‘Affan et son épouse Ruqaya, la fille de Mohammed
- Abou Houdaïfa ibn ‘Otba et son épouse Sahla bint Souhaïl
- Zoubeïr ibn El Awwam
- Mouç’ab ibn Oumaïr
- Abderrahmane ibn ‘Aouf
- Abou Salama ibn Abdel Assad et son épouse Oum Salama bint Abi Oumeyya
- Othmane ibn Mad’oun
- Amer ibn Rabi’a el Anzi et son épouse Leïla bint Hathma
- Abou Sabra ibn Abi Ruhm
- Hatib ibn ‘Amrou
Alors qu’Amer ibn Rabi’a se prépara pour le grand départ avec son épouse Leïla, il s’absenta un moment pour un besoin urgent et la laissa seule. C’est alors qu’Omar ibn El Khattab monté sur son cheval apparut devant Leïla. Il lui dit : « Alors Leïla ! Vous partez ? ». « Oui » lui répondit-elle « Par Allah ! Nous partons vers une contrée d’Allah puisque vous nous persécutez et voulez nous contraindre à abjurer notre foi ! Nous partons, et Allah nous trouvera une issue ! ». Il lui dit alors : « Qu’Allah vous accompagne ! ». A ce moment, Leïla remarqua une certaine compassion qu’elle ne lui connaissait pas auparavant. Puis, Omar s’éloigna l’air attristé par leur départ. Lorsque son mari Amer revint à elle, elle lui dit : « Ô Abou Abdillah, si tu avais vu Omar tout à l’heure ; il était très compatissant et très attristé par notre départ ». Il lui demanda alors : « Et tu espères qu’il va se convertir ? ». « Oui » répondit-elle. Il s’exclama alors : « Il ne se convertira pas avant que l’âne d’El Khattab ne se soit lui-même converti ! ».
Les partants quittèrent alors La Mecque et arrivèrent à pied, ou à dos de montures jusqu’à la côte, où ils louèrent un bateau à un demi-dinar qui les emmena jusqu’en Abyssinie. N’ayant pas de nouvelles d’Othman et de sa fille Roqaya, Mohammed s’inquiéta pour eux. Mais une femme de qoreich vint peu après rassurer Mohammed et l’informa qu’elle les avait vus alors que Roqaya étaient montée sur un âne et que Othman lui tenait la bride. Le messager d’Allah s’exclama alors : « Qu’Allah leur tienne compagnie ! ‘Othman est le premier à émigrer en compagnie de son épouse après Loth ». Ils arrivèrent en Abyssinie et s’y installèrent discrètement.
La deuxième vague d’émigrants part pour l’Abyssinie
Une deuxième vague d’émigrants ne tarda pas à prendre le départ pour l’Abyssinie mais cette fois, son nombre était beaucoup plus conséquent et comptait parmi eux Ja’far ibn Abi Talib, le cousin de Mohammed. Au moment où ils partirent, Mohammed adressa une lettre au roi d’Abyssinie qu’il envoya par l’intermédiaire d’un messager nommé ‘Amrou ibn Oumeyya ad-Dhamri. Voici son contenu :
« Au nom d’Allah le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux, de Mohammed le messager d’Allah au Négus El Asham, roi d’Abyssinie ; Salut à toi ! Je loue pour toi Allah le Souverain, le Très Saint, Celui qui témoigne de sa propre véridicité, le Vigilant ; Je témoigne que Jésus est l’esprit d’Allah et son verbe qu’il a placé dans la vierge, la chaste et la véridique Marie. Elle est donc tombée enceinte de Jésus, et Allah le créa de son esprit et de son souffle, comme il a créé Adam de Ses mains et de Son souffle. Je t’appelle à Allah l’unique, qui n’a pas d’associé et à Son obéissance ; je t’appelle aussi à me suivre et à croire en moi ainsi qu’en ce qui m’a été révélé, car je suis le messager d’Allah. Je t’ai envoyé mon cousin Ja’far avec un groupe de musulmans ; lorsqu’ils arriveront chez toi, traite-les bien et ne sois pas arrogant. Je t’appelle, ainsi que tes soldats, à la foi en Allah. J’ai transmis et j’ai conseillé ! Acceptez mon conseil, et salut sur ceux qui ont suivi la guidance ».
Les nouveaux émigrants furent :
- Ja’far ibn Abi Talib – Abdallah ibn Mass’oud – Othman ibn Rabi’a – Sa’d ibn Khaoula
- Amrou ibn Saïd et son épouse Fatima bint Sefwane – ‘Amrou ibn Othman – Khounaïs ibn Houdhafa – ‘Oubeïda ibn El Jarrah
- Khalid ibn Saïd et son épouse Oumeyma bint Khalef – Chemmas ibn ‘Othman – Abdallah ibn El Hareth – ‘Amrou ibn Abi Sarh
- Abdallah ibn Jahsh – Hebbar ibn Soufiane – Hicham ibn El ‘As – ‘Iyyad ibn Zouhaïr
- Oubeydallah ibn Jahsh et son épouse Oum Habiba – Abdullah ibn Soufiane – Qaïs ibn Houdhafa – Amrou ibn El Hareth
- Qaïs ibn Abdallah et son épouse Baraka bint Yassir – Hicham ibn Abi Houdaïfa – Abdallah ibn Houdhafa – ‘Othman ibn ‘Abd Ghanam
- Mou’ayqib ibn Abi Fatima – Salama ibn Hicham – Abou Qaïs ibn El Hareth – Sa’ïd ibn ‘Abd Qaïs
- Souhaïl ibn Baïdah et sa mère Da’d bint Djahdem – Iyyache ibn Abi Rabi’a – El Hareth ibn El Hareth – El Hareth ibn ‘Abd Qaïs
- Oqba ibn Ghazwan – Mou’attab ibn ‘Awf – Ma’mar ibn El Hareth – Souwaïbat ibn Sa’d
- Assakrane ibn ‘Amrou et son épouse Sawda bint Zam’a – Qoudama ibn Mad’oun – Essaïb ibn El Hareth
- ‘Amrou ibn Oumaya – Abdullah ibn Mad’oun – Bishr ibn El Hareth
- Touleyb Ibn ‘Omayr – Es-Saïb ibn Othman – Sa’ïd ibn El Hareth
- Djahm ibn Qaïs et son épouse Oum Harmala bint AbdelAsouad – ‘Amer ibn Abi Waqqas – Sa’ïd ibn ‘Amrou
- Abou Roum ibn Omayr – Firas ibn Nadhr – Omaïr ibn Riyab
- Khattab ibn El Hareth et son épouse Fukaïha bint Yessar – ‘Otba ibn Mass’oud – Mahmiyya ibn Jouz
- Hatib ibn El Hareth et son épouse Fatima bint El Moujallil – Yazid ibn Zam’a – Ma’mar ibn Abdallah
- El Mouttalab ibn Azhar et son épouse Ramla bint Abi ‘Awf – ‘Aroua ibn Abdel’Ouzza – Abdallah ibn Souhaïl
- El Hareth ibn Khalid et son épouse Raïta bint El Hareth – ‘Ady ibn Nadhla – Salit ibn ‘Amrou
- Soufiane ibn Ma’mar et son épouse Hassana – Annou’man ibn ‘Ady – El Miqdad ibn El Assouad
- Malek ibn Rabi’a et son épouse ‘Amra bint Assa’di – Abdallah ibn Moukhrama – Abou Hateb ibn ‘Amrou
Ils voyagèrent sous la responsabilité de Jafar ibn Abi Talib et finirent par rejoindre les premiers émigrants en Abyssinie.
Le départ d’Abou Bakr pour l’Abyssinie
La Mecque étant devenue invivable pour lui, Abou Bakr demanda l’autorisation au Mohammed d’émigrer à son tour vers l’Abyssinie, ce qu’il l’autorisa à faire. Il prit donc la route pour l’Abyssinie mais au bout de deux jours de voyage, il rencontra Ibn Doughounna, le chef d’Al Ahbash, un vallon situé au sud de la Mecque. Il le reconnut et lui demanda la raison de son départ. Abou Bakr lui fit part des supplices que lui et ses compagnons avaient subis. Ibn Doughounna connaissant la grande générosité et les qualités humaines d’Abou Bakr, trouva cette situation injuste et lui assura sa protection. Alors il retourna à La Mecque accompagné d’Ibn Doughounna qui proclama sa protection dés son entrée dans la ville. Abou Bakr en profita pour installer une petite mosquée dans la cour de sa maison dans laquelle il prit l’habitude de prier et de réciter le coran à voix haute. Il était de nature très tendre et lorsqu’il récitait le coran, il pleurait et faisait pleurer ceux qui l’écoutaient. Mais sa maison était située dans le quartier des Banu Jumah et les qoreish reçurent vite cette information. Ils se plaignirent auprès d’Ibn Doughounna et lui firent part de leur inquiétude vis-à-vis de son protégé qui risquait fort d’émouvoir les passants par sa récitation. Ibn Doughounna partit voir Abou Bakr pour le convaincre de ne pratiquer qu’à l’intérieur de sa maison, l’informant par la même occasion qu’il ne l’avait pas mis sous sa protection pour qu’il outrage son peuple. Alors Abou Bakr lui rendit sa protection et lui rétorqua que celle d’Allah lui était suffisante. Ensuite Ibn Doughounna s’adressa publiquement aux qoreichs pour les prévenir que sa protection était levée et qu’ils étaient donc libres de disposer de lui comme ils l’entendent. Peu après, profitant de la situation d’insécurité d’Abou Bakr, un insolent parmi les qoreichs lui jeta de la terre sur sa tête. El Walid ibn El Moughira apparut alors et Babou Bakr se plaignit auprès de lui du geste de cet insolent. Il lui fut répondu : « C’est toi qui a voulu cela ». Abou Bakr se mit à dire alors : « Mon Dieu, comme tu es Clément, Mon Dieu, comme tu es Clément, Mon Dieu, comme tu es Clément ».
Qoreich envoie deux émissaires en Abyssinie
A la Mecque, la pression fut telle que les polythéistes décidèrent de s’en prendre aux compagnons qui avaient émigré en Abyssinie. Tandis que la maison d’Arqam était sous étroite surveillance, les polythéistes préoccupés par le risque de propagation de l’islam en Abyssinie, établirent une stratégie. Ils choisirent deux personnes parmi eux comme émissaires : Amr ibnou El‘As et Abdallah ibnou rabi’a. Ils partirent pour l’Abyssinie, emportant avec eux des présents pour le Négus. En Abyssinie, la religion dominante était le christianisme et les personnes influentes auprès du Négus étaient les évêques. Arrivés à destination, ils se rendirent directement auprès des évêques avec les cadeaux. Ils les prévinrent qu’il y avait sur leur territoire des hommes dénués de raison ayant renié leurs dieux et ayant inventé une nouvelle religion. Ils leur dirent également que ces insensés n’adopteraient jamais comme religion le christianisme. Les deux émissaires insistèrent sur le fait que les compagnons de Mohammed ne devaient en aucun cas s’entretenir avec le Négus. Les évêques acceptèrent leur proposition et exposèrent le problème au Négus en le suppliant de livrer les compagnons aux deux émissaires. Le Négus, en colère, refusa de les livrer tant qu’il ne les aurait pas entendus. Alors, les deux émissaires se rendirent eux-mêmes auprès du Négus, se prosternèrent devant lui puis se placèrent l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, et lui dirent : « Un groupe de nos concitoyens s’est installé chez toi et a rejeté son peuple et sa religion ». Il leur dit : « Où sont-ils ? ». Ils lui répondirent : « Ils se sont installés dans ton royaume, convoque les donc ! ». Le Négus convoqua les compagnons ainsi que ses évêques munis de leurs livres. Les compagnons se consultèrent et choisirent Ja’far ibnou abi Talib comme orateur car il avait du charisme et de l’éloquence. Ils s’engagèrent aussi sur le fait de ne dire que la stricte vérité.
La rencontre entre les compagnons et le Négus
Le groupe de compagnons fit son entrée auprès du Négus, le saluèrent mais évitèrent de se prosterner. Les deux émissaires s’adressant à Ja’far lui dirent : « Pourquoi ne te prosternes-tu pas devant le Négus ? ». Il répondit : « Je ne me prosterne que devant Allah ». On lui rétorqua : « Et pourquoi donc ? ». Il répondit : « Allah nous a envoyé un messager qui nous a ordonné de nous prosterner devant personne en dehors de Lui et qui nous a ordonné la prière et la zakat. ». Le Négus leur dit : « Quelle est cette religion qui vous a séparé de votre peuple ». Ja’far répondit : « Nous étions un peuple plongé dans l’ignorance qui adorait des idoles, mangeait des bêtes mortes, commettait des abominations, rompait les liens de parenté, on traitait mal nos voisins, le plus fort parmi nous dévorait le plus faible, jusqu’à ce qu’Allah envoya un Mohammed issu de nous même, de bonne lignée, dont on connaît sa véracité, sa sincérité et sa fiabilité. Il nous appela à nous tourner vers Allah, à attester son unicité, nous a ordonné de dire la vérité, de jeter les pierres et idoles et de se désavouer de ces divinités, de tenir nos promesses, de respecter les liens de parenté et les droits des voisins, de ne pas transgresser les interdits et de ne pas faire couler le sang. Il nous interdit les turpitudes et le faux témoignage ». Ja’far continua d’énumérer toutes les bonnes choses que Mohammed leur avait enseigné et il ajouta : « C’est pour ces raisons que notre peuple nous persécute et nous nous sommes réfugiés chez toi. Nous sommes heureux sous ta protection et nous espérons qu’il en restera ainsi.». Le Négus écouta attentivement Ja’far et lui demanda de lui réciter une partie de ce que Allah leur avait révélé. Alors Ja’far récita plusieurs versets du coran. Le Négus, envoûté par ces paroles, se mit à pleurer jusqu’à mouiller sa barbe. Les évêques pleuraient aussi grâce à la parole d’Allah qui est parole de vérité et inimitable. Ensuite, le Négus dit : «Cela vient de la même source que ce qu’a apporté ‘Aïssa ».Puis, il se tourna vers les deux émissaires à qui il dit qu’il ne les trahirait pas et qu’il ne les leur livrerait pas. Les deux émissaires se retirèrent et Amr ibnou ‘As, qui était un homme habile et malin, dit à son compagnon que le lendemain, il irait revoir le Négus pour lui transmettre un message qui remettrait sûrement en question sa position face aux compagnons. Le lendemain, donc, ‘Amr se présenta devant le Négus et l’informa que ces gens à qui il avait accordé l’asile, proféraient des mensonges énormes sur ‘Aïssa. Le négus les convoqua afin qu’il puisse entendre ce message de leurs propres bouches. Une fois devant lui, il leur posa la question sur ce que ce Mohammed disait à propos de ‘Aïssa.
Ja’far s’avança et récita : « Mentionne dans le coran, Marie quand elle se retire de sa famille en un lieu vers l’orient. Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui Notre Esprit (Jibril), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. Elle dit : « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux ». Il dit : « Je suis en fait un messager de ton seigneur pour te faire don d’un fils pur ». Elle dit : « Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée et que je ne suis pas prostituée ? ». Il dit : « Ainsi sera-t-il ! Cela M’est facile a dit ton seigneur ! Et nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C’est une affaire déjà décidée. Elle devint donc enceinte de l’enfant, et elle se retira avec lui en un lieu éloigné. Puis les douleurs de l’enfantement l’amenèrent au tronc du palmier, et elle dit : « Malheur à moi ! Que je fusse morte avant cet instant ! Et que je fusse totalement oubliée ! ». Alors, il l’appela d’au-dessus d’elle lui disant : « Ne t’afflige pas. Ton seigneur a placé à tes pieds une source. Secoue vers toi le tronc du palmier : il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange donc et bois et que ton œil se réjouisse ! Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis-lui : « Assurément j’ai voué un jeûne au Tout Miséricordieux : je ne parlerais donc aujourd’hui à aucun être humain ». Puis elle vint auprès des siens en le portant (le bébé).Ils dirent : « Ô Marie ! Tu as fais une chose monstrueuse ! Sœur de Haroun, ton père n’était pas un homme de mal et ta mère n’était pas une prostituée ». Elle fit alors un signe vers lui (le bébé). Ils dirent : « Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ? ». Mais le bébé dit : « Je suis vraiment le serviteur d’Allah. Il m’a donné le livre et m’a désigné Mohammed. Où que je sois, il m’a rendu béni : et il m’a recommandé tant que je vivrais la prière et la zakat ; et la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent, ni malheureux. Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrais, et le jour où je serais ressuscité vivant ». Tel est Issa, fils de Marie : parole de vérité dont ils doutent. Il ne convient pas à Allah de s’attribuer un fils. Gloire et pureté à Lui ! Quand il décide d’une chose, Il dit seulement « Sois ! » et elle est. Certes Allah est mon Seigneur tout comme votre Seigneur. Adorez-le donc. Voilà un droit chemin ». Par la suite, les sectes divergèrent entre elles. Alors, malheur aux mécréants lors de la vue d’un jour terrible ! (Sourate 19, versets 16 à 37).
Après avoir entendu tout ceci, le négus saisit un morceau de bois et dit : « Par Allah ! Jésus ne dépasse pas la longueur de ce bâton par rapport à tout ce que tu viens de dire ». Les évêques, témoins de la scène montrèrent des signes de mécontentement alors le négus leur dit : « Vous pouvez toujours grogner ! Il ne dépasse pas ! ». Il se tourna ensuite vers les musulmans à qui il dit : « Vous êtes libres et en sécurité dans mon pays. Quand bien même on venait m’offrir des montagnes d’or, je ne vous livrerais pas ». Ensuite, il se tourna vers Abdallah et ‘Amr et s’exclama : « Rendez à ces deux là leurs cadeaux car je n’en n’ai que faire ! ».
La conversion du négus et la révolte de son peuple contre lui
L’information selon laquelle le négus avait affirmé que Jésus n’était qu’un messager se propagea parmi la population et cela créa un trouble parmi les gens. Entre temps, le négus convoqua Ja’far pour apprendre de lui certains enseignements de l’islam qu’il ne tarda pas à embrasser. Il garda secret sa conversion et conserva chez lui des parchemins sur lesquels étaient inscrits des versets coraniques. Aussi, le négus envoya à son tour une lettre au Mohammed en réponse à celle qu’il avait reçu avant la rencontre avec les compagnons. Voici son contenu :
« Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux ; A Mohammed le messager d’Allah, de la part du négus El Asham ibn Abdjar. Que le salut d’Allah soit sur toi, Ô messager d’Allah ainsi que Sa miséricorde et Sa bénédiction. Il n’y a de dieu qu’Allah qui m’a guidé vers l’islam. Ton message m’est parvenu Ô messager d’Allah, en ce qui concerne ta conception de Jésus, et je jure par le seigneur des cieux et de la terre, qu’il n’est pas plus que ce que tu viens de dire ! Nous sommes conscients de la raison de l’envoi de ta délégation et nous avons reçu ton cousin et ses compagnons avec l’honneur qui convient à leur rang. Je témoigne que tu es le messager d’Allah sincère et véridique ! Je t’ai fais allégeance et j’ai fais allégeance à ton cousin, en me soumettant devant lui, au seigneur des univers. Je t’envoie, Ô messager d’Allah Ariha ibn El Ashem ibn Abdjar, car je ne suis maître que de moi-même ; et si tu veux que je vienne, Ô messager d’Allah, je le ferais car je témoigne que ce que tu dis est la vérité ».
L’atmosphère commença à être vraiment tendue si bien que Najashi décida de convoquer son entourage dans l’espoir de calmer la situation. Une fois réunis, il leur dit : « Quel est donc votre problème ? ». Ils répondirent : « Tu as affirmé quelque chose qui ne va pas sur Jésus et qui est contraire à ce que nous disons de lui ». « Et que dites-vous de lui ? » rétorqua le négus. Ils répondirent : « Nous disons qu’il est le fils de Dieu ». Avant qu’ils ne se rencontrent, le négus avait pris soin de glisser un petit feuillet dans sa tunique au niveau de sa poitrine sur lequel étaient inscrits des versets coraniques. C’est donc en toute sérénité qu’il put leur répondre tout en posant la main sur sa poitrine : « Moi, je suis sur ceci ». Les évêques, pensant que le négus avait acquiescé leur dernière parole furent satisfaits et le quittèrent.
Mais malgré cela, certains évêques restèrent sur les paroles qu’avaient tenues le négus la première fois et ne furent guère convaincus par sa seconde intervention. Alors, ils assemblèrent une armée contre lui. De son côté, le négus en fit autant dans le but d’étouffer cette rébellion. Les deux armées se rencontrèrent tout proche du Nil (hadith Oum Salama selon Ahmed). Les compagnons quant à eux, vivaient de l’autre côté de la rive. Ils étaient très soucieux de savoir qui sortirait victorieux de cet affrontement car leur avenir en dépendait. Zoubeyr ibn el Awwam, qui était alors encore tout jeune fut désigné pour partir aux renseignements. On accrocha à son cou une outre en peau qu’on avait préalablement gonflée. Puis il plongea dans le Nil et nagea jusqu’à ce qu’il eut atteint l’autre côté du fleuve, là où se déroulait le combat. Après avoir été témoin de la bataille, il regagna les siens qu’il trouva encore sur place en train d’invoquer Allah pour la victoire du négus. Zoubeyr leur apporta alors la bonne nouvelle que le négus avait triomphé et étouffé cette révolte. A partir de là, ils continuèrent à vivre paisiblement en Abyssinie. Les deux émissaires qoreychites revinrent d’Abyssinie sans n’avoir rien obtenu de la part du Négus. De retour à La Mecque, Amr ibn El ‘As resta dans sa maison, sans vouloir sortir de chez lui. Les gens commencèrent à se poser des questions sur son comportement. Il finit par sortir et leur dit : « Asham prétend que votre compagnon est un Mohammed ».
Quand Jibril est venu annoncer au Mohammed la mort du négus, celui-ci se trouvait à Médine. Il réunit ses compagnons et accomplit avec eux la prière de janaza sur l’absent. En effet, vu la situation, et compte tenu de l’entourage du négus, personne n’avait pu prier sur lui la prière de janaza.
LA CONVERSION A L’ISLAM DE ‘OMAR IBN EL KHATTAB
Quelques jours après le retour des deux émissaires qoreichites, Omar ibn El Khattab partit à la recherche de Mohammed et de ses compagnons, l’air farouche et l’épée à la main. On l’avait auparavant informé qu’ils étaient réunis dans une maison près du mont Safa. Alors qu’ils étaient plus de quarante hommes et femmes. Sur son chemin, il rencontra Nou’aym ibn Abdallah, un membre de son clan qui lui demanda où il se rendait. Alors Omar lui répondit : « Je suis à la recherche de Mohammed, celui qui a abandonné la religion de ses ancêtres, qui a divisé les rangs de qoreich, flétri leur religion et insulté leur divinités, pour le tuer ! ». Nu’aym, qui lui avait caché sa conversion à l’islam au banou ‘Ady, lui dit : « Par Allah ! Ton âme t’a induit en erreur, Ô Omar ! Crois-tu que les banou Abdemanaf te laisseront marcher tranquillement sur la terre, alors que tu auras tué Mohammed ? Il vaut mieux que tu reviennes chez toi et que tu t’occupes de ce qui s’y passe ! ». Omar très étonné lui demanda : « Qu’est ce qui s’y passe ? ». Nou’aym lui répondit : « Ton beau-frère et cousin Sa’ïd ibn Zayd ainsi que ta sœur Fatima se sont convertis et ont suivi Mohammed et sa religion. Occupe toi plutôt de cette affaire ! ».
Omar rebroussa chemin et se dirigea vers la maison de sa sœur Fatima. Or, celle-ci et son époux se trouvaient avec El Khabbab ibn El Areth qui était en train de leur enseigna la sourate « TA HA ». Lorsqu’ils entendirent les pas d’Omar, Khabbab se cacha dans une chambre, alors que Fatima prit le feuillet du coran et le cacha sous sa robe. Or, en s’approchant de la porte, Omar avait entendu la voix d’El Khabbab récitant le coran. En entrant, il dit à sa sœur : « Quelle est cette voix que je viens d’entendre ? ». Elle lui répondit : « Il n’y a aucune voix ». Furieux, il lui répondit : « Si, par Allah j’ai entendu une voix ! D’ailleurs on m’a informé que vous suiviez la religion de Mohammed ». Il tenta alors de frapper son beau-frère Sa’id mais elle s’interposa entre eux pour protéger son époux, et Omar la frappa la blessant au visage. Ils crièrent alors sur lui en lui disant : « Oui, nous avons cru en Allah et nous avons suivi Son messager ! Fais maintenant ce que bon te semble ! ». En voyant le sang couler du visage de sa sœur, Omar se calma et regretta son geste. Il dit à Fatima : « Donne-moi ce feuillet que vous étiez en train de lire pour voir ce que Mohammed a apporté ! ». Fatima lui répondit : « Nous craignons que tu le déchires ! ». Il lui répondit : « Ne crains rien ». Et il lui jura par ses divinités qu’il le lui rendrait dès qu’il l’aurait lu. En disant cela, sa sœur décela en lui une intention louable et désira sa conversion. Elle ajouta : « Ô mon frère ! Tu es souillé dans ton polythéisme ! Or, ce coran ne peut être touché que par les purifiés ». Il se lava alors et elle lui donna le feuillet dans lequel se trouvait la sourate TA HA. En lisant quelques versets, il s’exclama : « Qu’elles sont belles et nobles ces paroles ! ».
En entendant cela, El Khabbeb sortit de sa cachette et dit à Omar : « Par Allah, Ô Omar ! Je souhaite que l’invocation du messager d’Allah s’applique à toi ! En effet, je l’ai entendu hier invoquer Allah en disant : « Mon Dieu, fortifie l’islam par Ab El Hakam ibn Hicham ou par ‘Omar ibn El Khattab ! Allah, Allah, Ô Omar ! ». Omar dit alors : « Montrez-moi où se trouve Mohammed afin que j’aille le trouver et me convertir ». El Khabbab lui dit : « Il est dans une maison devant As-Safa avec ses compagnons ». Il prit alors son épée, la brandit, et se dirigea vers la maison indiquée.
Lorsqu’il frappa à la porte, un homme musulman se leva et alla voir à travers le trou de la porte. En voyant ‘Omar l’épée à la main, il fut terrorisé ; il revint en courant vers Mohammed et lui dit : « Ô messager d’Allah, ‘Omar ibn El Khattab est là, brandissant son épée ! ». Hamza dit alors : « Laisse-le entrer ! S’il a de bonnes intentions, nous l’accueillerons comme il faut, mais s’il est animé de mauvaises intentions, nous le tuerons avec sa propre épée ! ». Mohammed demanda alors à l’homme de le laisser entrer. A peine ‘Omar fut-il entré, que Mohammed se leva et alla vers lui, le prit par les pans de son manteau, et le secoua vigoureusement en lui disant : « Qu’est-ce qui t’amène Ô ibn El Khattab ? Par Allah, tu ne cesseras donc ton hostilité qu’après qu’Allah ait fait descendre sur toi un châtiment ? ». Omar lui répondit : « Ô messager d’Allah ! Je suis venu pour croire en Allah, en son messager et en ce qui vient d’Allah ». L’envoyé d’Allah lança alors un takbir qui fit comprendre aux gens présents dans la maison que ‘Omar venait de se convertir. Les compagnons de Mohammed se dispersèrent alors, fortifiés dans leur foi et leur engagement, par la conversion de ‘Omar, après celle de Hamza. Ils surent que ces deux hommes allaient protéger Mohammed et faire face à leurs ennemis avec force et vigueur.
Ensuite, ‘Omar demanda aux compagnons quel était parmi les qoreichites, celui qui répandait le mieux les nouvelles. Il lui fut répondu que c’était Jamil ibn Ma’mar El Djoumhi ». Le lendemain matin, il alla à sa recherche jusqu’à ce qu’il l’eut rencontré. Il lui dit alors : « Sais-tu Ô Jamil, que je me suis converti à l’islam et que j’ai suivi Mohammed ? ». Avant que ‘Omar n’ait terminé ce qu’il avait l’intention de lui dire, Jamil se mit à courir en traînant son manteau. ‘Omar courra derrière lui jusqu’à ce qu’ils arrivèrent devant la porte de la kaaba. Jamil se mit alors à hurler en direction des dignitaires de qoreich réunis sur le parvis de la kaaba : « Ô gens de qoreich ! Ibn El Khattab vient d’abandonner votre religion ! ». Mais ‘Omar qui était derrière lui leur dit : « Il ment ! Je me suis soumis à Allah et j’ai témoigné qu’il n’y a de dieu qu’Allah et que Mohammed est le messager d’Allah ! ». Ils se ruèrent alors sur lui et une lutte s’engagea entre eux et lui, jusqu’à ce que le soleil soit au dessus de leurs têtes. Fatigué, ‘Omar s’assit par terre en leur disant, alors qu’ils l’entouraient, l’air hostile : « Faites ce que bon vous semble, je jure par Allah que si nous étions trois cents hommes, nous aurions réglés l’affaire avec vous tous ». Tandis qu’ils étaient ainsi, un vieil homme de qoreich nommé El’As ibn Wail Assahmi et vêtu d’une robe de soie noire et d’un manteau bariolé, arriva et leur dit : « Que se passe t-il ? » Ils lui répondirent : « ‘Omar vient d’abandonner la religion de nos ancêtres ! ». Il leur répliqua : « Et après ? Cet homme a choisi une chose pour lui, de quoi vous mêlez-vous ? Croyez-vous que les banou ‘Ady vont vous abandonner ainsi que votre compagnon ? Laissez cet homme tranquille ! ».
L’incident de la fausse rumeur et le retour des émigrants à La Mecque
Au mois de Chawal de cette même année, alors qu’ils étaient installés dans le royaume du négus depuis presque trois mois, certains émigrants dont le nombre est évalué à 39, décidèrent de retourner à la Mecque lorsqu’ils apprirent que Mohammed s’était réconcilié avec Qoraïch mettant ainsi fin à l’oppression des musulmans. Mais ceci n’était que fausse rumeur.
En effet, Mohammed récita un jour autour de la Ka’ba la sourate de l’Etoile. Arrivé au verset qui dit : « Avez-vous considéré Al Lat et al ‘Ozza et l’autre, Manat, la troisième ? » (Sourate 53, versets 19/20). Satan leur fit entendre : « Ces grandes idoles qu’il serait louable de demander leur intercession ». Ils crurent que ces paroles provenaient de Mohammed qui voulait les glorifier. Quand il se prosterna à la fin de la sourate, ils firent de même au point qu’Al-s bin Al-Moughira, le plus âgé d’entre eux, prit une poignée de sable et se prosterna dessus. Les gens se séparèrent ensuite et le Messager d’Allah apprit que les polythéistes s’étaient prosternés parce qu’ils avaient entendu des paroles dans lesquelles Mohammed aurait chanté les louanges d’Al Lat et al ‘Ouzza. Cette nouvelle chagrina Mohammed mais sa tristesse ne dura pas longtemps puisqu’Allah révéla le verset suivant : « Nous n’avons envoyé avant toi ni Mohammed, ni apôtre sans que le Démon intervienne dans ses désirs. Mais Allah abroge ce que lance le Démon. Allah confirme ensuite ses versets. Allah est celui qui sait, il est sage » (Sourate 22, verset 52). Ce verset eut pour effet d’alléger Mohammed de toute peur et chagrin puisque le Seigneur lui apprit que ceci n’eut lieu que parce que ce sont des actes que les Mohammeds affrontent pour de nobles raisons que le Seigneur connait. A l’approche de la Mecque, les émigrés surent que l’islamisation des gens de la Mecque n’était pas véritable et que les polythéistes étaient encore des mécréants et étaient en train de traiter les musulmans avec plus de cruauté. Ils ne purent s’introduire à la Mecque que clandestinement pour éviter d’affronter des préjudices et des tortures. Ils décidèrent donc de retourner en Abyssinie.
Les 39 émigrants qui revinrent à La Mecque suite à la fausse rumeur :
- Othman ibn ‘Affane et son épouse Roqaya – Mouss’ab ibn ‘Oumayr – ‘Ammar ibn Yassir
- Abou Houdaïfa ibn ‘Otba et son épouse Sahla bint Souhaïl – Souwaïbat ibn Sa’d – Mou’attab ibn ‘Awf
- Abdallah ibn Jahsh – Touleyb ibn ‘Oumaïr – Othman ibn Mad’oun
- ‘Otba ibn Ghazwan – Abderrahman ibn ‘Awf – Es-saïb ibn ‘Othman
- Zoubayr ibn El Awwam – El Miqdad ibn ‘Amrou – Qudama ibn Mad’oun
- Abou Salama ibn El Assad et son épouse Oum salama bint Abi Oumeyya – ‘Abdallah ibn Mass’oud – Abdallah ibn Mad’oun
- Amir ibn Rabi’a et son épouse Leïla bint Abi Khathma – Chemmas ibn ‘Othman – Khounaïs ibn Houdhafa
- Abou Sabra ibn Abi Rouhm et son épouse Oum Kelthoum bint Souhaïl – Salama ibn Hicham – Hicham ibn El ‘As
- Es-Sakrane ibn ‘Amrou et son épouse Sawda bint Zam’a – Sa’d ibn Khaoula – Abou ‘Oubaïdah ibn El Jarrah
- Abdallah ibn Souhaïl – Souhaïl ibn Baïdah – ‘Amrou ibn Abi Sarh
- ‘Amrou ibn El Hareth – ‘Iyyache ibn Abi Rabi’a – Abdallah ibn Moukhrama
Parmi eux, certains furent emprisonnés dès leur entrée dans La Mecque par des membres de leurs clans. Ce fut le cas de : Salama ibn Hicham, ‘Iyyache ibn Abi Rabi’a, Hicham ibn El ‘As, et Abdallah ibn Souhaïl.
La naissance d’Aïcha, la mère des croyants
LE DEBUT DU BLOCUS ET DE LA QUARANTAINE INFLIGEE AUX BANOU HACHIM
Les qoreishs décidèrent d’isoler Mohammed aleyhi salat wa salam et ses compagnons en jetant l’interdit sur eux. Personne n’avait le droit de commercer avec eux, ni de s’unir par les liens du mariage. Ceci fut également valable pour tous ceux qui les soutiendraient. Abou Talib réunit alors les banu hachim, les banou Abdelmouttalib, et les banou Abdemanaf afin de les convaincre de ne pas participer à ce blocus. Par fierté et attachement à leurs liens de parenté, ils acceptèrent. Abou Jahal leur fit donc subir à eux aussi cet interdit qu’il fit suspendre solennellement dans la kaaba. Abou Talib appela les tribus victimes du blocus, et toutes se retirèrent dans un vallon assez éloigné de la Mecque qui porte aujourd’hui son nom.
Sa première rencontre avec les médinois de la tribu d’Aws ibn Haritha (Dhul hijja)
Les conflits entre les deux clans de Médine, les aws et les khazraj ne s’apaisèrent guère si bien que la tribu d’Aws décida de chercher une alliance auprès des qoreichs contre les khazrajs. Ils profitèrent du pèlerinage pour envoyer à La Mecque une délégation composée de jeunes hommes chargés de cette mission sous le commandement d’Abou Haithan. Quand ils arrivèrent à La Mecque, ils exposèrent leur cas aux qoreichs qui tardèrent à leur rendre une réponse. Entretemps, ils firent la rencontre de Mohammed qui s’adressa à eux en ces termes : « Etes-vous disposés à recevoir quelque chose de meilleur que ce dont quoi vous êtes venus chercher ? ». « Quoi donc ? » lui répondirent-ils. Mohammed déclina alors son identité et leur exposa son message. Quand il eut terminé, un jeune homme nommé Iyas ibn Mou’adh s’écria : « Par Allah ! Voici ce qui est meilleur que ce que nous sommes venus chercher ici ! ». Abou El Haïssar, le chef des Aws, prit dans sa main une motte de terre et la lança au visage de Iyas en disant : « Non ! Nous ne sommes pas venus pour cela ». (Renvoi : parler de la mort de Iyas quelques temps après son retour à Médine lors de la bataille de Bou’ath)
Sa rencontre avec Souhayd ibn Samit
Mohammed, de son côté, continua à répandre son message à tout homme de bonne condition. Il se présenta à un notable nommé Souhayd ibn Samit surnommé par sa tribu : « Le complet » (El kamil). Il était un grand expert en poésie. Mohammed s’adressa alors à lui : « Ya Souhayd ! J’ai quelque chose à te dire ». Mais ce dernier refusa de lui prêter l’oreille et prétendit qu’il possédait mieux que ce que Mohammed s’était apprêté à lui faire écouter avant même de savoir de quoi il s’agissait. Mohammed ne rétorqua pas et lui indiqua qu’il était prêt à l’écouter. Alors, Souhayd sortit un parchemin hérité de ses ancêtres et commença à lui lire les recommandations de Loqman à son fils. Après qu’il eut terminé, Mohammed lui dit : « Ce sont de très belles paroles que tu as là cependant, j’ai quelque chose de meilleur encore ». (Renvoi : Les paroles de Loqman sont de deux sortes) inclure les versets Sourate Loqman traitant du fiqh. Mohammed se mit alors à lui réciter la partie qui lui manquait, à savoir les recommandations de Loqman à son fils mais traitant de la croyance. Quand il eut terminé, Souhayd fut obligé d’admettre que ce que lui avait apporté Mohammed était excellent sans pourtant ajouter foi en lui, plutôt, il le quitta sans rien dire de plus. (Il mourra à Bou’ath).
LA BATAILLE DE BOUATH OPPOSANT LES AWS AUX KHAZRAJS
La fin du blocus et de la quarantaine infligée aux banou Hachim
Le blocus dura trois ans durant lesquels les victimes souffrirent de la faim et de la privation. Il ne fut pourtant pas respecté intégralement. En effet, des notables de la famille des opprimés leur envoyèrent discrètement des provisions durant la nuit. Ce fut le cas par exemple de Hakim Ibn Hizam et de El Mout’im Ibn Adyy. Parmi les victimes, il y avait des musulmans et des non musulmans car ils étaient tous issus de la même tribu. Il ne fut pourtant pas respecté intégralement. En effet, des notables de la famille des opprimés envoyèrent discrètement des provisions durant la nuit. Ce fut le cas par exemple de Hakim Ibn Hizam ibnou khouwaïlid qui, un jour, accompagné de son esclave qui portait un sac de blé allait le donner à Abou Talib. Abou Jahl qui était le plus virulent, leur barra le chemin et leur demanda ou il allait. Hakim lui répondit que cette affaire ne le concernait pas et Abou Jahl le menaça de le dénoncer pour sa traîtrise. Durant cette dispute, un homme appelé Aboul Boukhtouri ibnou Hicham ibnou Harith ibnou Asad qui avait de la sympathie pour Abou Talib, leur demanda la cause de leur dispute. Hakim lui répondit qu’il apporte ce blé appartenant à sa tante Khadîdja. Abou Jahl démenti cela en affirmant que ce blé reviendrait à Mohammed. Aboul Boukhtouri dit à Abou Jahl que cela ne le concerne nullement. Abou Jahl le provoqua physiquement, puis Aboul boukhtouri, en colère le frappa violement avec une mâchoire de chameau. D’autres notables aidaient le clan de Abou Talib parmi lesquels El Mout’am Ibn Ady et d’autres. Un jour, un des notables de la Mecque, Hicham ibnou ‘Amar ibnou Rabi’a ibnoul harith, qui aidait le clan de Abou Talib, demanda à Zouhir s’il était heureux de bien manger et dormir alors que ses proches mourraient de faim. Zouhir, par mécontentement et jalousie, lui dit qu’il fallait qu’il trouve une 3ème personne pour l’aider à arrêter ce blocus. Ils se mirent à chercher une personne pour les soutenir et hicham trouva un soutien en la personne de Mout’am. Ce dernier lui donna la condition de son soutien s’il y a une 4ème personne. Ensuite, hicham alla trouver Aboul boukhtouri. Ce dernier lui donna la condition de son soutien s’il y avait une 5ème personne. Puis, hicham trouva zouni’a ibnou moutalib. Ils se réunirent tous et mirent en place une stratégie. Ils nommèrent Zouhir comme porte parole ou orateur. Le lendemain, les polythéistes étaient réunis en cercle près de la Kaaba et Zouhir, vêtu d’une belle tunique, fit le tawaf, se tourna vers le cercle et leur pria d’arrêter ce blocus et les menaça de ne plus s’asseoir avec eux tant qu’ils ne déchiraient pas le document accroché dans la kaaba. Abou Jahl se leva et protesta. Zouni’a se leva et confirma les paroles de Zouhir. Abou Jahl se leva de nouveau pour protester et au tour de Aboul Boukhtouri de confirmer les paroles de Zouhir. Abou Jahl se leva de nouveau et c’est au tour de Mout’am de le contrer. Quand les gens virent que 5 parmi eux étaient d’accord contre seulement 1, ils furent influencés et se rangèrent du côté du plus grand nombre. Alors, Mout’am entra dans la Kaaba pour déchirer le parchemin et étonnement il trouva le document rongé par les termites sauf un petit morceau ou on pouvait lire : « Bismika Allah ». A la suite de ça, le blocus fut annulé et un groupe alla porter la bonne nouvelle au clan d’Abou Talib.
LA PERSISTANCE DE QOREICH DANS LEUR MECREANCE
La lune se fend en deux
Après ceci, ils défièrent Mohammed de leur montrer un vrai signe. Mohammed leur dit alors : « Si je demande à la lune de se fendre en deux, allez-vous enfin croire en mon message ? ». Ils répondirent par l’affirmative et se donnèrent rendez-vous avec Mohammed un soir de pleine lune. Le jour venu, alors que tout le monde était regroupé, Mohammed invoqua Allah. Aussitôt, la lune se coupa en deux parties. L’une d’elle alla se loger du côté droit de la montagne, et l’autre du côté gauche. (Verset : l’heure approche et la lune s’est fendue). (Renvoi : Ibn el Qayim rapporte que dans certaines contrées du monde, les gens commencèrent leur calendrier à partir de cet événement).
Sa rencontre avec Ruqana le lutteur
Aussi, Mohammed rencontra un jour un homme nommé Ruqana. C’était un lutteur très fort qui défia en duel Mohammed. Avant d’accepter ce défi Mohammed lui dit : « Me croiras-tu si je te met à terre ? ». « Oui » lui répondit-il. Alors, par trois fois Mohammed le mit à terre et comme à l’accoutumée Ruqana ne tint pas parole mais au lieu de cela lui dit : « Je ne te croirais que lorsque cet arbre aura parlé !». Alors, l’arbre qu’il avait désigné prononça l’attestation de foi, ce qui fit dire à Ruqana : « Par Dieu, tu es un vrai sorcier ! ».
Rien n’y faisait, les cœurs des qoreichs étaient de toute évidence, trop durs. Alors Mohammed chercha une issue à l’extérieur de La Mecque. Il profita de la période du pèlerinage pour transmettre son message aux tribus. A cet effet, un homme nommé Rabi’ ibn Abbed ad-daili raconta : « J’ai vu Mohammed dans le marché de Dhil Majaj alors que j’étais en compagnie de mon père. Derrière Mohammed un homme blanc touché par un strabisme s’adressait aux gens et leur disait : « Ne le croyez pas…. » A ma demande, mon père m’informa qu’il s’agissait de son propre oncle Abou Lahab qui passait tout son temps à cette activité. ».
La mort de Khadija
La mort de Abou Talib
Puis, 35 jours après la mort de Khadija, Abou Talib mourut suite à une maladie. Encore à l’agonie, Abou Jahl alla le voir et trouva Mohammed à son chevet qui le suppliait de prononcer la shahada. Abou Jahl, de son coté, le sermonnait sur le fait de ne pas renier ses croyances sur les idoles. Malgré cela Mohammed n’arrêta pas ses supplications. Mais, Abou Talib mourut sans prononcer ses paroles. Mohammed dit ensuite qu’il ne cesserait d’implorer le pardon pour Abou Talib jusqu’à ce qu’Allah lui signale d’arrêter. Puis Allah révéla au Mohammed le verset suivant : « Il n’appartient pas au Mohammed et aux croyants d’implorer le pardon en faveur des associateurs, fussent-ils des parents alors qu’il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l’enfer » (Sourate 9 verset113). Allah a révélé ceci pour dire que l’islam n’est une religion seulement de paroles car Abou Talib a aimé Mohammed en tant qu’hommes et non en tant que Mohammed et il l’a protégé car il était son neveu et n’a pas suivi le message. Au contraire il a suivi les ennemis d’Allah. Abou Talib était un soutien pour Mohammed à l’extérieur de sa maison et khadija était un soutien à l’intérieur. Cette année fut appelée « année de tristesse ». Mohammed perdit donc une double protection et était en proie à de plus fortes persécutions. En effet, lorsqu’Abou Talib mourût, certains insensés parmi les qoreichs, prirent de la terre et la jetèrent sur lui, alors qu’il était en train de prier. Il retourna chez lui, où Fatima se mit à lui essuyer la terre de son visage en pleurant. Mais Mohammed lui dit : « Ne pleure pas, ô ma fille car Allah protège ton père ».
Abou Lahab, par orgueil accorde sa protection au Mohammed pour un temps
Après la mort d’Abou Talib, Mohammed resta chez lui et diminua ses sorties. Les qoreichites lui firent alors subir ce qu’ils n’avaient pas pu lui faire subir auparavant. Abou Lahab vint alors chez lui et lui dit : « Ô Mohammed ! Continue à faire ce que tu faisais du vivant d’Abou Talib. Par Allât, personne n’arrivera à toi jusqu’à ce que je meure ! ». Un jour, un homme nommé ibn Ghaytala injuria Mohammed. Apprenant cela, Abou Lahab alla le voir et le frappa. Celui-ci courût alors vers ses concitoyens, en criant : « Ô qoreichites, Abou ‘Otba vient d’apostasier ! ». Les qoreichites allèrent voir Abou Lahab et lui demandèrent des explications sur cela. Il leur dit : « Je n’ai pas quitté la religion d’AbdelMouttalib, mais je protège mon neveu afin qu’il ne lui soit pas fais du tort ». Ils lui répondirent : « Tu as raison et tu as respecté les liens de parenté ». Mohammed demeura ainsi durant plusieurs jours sans qu’aucun qoreichite ne s’en prenne à lui, par crainte d’Abou Lahab. Un jour cependant, Oqba ibn Abi Mou’ayt et Abou Jahl vinrent chez Abou Lahab et lui dirent : « Ton neveu t’a-t-il dit dans quel endroit sera ton père ? ». Celui-ci alla voir Mohammed et lui demanda : « Ô Mohammed, à quel endroit sera AbdelMouttalib ? ». Il lui répondit : « Avec son peuple ». Abou Lahab sortit vers ses deux comparses et leur dit : « Je viens de lui poser la question, et il m’a répondu qu’il sera avec son peuple ». Ils lui dirent alors : « Nous l’avons entendu dire qu’il sera dans le feu ! ». Abou Lahab revient vers son neveu et lui dit : « Ô Mohammed, AbdelMouttalib entrera t-il dans le feu ? ». Il lui répondit alors : « Tous ceux qui mourront d’après les croyances selon lesquelles est mort AbdelMouttalib entreront dans le feu ». Abou Lahab s’exclama alors : « Par Allah, je serais toujours pour toi un ennemi, tant que tu prétendras que AbdelMouttalib sera dans le feu ! ».
Sa visite à Taif
Shawwal
L’APPEL DU PROPHETE AUX TRIBUS VENUES DE L’EXTERIEUR DE LA MECQUE
Dhul hijja
Mohammed s’adressa un jour à son oncle El Abbas et lui dit : « Je ne vois pas de protection pour moi ni de ta part, ni de la part de ton frère. Veux-tu donc sortir au marché avec moi demain, afin d’aller voir les tribus dans leurs campements ? Le lendemain, El ‘Abbas leur présenta les tribus présentes. Il lui dit : « Voici Kinda, la meilleure tribu du Yémen qui vient faire le pèlerinage ; voici le campement des Bakr ibn Wa-il, et voici les demeures des Banou ‘amer ibn Sa’sa’a. Choisis donc celle que tu veux voir ».
Sa rencontre avec les pèlerins de la tribu Kinda
Mohammed se dirigea vers le campement de la tribu de Kinda alors que se trouvait parmi eux leur maître nommé Moulayh. Mohammed leur dit : « De quel pays venez-vous ? ». « Du Yémen » répondirent-ils. « De quelle région du Yémen ? » leur demanda t-il ? « De Kinda » répondirent-ils. « Et de quelle tribu de Kinda ? » ajouta t-il ? « Des banou ‘Amrou ibn Mou’awiya » répondirent-ils. Il leur dit alors : « Voulez-vous obtenir quelque chose de bien ? ». « De quoi s’agit-il ? » lui répondirent-ils. Il leur dit : « Vous témoignez qu’il n’y a de dieu qu’Allah, vous accomplissez la prière, et vous croyez en ce qui vient de la part d’Allah ». Ils lui dirent alors : « Es-tu venu pour nous détourner de nos divinités et pour que nous entrions en conflit avec les arabes ? Retourne vers ton peuple, nous n’avons pas besoin de ce que tu nous apportes ».
Sa rencontre avec les pèlerins de la tribu des banou Bakr ibn Wa-ïl
Il alla ensuite auprès des Bakr ibn Wa-ïl et leur dit : « De quelle tribu êtes-vous ? ». « Nous sommes les Bakr ibn Wa-ïl » lui répondirent-ils. « De quel clan des Bakr ibn Wa-ïl ? » ajouta t-il. « Des banou Qays ibn Tha’laba » répondirent t-ils. « Quel est votre nombre ? » leur dit-il. « Nous sommes nombreux comme la terre humide » répondirent-ils. Il leur dit alors : « Avez-vous une protection à accorder ? ». Ils répondirent : « Il n’y a aucune protection, nous sommes les voisins des perses, et nous ne sommes pas à l’abri de leurs agressions ni ne pouvons les agresser ». Il leur dit alors : « Si Allah vous laisse en vie jusqu’à ce que vous arriviez à conquérir leurs demeures, à épouser leurs femmes, et à rendre captifs leurs enfants, seriez vous en mesure de le louer 33 fois, de le glorifier 33 fois, et de l’exalter 34 fois ? ». Ils lui rétorquèrent « Qui es-tu ? ». Il répondit : « Je suis le messager d’Allah ». Puis, il les quitta. A peine sorti de chez eux, Abou Lahab, qui suivait son neveu partout où il allait, (Renvoi : indiquer le hadith de Rabi’ah ibn Ibad et expliquer le travail de Abou Lahab et ses intentions) entra chez les banou Bakr qui lui dirent : « Connais-tu cet homme ? ». « Oui… répondit-il, …il appartient à la noblesse parmi nous, que voulez-vous savoir sur lui ? ». Ils l’informèrent alors de ce que Mohammed leur avait proposé en lui disant : « Il prétend qu’il est le messager d’Allah ». Abou Lahab leur dit alors : « N’écoutez pas ce qu’il dit car il est fou et il délire ». Ils lui répondirent : « Nous avons remarqué cela quand il nous a parlé des perses ».
Sa rencontre avec les pèlerins de la tribu Kalb
Il se rendit ensuite dans le campement de la tribu de Kalb nommée « les Banou Abdallah ». Leur campement était situé au niveau des ravins de La Mecque. Il les appela en sollicitant leur soutien et alla jusqu’à leur dire : « Ô banou Abdallah, Allah a rendu excellent le nom de votre père ». Mais ils refusèrent de l’écouter.
Sa rencontre avec les pèlerins de la tribu Hanifa
Il alla voir ensuite les banou Hanifa dans leur campement et les appela à Allah en sollicitant leur assistance pour pouvoir poursuivre sa mission mais leur refus et leur accueil furent les plus méchants de tous les arabes.
Sa rencontre avec les banou ‘Amer ibn Sa’sa’a
Mohammed se présenta à la tribu des banou ‘Amer ibn Sa’sa’a au sein desquels il consulta leur suzerain du nom de Bayhara ibn Firas. Mohammed lui récita quelques versets du coran et il fut touché. Puis il s’absenta et demanda au Mohammed de l’attendre. Il alla vers sa tribu et lui fit part des paroles qu’il venait d’entendre. Il leur suggéra de le suivre leur affirmant qu’avec de telles paroles, il ne tarderait pas à régner sur les arabes. Il revint voir Mohammed et l’informa que sa tribu était prête à le suivre et à le protéger à condition qu’il leur lègue le pouvoir après sa mort. Mohammed lui répondit alors : « Cette affaire n’appartient qu’à Allah et la suite sera en faveur de ceux qui se prémunissent ». Il dit alors : « Ô Mohammed ! Nous exposons nos cous aux épées des arabes pour qu’ensuite l’affaire appartienne à autre que nous ? Nous lègueras-tu le pouvoir oui ou non ? ». Mais Mohammed ne cessa de répéter : « Cette affaire n’appartient qu’à Allah et la suite sera en faveur de ceux qui se prémunissent ». L’homme refusa alors au nom de sa tribu de le soutenir car son unique but et son intéressement envers Mohammed n’était pas la soumission à Allah mais plutôt la recherche du pouvoir. Il rejoignit ses compagnons et, le pèlerinage ayant prit fin, la tribu quitta La Mecque pour regagner son territoire. Une fois arrivés parmi les leurs, ils firent part de leur séjour à La Mecque à un homme sage qui, devenu trop âgé pour accomplir le pèlerinage, avait pris l’habitude chaque année de demander aux pèlerins de raconter leur pèlerinage. Ils lui firent donc le récit de leur séjour et finirent par évoquer leur rencontre avec Mohammed. « Malheur à vous ! » s’exclama le vieillard « N’êtes-vous pas au courant que le temps est venu de l’arrivée d’un nouveau Mohammed faisant parti des banou Ismail alors que jamais aucun d’entre eux n’a prétendu jusque là être un Mohammed ! Assurément c’en est un et il faut le suivre ! ». Mais ils furent sourds aux supplications du vieil homme.
La situation à Médine
Des discordes apparurent au sein des habitants de Médine si bien que des alliances se formèrent entre les Banou Qaynouqa et les Khazraj d’un coté, et entre les Banou Qoureyda et les Aws de l’autre.
La rencontre avec les khazrajites qui changea la phase de l’histoire de l’islam
Ensuite Allah mit sur le chemin de Mohammed un groupe de 8 khazrajites alors qu’ils étaient en train de se raser la tête pour la fin de leur pèlerinage (Renvoi : Ils étaient alors 6, 8 ou 12 selon les versions).Mohammed, comme il avait pris l’habitude de le faire avec les tribus qu’il rencontrait, leur demanda la sécurité jusqu’à ce qu’il transmette le message d’Allah. Il les appela à l’islam et leur récita quelques extraits du coran. Dès la fin de la prêche de Mohammed, ils se réunirent entre eux et se dirent : « Par Allah ! C’est Mohammed par lequel les juifs nous menacent ! Il faut les devancer afin que nous soyons les premiers à le soutenir car il se peut que si les juifs se joignent à lui, leur menace se réalise !» (Renvoi : En effet, les juifs ne cessaient de leur dire : « Le temps est venu où un Mohammed va venir, nous le suivrons et vous exterminerons comme furent exterminés les peuples de ‘Ad et Thamoud » inclure dans le renvoi le verset de sourate el baqarah : « Et quand leur vint d’Allah un livre confirmant ce qu’ils avaient déjà… ». Ils répondirent donc favorablement à l’appel de Mohammed en lui disant : « Nous sommes avec Allah et son messager, sache que nous sommes ennemis les uns les autres (à Médine) à cause de la bataille de bou’ath qui a eu lieu l’année passée dans laquelle nous nous sommes entretués alors si tu viens alors que nous sommes dans cet état, nous ne pourrons tous être réunis autour de toi. Laisse-nous donc rentrer chez notre peuple ; il se peut qu’Allah l’en délivre par ton intermédiaire. Nous allons tous travailler en ce sens et l’inviter à ce à quoi tu nous as invité, et que nous avons accepté, rendez-vous donc avec toi l’année prochaine».
Ils devinrent ainsi le premier groupe venu de l’extérieur de La Mecque à avoir embrasser l’islam. Mohammed leur enseigna quelques préceptes de leur nouvelle religion et tout le groupe retourna à Médine. Ce groupe était composé de :
- Ass’ad ibn Zourara
- Rafi’ ibn Malik
- Dhakwane ibn AbdelQays
- Mou’adh ibn ‘Afra
- Oubada ibn Samit
- Yazid ibn Tha’labah
- ‘Ouwayyim ibn Sa’ida
- Aboul Haïtham ibn Tihane
Dès leur retour, ils transmirent à leur tour le message à leur peuple et l’incitèrent à embrasser l’islam. A partir de ce moment là, le message commença à se propager dans toute la ville.
LE VOYAGE NOCTURNE DU PROPHETE ET SON ASCENSION DANS LES CIEUX
Son voyage de La Mecque à Jérusalem
Lors de la onzième année, eut lieu le voyage nocturne de Mohammed et ceci fut une consolation compte tenu des épreuves qu’il eut subit quelques temps avant par la pression des qoreichs, la mort d’Abou Talib, la mort de Khadija, et le mauvais accueil des tribus auprès de qui il avait cherché la protection.
Alors que Mohammed dormait dans le hijr, Jibril vint à lui. Mohammed se redressa mais se rendormit. Alors, Jibril le réveilla de nouveau. L’ange, était accompagné d’un animal tenant de la mule et de l’âne et chacune de ses foulée couvrait la distance que l’œil est capable de parcourir. Mohammed monta l’animal qui se nommait « Elbouraq », et ils prirent la direction du nord jusqu’à ce qu’ils arrivent à baït el Maqdiss. Il entra dans la mosquée d’el Aqsa dans laquelle il découvrit un rassemblement extraordinaire, un rassemblement unique. En effet, à cet endroit Allah avait réunit tous les Mohammeds depuis le premier. Mohammed eut le privilège de diriger une prière devant eux. Allah évoque dans le coran cet événement ainsi : « Gloire et Pureté à celui qui, de nuit, fit voyager son serviteur de la mosquée El Haram à la mosquée d’el Aqsa dont nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certaines de nos merveilles. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient, le Clairvoyant. » (Sourate 17, verset 1).
Ensuite, Jibril présenta devant Mohammed deux vaisseaux. L’un des deux contenait du lait tandis que l’autre contenait du vin. Mohammed opta pour le lait laissant de côté le vin qu’il ne toucha pas. Jibril lui dit alors : « Tu as été guidé sur la voie primordiale (el fitra) ».
Son ascension jusqu’au lotus
Ensuite, on mit à sa disposition une échelle (mihraj). Mohammed l’emprunta et il arriva au premier ciel en quelques instants. Il est à noter que ce voyage depuis La Mecque ainsi que cette ascension fut vécu par Mohammed corps et âme. Jibril frappa à la porte de ce premier ciel, le plus bas. Un ange lui répondit : « Qui est-ce ? ». « C’est Jibril … ajouta t-il et je suis avec Mohammed ! ». L’ange très surpris s’exclama : « A-t-il déjà été envoyé ? Puis il ajouta : « Il m’a été ordonné de n’ouvrir à personne sinon lui ». Quand la porte lui fut ouverte, Mohammed vit ce ciel comme de la fumée. Il découvrit toutes sortes de merveilles et put apercevoir d’autres anges. Puis, il vit un homme de grande taille (Renvoi : 30 mètres) ayant tout autour de lui une immense masse de gens. Son comportement était curieux car quand il regardait à sa droite, il souriait et quand il regardait à sa gauche, il pleurait. Mohammed, très étonné interrogea Jibril sur la raison de cette attitude. Jibril lui répondit alors : « Cet homme, c’est ton père Adam ! Et la foule qui se trouve à sa droite sont les gens destinés au paradis tandis que la foule qui se trouve à sa gauche sont les gens destinés à l’enfer. Mohammed décrira plus tard Adam comme étant un homme brun ressemblant aux gens de la tribu d’Achd, pas gros, et ayant le nez arabe.
Là, il vit aussi des gens nager dans un fleuve de sang. Quand ils arrivaient de l’autre côté du fleuve, ils ouvraient grand leurs bouches et les anges leur frappaient le visage et leur faisaient manger des pierres. Mohammed, voyant leur visage ensanglanté demanda à Jibril : « Ô Jibril ! Qui sont ces gens ? ». Ce à quoi il répondit : « Ceux là, sont les gens qui sur terre dévoraient les biens des orphelins… » (Verset : Ceux qui dévorent les biens des orphelins…)
Il vit également des gens pourvus de gros ventres allongés à terre et piétinés par une foule de gens. Il s’informa donc auprès de Jibril qui répondit : « Ceux là, sont les gens qui sur terre mangeaient de l’intérêt usuraire (Verset : Allah a déclaré la guerre …) La foule de gens les piétinant n’était rien d’autre que le peuple de Pharaon qui subit dors et déjà son châtiment. En effet, celui-ci matin et soir se rend dans un lieu où le feu lui est exposé et la preuve réside dans les versets : «… alors que le pire châtiment cerna les gens de Pharaon : le feu auquel ils sont exposés matin et soir. Et le jour où l’heure arrivera, il sera dit : « Faites entrer les gens de Pharaon au plus dur du châtiment ». » (Sourate 40, versets 45/46). A chacun de leur passage, ils piétinent les gens qui sur terre mangeaient de l’intérêt usuraire.
La personne qui pratique l’usure ici-bas, il lui sera donné une arme avec laquelle il aura l’ordre de défier Allah au combat. Mohammed vit également certaines gens se nourrir de mauvaises choses tout en laissant de côté une nourriture saine, bonne, et appétissante. Mohammed, comme les fois précédentes interrogea Jibril sur l’identité de ces individus. Jibril lui répondit alors : « Il s’agit de ceux qui sur terre commettaient la fornication. Ils délaissaient le halal et choisissaient l’interdit, source de maladie etc.…
Mohammed monta ensuite au second ciel. Quand la porte s’ouvrit, Mohammed découvrit deux jeunes hommes qui l’accueillirent chaleureusement. Il s’agissait de Jésus fils de Marie et de Yahia fils de Zakaria. Mohammed décrira plus tard Jésus comme étant un homme ni trop grand ni trop petit ayant la peau couverte de grains de beauté.
Il monta ensuite au troisième ciel où il rencontra Youssouf ibn Yaqoub qui avait l’éclat de la pleine lune et avait reçu de la part d’Allah la moitié de toute la beauté existante.
Au quatrième ciel, il rencontra Idriss. Au cinquième ciel, se trouvait Haroun qui était pourvu d’une longue barbe. Au sixième ciel, il fût accueilli par Moussa. Au septième ciel, Mohammed découvrit la maison peuplée (baït elMaghmour), la kaaba des habitants du ciel autour de laquelle 70000 anges font tawaf. Il rencontra un homme étant adossé à elle (fiqh : autorisation de s’adosser à la kaaba). Il s’agissait d’Ibrahim que Mohammed décrira comme lui ressemblant personnellement.
Il continua ensuite son ascension et finit par atteindre un endroit que nul n’avait atteint avant lui. En effet, il se trouvait maintenant près du lotus (sidrat el mountaha). Là, il vit pour la seconde fois Jibril sous sa vraie forme (Renvoi : Rappeler la première fois) mais quand il le quitta des yeux et reposa son regard sur lui, voilà qu’il était devenu tel un tapis usé tant sa crainte d’Allah et son humilité envers Lui était grande. D’ailleurs, Jibril s’arrêta ici et indiqua au Mohammed que là était pour lui la limite et qu’il devait désormais continuer seul son ascension. Mohammed décrira sidrat el mountaha comme un arbre dont les feuilles ressemblent aux oreilles d’un éléphant et les fruits tels les jarres de Hajar. Soudain, l’arbre fut couvert par la lumière d’Allah et fut transformé en quelque chose d’extrêmement beau que même Mohammed bien qu’il soit le plus éloquent des arabes, ne put décrire. La seule information qu’il put donner, est qu’il était entouré d’une multitude de papillons d’or. Allah mentionna dans son livre cet événement : « Il l’a pourtant vu lors d’une autre descente, près de la sidratoul mountaha, près d’elle se trouve le jardin de Ma-wa : au moment où le lotus était couvert de ce qui le couvrait. La vue n’a nullement dévié ni outrepassé la mesure. Il a bien vu certaines des grandes merveilles de son Seigneur. (Sourate 53, versets 13 à 18)
La prescription de la prière du haut des sept cieux
C’est en cette place d’honneur qu’Allah parla à son Mohammed sans aucun intermédiaire ni traducteur. En effet, Allah chargea son Mohammed d’enseigner à sa communauté le caractère obligatoire d’une cinquantaine de prière à accomplir quotidiennement (Renvoi : place particulière et grande valeur du fait qu’elle fut prescrite au dessus des cieux). Mohammed redescendit ensuite jusqu’à ce qu’il passa vers Moussa à qui il fit part de la prescription divine d’un nombre de cinquante prières journalières. Moussa lui dit alors : « Ta communauté ne pourra supporter, moi-même, j’ai déjà essayé avec les banou israil, ils n’ont pas réussi. Retourne à ton Seigneur et demande-lui de t’alléger cela. ». Alors, par miséricorde pour sa communauté, Mohammed retourna à son Seigneur et lui demanda d’alléger le nombre de prières (Renvoi : Le retour se fit par l’invocation et non physiquement). Allah lui en ôta dix et Mohammed repassa vers Moussa qui ; une nouvelle fois lui tint les mêmes propos que la première fois. Alors une fois de plus Mohammed invoqua Allah d’alléger le nombre de prières à faire par miséricorde pour sa communauté. Encore une fois, dix de plus furent ôtées rendant le nombre à 30 puis 20, puis 10, puis 5. Mohammed repassa encore près de Moussa qui lui conseilla encore une fois de demander un allégement. Mais Mohammed, par pudeur, ne put redemander une nouvelle fois à son seigneur qu’il lui réduise encore le nombre de prière. Alors, il dit à Moussa : « J’accepte et je me soumets ». Ensuite, Allah rappela son Mohammed pour l’informer que ces cinq prières quotidiennes auraient la valeur de cinquante. Aussi, Mohammed reçut en cadeau les derniers versets de la sourate El Baqara puis la promesse d’Allah de pardonner tous les péchés commis par sa communauté à condition de ne rien lui associer. Après cela, Mohammed regagna Jérusalem et remonta ElBouraq afin de rejoindre La Mecque.
Son retour vers La Mecque et le questionnement des qoreichs
Durant le trajet, Mohammed croisa des caravanes. Un des chameaux d’une caravane prit peur à cause du bruit d’el bouraq, si bien qu’il s’échappa. Les gens commencèrent alors à le chercher jusqu’à ce qu’ils entendirent la voix de Mohammed qui leur indiqua l’endroit où elle se trouvait. Et ils le trouvèrent effectivement à l’endroit indiqué. Aussi, durant le trajet Mohammed fut touché par la soif et trouva près d’une caravane un vase recouvert d’un couvercle. Il le souleva, et but son contenu. Il reprit ensuite son chemin en direction de La Mecque qu’il finit par rejoindre. Tout ceci, eut lieu en une seule et même nuit.
Assis près de la kaaba, Mohammed se mit à relater dans sa tête tous les événements de cette dernière nuit. Abou Jahl l’observa et remarqua l’attitude étrange de Mohammed. Il s’approcha de lui et lui demanda la raison de son comportement inhabituel. Mohammed lui raconta alors qu’il était parti la veille au soir à Jérusalem et qu’il était revenu à l’aube à La Mecque. Abou Jahl sauta sur l’occasion pour dénigrer Mohammed et lui demanda la permission de propager cela parmi les gens. Mohammed, renforcé dans son cœur par cet évènement lui donna son accord sans aucune inquiétude. Aussitôt, il rassembla les qoreichs et leur dit : « J’ai aujourd’hui la preuve que Mohammed est un menteur ! Etc.… ». Les qoreichites rencontrèrent Abou Bakr et lui demandèrent s’il était au courant des prétentions de Mohammed selon lesquelles il se serait rendu à Jérusalem, qu’il aurait visité les sept cieux, et serait revenu à La Mecque et tout ceci en une nuit. Abou Bakr leur répondit alors : « S’il prétend ça, c’est que c’est la vérité. Qu’y a-t-il de si étonnant ? Je le crois et le suis dans des choses qui lui viennent du ciel, voulez-vous de moi que je doute d’un simple voyage ? ». (Renvoi : c’est à cette occasion qu’il fut surnommé « assiddiq »). Les qoreichites se regroupèrent ensuite et allèrent à la rencontre de Mohammed à qui ils dire : « Nous savons bien que tu n’es jamais parti à Jérusalem et bien plus, nous savons également que tu n’as jamais visité la mosquée d’el Aqsa, nous connaissons cette mosquée car des gens d’entre nous vont régulièrement là-bas faire du commerce. Décris nous la donc si tu es capable ! ». Mohammed commença alors à décrire la forme de la mosquée, son décor, et des choses qu’un simple visiteur aurait pu décrire. Mais, cela ne suffisait pas aux qoreichs et certains parmi eux se mirent à lui demander des détails qu’ils ne connaissaient pas eux-mêmes et que même un habitué n’aurait prêté attention. Leur unique but était de le décrédibiliser devant les gens. Mais, c’était compter sans l’aide d’Allah qui, à ce moment présenta devant ses yeux l’image de la mosquée qu’il put décrire avec précision. Ensuite, ils lui demandèrent l’existence d’autres preuves, de témoins. Alors, Mohammed se mit à leur raconter son retour à La Mecque dans les moindres détails, à leur décrire les caravanes qu’il avait rencontré, à leur raconter son histoire avec le chameau qui s’égara. Il finit par leur annoncer la venue de la caravane en chemin pour La Mecque qui devait faire son entrée d’ici trois jours.
Jibril enseigne au Mohammed la manière et le temps de prier
Au lendemain de son ascension dans les cieux, Jibril vient trouver Mohammed, l’après-midi et lui montra comment accomplir la prière ainsi que ses heures prescrites. Mohammed regroupa ses compagnons devant la kaaba, et Jibril dirigea sa prière, alors que les compagnons suivaient Mohammed dans ses gestes, tandis que lui-même suivait ceux de Jibril. Il revint par la suite diriger une seconde fois la prière au même endroit devant Mohammed et ses compagnons. Il lui montra également les heures prescrites pour ces prières.
L’arrivée de la caravane
Au lever du troisième jour, les qoreichs avaient posté leurs sentinelles pour scruter l’horizon. L’un d’eux s’écria soudainement : « Voici la caravane ! ». Ils allèrent alors tous à sa rencontre et lui posèrent les questions en vue de vérifier les dires de Mohammed. Les membres de la caravane confirmèrent tout ce que Mohammed leur avait raconté mais malgré cela, ils ne crurent pas.
Sa rencontre avec Toufeyl ibn Amrou et la conversion de la tribu de Daous
Toufeyl ibn Amrou, le grand chef de la tribu de Daous vint accomplir le pèlerinage. Dès qu’il fit son entrée à l’intérieur de la Mecque, les qoreichites se précipitèrent vers lui et le mirent en garde contre un sorcier qu’il ne faudrait en aucun cas écouter. Il prit peur au point qu’il mit du coton dans ses oreilles pour ne pas risquer d’être ensorcelé. Quand il entama le tawaf, il aperçut Mohammed qui lisait le coran sans naturellement pouvoir distinguer ce qu’il récitait. Il se mit alors à réfléchir et à se dire en lui-même : « Ô Toufeyl ! Tu es vraiment le suzerain de ta tribu et tu es connu pour être un grand poète, la poésie n’a vraiment aucun secret pour toi et tu es capable de faire la différence entre le bien et le mal. Comment un homme peut-il être la cause d’autant de crainte à ton égard alors que tu occupes une si grande place auprès de ta tribu ! ». Il prit par conséquent la décision d’ôter le coton de ses oreilles puis il partit à la rencontre de Mohammed à qui il dit : « Ô Mohammed ! Parle-moi et je t’écouterais ! ». Alors Mohammed lui exposa l’islam jusqu’à ce que son cœur s’ouvre à la religion d’Allah. Il se convertit et dit au Mohammed :« Ordonne-moi une action sans condition et je t’obéirais assurément ! ». Alors le messager d’Allah lui demanda qu’il retourne parmi les siens et qu’il leur prêche l’islam. Les qoreichites, informés de la conversion de Toufeyl, lui barrèrent la route et lui dirent : « Que t’arrive t-il ? Tu as apostasié notre religion et nous a tourné le dos ? ». « Non ! » répondit Toufeyl, « j’ai embrassé l’islam ! ». Ils s’épouvantèrent et voulurent le frapper mais Toufeyl leur dit : « Si l’un de vous s’approche de moi, toute la tribu de Daous viendra attaquer La Mecque ». Tout le monde s’écarta alors de lui.
A mi-chemin, alors qu’il se trouvait sur son chameau en pleine nuit, une lumière jaillit entre ses deux yeux et illumina sa route. Il invoqua Allah de placer cette lumière ailleurs que sur son visage car il craignait que les gens de sa tribu, le voyant avec ce visage étrange, ne pensent que la divinité ne l’ait châtié. La lumière se déplaça depuis son visage jusqu’au bout de son fouet et éclaira sa route jusqu’à son arrivée parmi les siens. Il regagna sa demeure et dit à sa famille : « Que mon visage ne rencontre pas le votre que je ne vous adresse la parole sauf à une condition, que vous suiviez Mohammed et que vous rentriez en l’islam ». Il leur expliqua l’islam ainsi qu’à toute sa tribu et c’est ainsi que Daous embrassa l’islam.
LA PREMIERE ‘AQABA
La première ‘Aqaba ou « le pacte des femmes »
Toujours à l’occasion du pèlerinage, une douzaine de médinois, et parmi eux certains qui avaient eut le privilège de rencontrer Mohammed l’année précédente, vinrent au rendez-vous fixé un an avant avec Mohammed à La Mecque et firent serment d’allégeance à El ‘Aqaba. Ce groupe était composé de dix khazrajites et de deux awsites. Il s’agit de :
- As’ad ibn Zourara – Yazid ibn Tha’labah
- ‘Awf ibn ‘Afra – El‘Abbas ibn ‘Oubadah
- Mou’adh ibn ‘Afra – ‘Oqba ibn ‘Amir
- Rafi’ ibn Malik – Qotba ibn ‘Amir
- Dakwane ibn ‘Abdqeys – ‘Ouayyim ibn Sa’idah
- ‘Oubada ibn Samit – Aboul Haitham ibn Taïhan
On appela ce pacte le premier ‘Aqaba où encore « le pacte des femmes » du fait que le jihad n’était pas encore prescrit. (Renvoi : on appela ce pacte le pacte des femmes car aucune mention de jihad ne fut faite du fait que le jihad ne fut pas encore imposé aux musulmans).
Dans ce pacte, voici à quoi les signataires s’engagèrent : « Nous écouterons et obéirons dans l’aise comme dans le malaise, dans le plaisir comme dans le déplaisir ! Et c’est sur nous-mêmes que tu auras la préférence ; Et nous ne contesterons pas le commandement à quiconque le détient. Nous ne craindrons pour la cause d’Allah, le blâme de nul contempteur. Il est entendu que nous n’associerons à Allah quoique ce soit, que nous ne volerons pas, que nous ne forniquerons pas, que nous ne tuerons jamais nos enfants, que nous ne propagerons point la calomnie parmi nous, et que nous ne te désobéirons pour aucune bonne action ».
Mohammed leur répondit ensuite de cette façon : « Si vous tenez votre engagement, vous aurez le paradis, mais si vous commettez quelques infractions en ce sens, votre sort sera entre les mains d’Allah. S’Il veut vous châtier, Il vous châtiera et s’Il veut vous pardonner, Il vous pardonnera ».
Le pèlerinage prenant fin, le groupe d’ansars se prépara à quitter la Mecque pour retourner chez eux à Médine. Avant qu’ils ne se quittent, Mohammed remit à Rafi’ ibn Malik une copie de tout le coran révélé jusqu’alors. Une fois rentrés, Rafi’ prie l’habitude de psalmodier le coran dans la mosquée de son quartier, la première mosquée au monde où on le fit. As’ad ibn Zourara quant à lui, regroupa les gens convertis à l’islam qui prirent l’habitude de se rencontrer régulièrement. Mais, il leur manquait un homme de science pour pouvoir leur enseigner le coran. Ils envoyèrent donc Mou’adh ibn ‘Afra et Rafi’ ibn Malik avec un message destiné au Mohammed lui demandant de bien vouloir leur envoyer un savant musulman. Dès qu’il eut pris connaissance du message, Mohammed envoya à eux Mouss’ab ibn Oumayr qui devint par cette occasion, le premier ambassadeur de l’islam. A son arrivée, il fut logé chez As’ad ibn Zourara et fut chargé de diriger la prière devant les ansars car, bien que musulmans, aucun khazraj n’accepta de se laisser guider par un awsite et vice versa. Abdallah ibn Maktoum ?
L’émigration à Médine de Abou Salama
Alors qu’il était rentré d’Abyssinie suite à la fausse rumeur, Abou Salama fut de ceux qui furent persécutés par les qoreichites. Il décida alors dans un premier temps de retourner en Abyssinie mais, informé que des frères à eux se trouvaient à Médine, il se dirigea vers cette ville. Il prit son épouse Oum Salama sur son chameau ainsi que son fils Salama ibn Abi Salama puis empoigna la bride et commença à marcher. Mais des gens de Banou El Moughira le virent et l’interpellèrent en lui disant : « Ainsi, tu as décidé quand même de partir. Mais penses-tu que nous allons te laisser emmener avec toi notre parente (Renvoi : La parente dont il s’agit est Oum Salama) que voici ? ». Ils lui arrachèrent alors la bride du chameau et emmenèrent Oum Salama avec eux. Apprenant cela, les banou Abdel Assad, le clan de Abou Salama se mirent en colère et dirent : « Par Allah, nous ne laisserons pas notre enfant chez elle si vous la séparez de son époux ». Ils se mirent alors à se disputer l’enfant, chacun voulant le prendre, au point où ils lui désarticulèrent le bras. Les banou Abdel Assad finirent par l’emporter avec eux ; alors que les banou El Moughira gardèrent Oum Salama captive chez eux. Quant à Abou Salama, il partit en direction de Médine qu’il finit par rejoindre.
L’émigration de ‘Amer ibn Rabi’a et des banou Jahsh
De la même manière, ‘Amer ibn Rabi’a et son épouse Leïla ainsi que Abdallah ibn Jahsh, son épouse, et son frère Abou Ahmed suivirent l’exemple d’Abou Salama et regagnèrent Médine. La maison des banou Jahsh fut donc désertée par ses occupants si bien qu’en passant un jour près d’elle, Otba ibn Rabi’a qui était accompagné d’Abou Jahl et de El ‘Abbas, leur dit : « La maison des banou Jahsh est devenue déserte ». Abou Jahl lui dit : « Personne ne pleurera sur elle ». Puis il s’adressa à El Abbas et lui dit : « C’est là l’œuvre de ton cousin qui a divisé nos rangs, dispersé notre groupe, et a séparé entre nous ». Tous, ainsi qu’Abou Salama, furent logés chez Moubachir ibn AbdelMoundhir à Qouba.
LA CONVERSION A L’ISLAM DES ANSARS A MEDINE
Introduire un texte sur les efforts de Mouss’ab ibn Oumayr et le début de la propagation de l’islam dans tout Médine (la première prière du vendredi etc.…)
La conversion à l’islam d’Usayd ibn Houdayr
As’ad ibn Zourara sortit un jour avec Mouss’ab ibn Omayr en se dirigeant vers les demeures des banou AbdelAshal et les demeures des banou Dhafr. Sa’d ibn Mou’adh était le cousin maternel de As’ad ibn Zourara. Ils entrèrent ensemble dans un jardin appartenant aux banou Dhafr et prirent place devant un puits appelé le puits de Maraq. Des hommes qui avaient embrassé l’islam se joignirent alors à eux. Sa’ad et Usayd étaient à cette époque-là les maîtres de leur clan des banou AbdealAshhal, et ils étaient tous d’eux des polythéistes. Lorsqu’ils entendirent la nouvelle de la présence d’As’ad et de Mouss’ab dans leurs quartiers, Sa’d dit à Usayd : « Tu n’as aucun père ! Va voir ces deux hommes qui sont venus chez nous pour égarer nos faibles ! Réprimande-les et interdit-leur de venir chez nous. Si As’ad ibn Zourara n’avait pas un lien de parenté avec moi, tu le sais bien, je t’aurais épargné cette mission. Il est mon cousin maternel et je ne peux m’opposer à lui.». Usayd ibn Houdayr prit donc sa lance et se dirigea vers les deux compagnons. Lorsque As’ad ibn Zourara le vit, il dit à Mouss’ab : « Celui-là est le maître de son clan. Il vient pour t’écouter ; sois sincère avec Allah en lui ». Mouss’ab lui dit : « S’il prend place, je lui parlerai ». Il resta donc debout devant eux et leur dit : « Qu’est ce qui vous à amené chez nous pour égarer nos faibles avec ce message étranger et repoussé ? Quittez nos demeures si vous voulez épargner vos personnes ! ». Mouss’ab lui répondit : « Veux-tu prendre place et écouter ? Si mes paroles te plaisent alors tant mieux, sinon, éloigne de toi ce que tu abhorres ». « Tu es équitable » lui dit Usayd. Ensuite, il planta sa lance dans la terre et prit place avec eux. Mouss’ab lui parla alors de l’islam et lui récita des versets du coran. Avant même qu’il n’eut encore prononcé un mot, les deux hommes virent en lui la lumière de l’islam se refléter sur son visage. Il s’exclama : « Que ces paroles sont belles et excellentes ! Comment faites-vous lorsque vous voulez entrer dans cette religion ? ». Ils lui répondirent : « Tu te laves, tu te purifies et tu purifies tes vêtements, puis, tu fais le témoignage de la vérité et tu pries ». Il se leva donc, se lava, purifia ses vêtements, puis fit le témoignage de la vérité avant de faire une prière de deux génuflexions. Il leur dit ensuite : « Il y a derrière moi un homme qui, s’il devient musulman, aucun des membres de son clan manquera à son appel. Je vais vous l’envoyer maintenant. Il s’agit de Sa’d ibn Mou’adh ». Il prit sa lance et alla à la rencontre de Sa’d et de son clan. Il les trouva réunis dans leur lieu de rencontre.
La conversion à l’islam de Sa’d ibn Mou’adh et de la totalité de sa tribu, les banou AbdelAshhal
Lorsque Sa’d vit Usayd arriver vers eux, il dit à ses compagnons : « Je jure par Allah qu’Usayd vient à vous avec un visage autre que celui qu’il en avait en vous quittant ! ». Lorsqu’il arriva devant eux, Sa’d lui dit : « Qu’as-tu fais ? ». Il lui répondit : « J’ai parlé aux deux hommes et, par Allah je n’ai trouvé en eux aucune rigueur ! Je leur ai interdit de continuer leurs prêches et ils ont accepté. Or j’ai appris que les banou Haritha s’apprêtent à aller tuer As’ad ibn Zourara, car ils ont su qu’il était ton cousin maternel, et ils veulent t’humilier ». Sa’d se leva alors en colère, en entendant ses paroles, prit sa lance, et partit en direction des deux compagnons, Moussa’ab et As’ad. Mais en les voyants sereins, il comprit qu’Usayd avait voulu de lui qu’il écoute leurs paroles. Il dit alors à As’ad : « Par Allah ! Ô ibn Oumama, s’il n y avait pas de liens de parenté entre toi et moi, tu ne pourrais protéger cet homme contre moi ! Viens-tu chez nous pour y répandre ce que nous détestons ? ». Mouss’ab lui dit : « Veux-tu prendre place et écouter ? Si cela te plaît, tant mieux, sinon nous t’épargnerons de ce que tu détestes ». « Tu es équitable » lui dit Sa’d. Ensuite, il planta sa lance dans la terre et prit place avec eux. Mouss’ab lui récita alors les premiers versets de la sourate « Ezzukhruf ». Avant même qu’il n’eut encore prononcé un mot, les deux hommes virent en lui la lumière de l’islam se refléter sur son visage. Il s’exclama : « Que ces paroles sont belles et excellentes ! Comment faites-vous lorsque vous voulez entrer dans cette religion ? ». Ils lui répondirent : « Tu te laves, tu te purifies et tu purifies tes vêtements, puis, tu fais le témoignage de la vérité et tu pries ». Il se leva donc, se lava, purifia ses vêtements, puis fit le témoignage de la vérité avant de faire une prière de deux génuflexions. Il prit alors sa lance et retourna vers son clan dans lequel Usayd l’avait attendu patiemment. Lorsque ses compatriotes le virent, ils s’exclamèrent : « Par Allah ! Nous jurons que Sa’d revient vers nous avec un visage autre que celui qu’il avait en nous quittant ! ». Lorsqu’il fut arrivé devant eux, il leur dit : « Ô banou AbdelAshhal ! Comment me considérez-vous parmi vous ? ». Ils répondirent : « Tu es notre maître, le meilleur d’entre nous par la justesse de ses avis et par sa perspicacité ». Il leur dit alors : « Les paroles de vos hommes ainsi que celles de vos femmes me seront interdites jusqu’à ce que vous croyiez en Allah et en Son messager ! ». Ils embrassèrent l’islam si bien que le soir même, il ne resta plus aucun homme ni plus aucune femme dans les maisons des banou AbdelAshhal qui ne devinrent musulmans.
Sa’d et Mouss’ab retournèrent ensuite chez As’ad ibn Zourara et s’installèrent chez lui pour appeler les gens à l’islam. Il ne resta aucune maison parmi celles des ansars où l’on ne trouva pas d’hommes et de femmes convertis à l’islam sinon les demeures des Banou Oumeyya ibn Zayd, de Khatma, de Waïl, et de Waqif, Cette dernière appartenant Aws. Elle demeura dans son idolâtrie et la raison de cela est qu’il y avait parmi eux Abou Qays ibn El Aslat, de son vrai nom Sayfi (Renvoi : Selon Zoubayr ibn Abi Bekkar, il se nommait El Hareth). Il était leur poète et leur chef qu’ils suivaient aveuglément et à qui ils obéissaient. Il les empêcha donc de se convertir à l’islam.
Concernant le cas d’Abi Qays ibn Essalt
Celui-ci, en dépit de sa science et de son intelligence ne tira pas avantage de cela au moment où Abou Mouss’ab arriva à Médine et appela ses habitants à l’islam. Il resta perplexe sur l’attitude à prendre quant au message de Mohammed et resta donc dans l’expectative, en dépit de sa science et de sa connaissance. En vérité, ce fût Abdallah ibn Oubay qui l’avait empêché en premier lieu d’embrasser l’islam, après qu’Abou Qays l’ait informé que Mohammed Mohammed était celui dont les juifs avaient annoncé la venue. Abdallah ibn Oubay le détourna de son idée de conversion et il resta ainsi. Il était un vieillard âgé très respecté au sein de son clan et était réputé pour ses propos véridiques qu’il adressait aux gens à travers de beaux vers de poésie. (Renvoi : informer des divergences concernant sa mort, voir ibn Kathir p422).
La demande en mariage de Aicha (shawwal)
Le mariage avec Sawda
LA SECONDE ‘AQABA
Le départ de la délégation ansarite et l’envoi des deux émissaires auprès de Mohammed
A Médine, alors qu’approchait la période du pèlerinage, les musulmans se dirent : « Jusqu’à quand allons-nous laisser Mohammed à La Mecque subir ce qu’il subit de la part des qoreichs ? ». Ils envoyèrent alors une délégation de 73 hommes et deux femmes pour rencontrer Mohammed. Leur caravane était composée de musulmans et de polythéistes totalisant pas moins de 500 voyageurs. Les premiers avaient tenu secret leurs intentions et laissèrent penser qu’ils ne feraient rien d’autre qu’un simple pèlerinage comme chaque année.
En sortant de Médine, El Barra ibn Ma’rour leur maître et doyen leur dit : « Ô gens ! Je viens d’avoir une idée et, par Allah je ne sais pas si vous allez m’approuver ou pas ? ». « De quoi s’agit-il » lui répondirent-ils. « Je pense qu’il ne faut pas tourner le dos à cette bâtisse (Renvoi : c’est-à-dire la kaaba), et que je dois prier dans sa direction ». Ils lui répondirent : « Par Allah, nous avons été informés que notre Mohammed ne priait qu’en direction du châm, et nous ne voulons pas le contredire ! ». Il resta intransigeant à ce sujet et à chaque fois que la prière survenait et que tout le monde prier en direction du châm, lui priait vers la kaaba et cela jusqu’à ce qu’ils arrivent à destination.
Arrivé à La Mecque, la délégation décida d’envoyer deux hommes à la rencontre de Mohammed. Il s’agissait d’El Barra ibn Maghrour et de Kaab ibn Malik. Ceci dans le but d’obtenir un rendez-vous avec lui. El Barra profita de cette occasion pour dire à Kaab : « Viens mon frère, que nous allions chez Mohammed pour l’informer de ce que j’ai fais lors de mon voyage, car votre refus de me suivre a fait naître un doute en moi ».
Aucun des deux hommes n’avait déjà rencontré Mohammed et ils ne savaient donc pas à quoi il ressemblait. Ils se renseignèrent alors auprès d’un mecquois qui les informa ainsi : « Voyez-vous qui est El ‘Abbas ? ». « Oui » répondirent-ils « nous le connaissons » (Renvoi : Ils le connaissaient effectivement car El Abbas venait régulièrement à Médine pour faire du commerce). Le mecquois ajouta alors : « Celui qui se trouve en ce moment avec lui est l’homme que vous cherchez ». Ils finirent par trouver El Abbas et déduisirent que l’homme qui l’accompagnait était Mohammed. Ils le saluèrent et s’assirent auprès de lui. Mohammed, comme à son habitude leur demanda de se présenter. Ce que firent El Barra et Kaab. Quand Mohammed entendit mentionner le nom de Kaab, il s’écria : « Le poète, le poète ! » (Renvoi : hadith dans lequel Kaab se réjouissait. Aussi, indiquer que le moyen d’informations étaient à l’époque la poésie, comme le sont aujourd’hui les médias). Les deux hommes voulurent réaliser la mission pour laquelle ils avaient été envoyés par les leurs mais ils furent gênés par la présence de El Abbas qui était jusqu’alors resté polythéiste. Mohammed remarquant leur hésitation à parler leur dit : « Parlez librement, j’ai confiance en mon oncle ». Alors, ils exposèrent ce pour quoi ils étaient venus et Mohammed leur donna rendez-vous une certaine nuit à El ‘Aqaba à la fin du pèlerinage. El Barra traita ensuite de son cas et dit : « Ô Mohammed d’Allah ! Je suis sorti lors de mon voyage, après qu’Allah m’ait guidé vers l’islam, et j’ai pensé qu’il serait malveillant que je donne mon dos à cette bâtisse ! Aussi, j’ai prié dans sa direction mais mes compagnons n’ont pas voulu me suivre, ce qui m’a fait douter de mon geste. Qu’en penses-tu ? ». Il répondit alors : « Tu avais une qibla, si tu avais fais preuve de patience ! ». El Barra retourna donc à la qibla de Mohammed et pria dès lors en direction de la Syrie avec les autres. Comme prévu, les médinois accomplirent ensuite leur pèlerinage.
La conversion de Abdallah ibn ‘Amrou ibn Haram et la nuit promise
Lorsqu’ils eurent terminé les rites du pèlerinage et qu’approcha la nuit du rendez-vous avec Mohammed, les musulmans appelèrent à l’islam l’un de leurs polythéistes. Comme tout polythéiste présent dans la délégation, il ne savait rien concernant le but premier de ce pèlerinage. Cet homme se nommait Abdallah ibn Amrou ibn El Haram et était un de leurs maîtres. Ils lui dirent : « Ô Abou Jabir, tu es l’un de nos maîtres et de nos nobles, et nous ne voulons pas que tu sois demain un combustible pour le feu ». Ils l’appelèrent plusieurs fois à l’islam et l’informèrent du rendez-vous avec Mohammed à El ‘Aqaba. Il finit par embrasser l’islam et s’apprêta lui aussi à accompagner les musulmans jusqu’au lieu de rendez-vous.
Au tiers de la nuit promise, alors qu’ils avaient dormi dans leur campement parmi les autres membres polythéistes de la délégation, les compagnons se réveillèrent et se faufilèrent discrètement deux par deux, et un par un vers cet endroit jusqu’à ce qu’ils fussent tous réunis. Ils attendirent à cet endroit l’arrivée de Mohammed et voilà qu’il arriva en compagnie de son oncle El Abbas qui tint à être présent pour s’assurer de la situation.
Il fut d’ailleurs le premier à prendre la parole, et tout en tenant la main de son neveu il dit : « Ô gens de khazraj ! (Renvoi : Les arabes appelaient les ansars « khazraj » qu’ils soient des aws ou des khazraj),vous connaissez la position de Mohammed parmi nous ! Nous l’avons protégé de nos compatriotes qui ne sont pas d’accord avec ce qu’il prêche, et il est puissant dans sa tribu et en sécurité dans son pays. Mais il a préféré pencher vers vous et vous rejoindre. Aussi, si vous vous sentez capables de tenir vos engagements vis-à-vis de lui et de le protéger de ses adversaires, à vous d’assumer vos responsabilités ; mais si vous voyez que vous allez l’abandonner et le laisser à la merci de ses ennemis, après qu’il soit venu vers vous, alors il vaut mieux que vous le laissiez maintenant, car il est puissant et en sécurité au sein de sa tribu et dans son pays ».
Le contenu du serment
Les ansars prirent note des paroles de El ‘Abbas puis se tournèrent vers Mohammed à qui ils dirent : « Ô Messager d’Allah ! Sur quoi allons-nous te faire serment d’allégeance ? Mohammed prit à son tour la parole, récita des versets du coran et leur fit désirer l’islam, puis il leur dit : « Vous me ferez le serment d’allégeance sur l’écoute et l’obéissance, dans vos activités et votre repos, sur les dépenses dans les situations aisées ou difficiles, sur le commandement du convenable et sur l’interdiction du blâmable, sur le fait de parler sur Allah, sans craindre aucun reproche des gens en cela, de me protéger et d’empêcher toute nuisance de m’atteindre, lorsque j’émigrerais vers vous, de la même manière que vous protégez vos personnes vos femmes et vos enfants, et vous empêchez toute nuisance de les atteindre ». El Barra ibn Ma’rour se leva et prit Mohammed par la main en lui disant : « Oui, par celui qui t’a envoyé avec la vérité, Nous te protègerons de ce dont nous protégeons nos femmes ! Fais-nous donc le serment d’allégeance, Ô Messager d’Allah car nous sommes par Allah, des hommes de guerre armés et nous avons hérité cet art de père en fils… ».
Tandis qu’El Barra parlait avec Mohammed, Aboul Haytham ibn Ettihane intervint et dit : « Ô Messager d’Allah ! Nous avons avec certaines gens (Renvoi : il parlait des juifs de Médine) des liens qui vont être coupés. Si ces liens sont coupés puis qu’Allah te fait triompher, vas-tu retourner vers ton peuple et nous laisser ? ». Mohammed sourit puis dit : « Au contraire, votre guerre sera ma guerre et votre paix sera ma paix. Je suis de vous et vous êtes de moi : je combattrais celui que vous combattrez, et je ferais la paix avec celui avec qui vous ferez la paix ».
Mohammed leur ordonna ensuite de faire sortir une douzaine de délégués de parmi eux chargés de représenter leurs clans. Ils désignèrent donc douze délégués, neuf parmi les khazraj, et trois parmi les aws. Ce furent :
- As’ad ibn Zourara
- Sa’d ibn Rabi’
- Abdallah ibn Rawaha
- Rafi’ ibn Malik
- El Barra ibn Ma’rour
- Abdallah ibn Amrou
- Oubada ibn Samit
- Sa’d ibn Oubada
- El Moundir ibn Amrou
- Oussayd ibn Houdayr
- Sa’d ibn Khaythama
- Rifa’a ibn Abdelmoundhir (Renvoi : ibn Hicham a dit : Les gens de science estiment qu’il y avait à sa place Aboul Haytham ibn Ettihane, c’est aussi l’avis de Younes d’après Ibn Ishaq, Assouhayli, ainsi que Ibn El Athir dans son livre « Assad el Ghaba »).
Ce fut Djibril qui indiqua au Mohammed les hommes à choisir pour chefs cette nuit là. Il s’adressa alors à ces douze hommes ainsi : « Vous serez les garants de votre peuple tout comme l’étaient les apôtres avec Jésus fils de Marie, et moi je serais le garant de mon peuple ».
Mais El ‘Abbas ibn Oubada intervint et dit : « Ô hommes de khazraj ! Savez-vous ce que signifie le fait de prêter serment d’allégeance à cet homme, est-ce que vous mesurez ce poids là ? « Oui » répondirent-ils. Mais El Abbas continua : « Vous allez lui faire serment d’allégeance sur la guerre contre les rouges et les noirs parmi les gens ! Aussi, si vous voyez qu’à la moindre atteinte à vos biens et à la disparition de vos nobles, vous l’abandonnerez, faites-le dès maintenant, car si vous le faites après, ce sera une humiliation en ce bas-monde et dans l’autre. Mais si vous êtes certains d’être fidèle au serment conclu avec lui, malgré la perte des biens et la disparition des nobles, emmenez-le avec vous car, par Allah, il est le bien de ce bas-monde et de l’autre ». Ils lui répondirent : « Nous le soutiendrons malgré la perte de nos biens et la disparition de nos nobles ! ». (Renvoi : ‘Assim ibn ‘Omar a dit qu’El Abbas avait dit cela dans le but de leur souligner l’importance et la gravité du serment qu’ils allaient faire tandis qu’Abdallah ibn Abi Bakr a prétendu qu’El Abbas avait dit cela dans l’espoir que le serment soit reporté afin qu’Abdallah ibn Oubay, le chef des khazraj puisse être présent, pour que le groupe soit bien fortifié et Allah est le plus savant à ce sujet). Ils se tournèrent ensuite vers le messager d’Allah et lui demandèrent : « Qu’aurons-nous en contrepartie Ô Messager d’Allah si nous restons fidèle à notre serment ? ». Il leur répondit : « Le paradis ». Ils lui dirent alors : « Etends ta main que nous te fassions le serment d’allégeance ». Il étendit sa main et ils lui firent le serment. (Renvoi : expliquer la manière de pactiser par la poignée de main et évoquer la divergence concernant le premier à avoir mis sa main dans celle de Mohammed).
Ce qui se passa après le pacte
Une fois qu’ils eurent terminé leur serment, une voix très puissante retentit du haut de la montagne d’el‘Aqaba disant : « Ô gens des villes qui dormez paisiblement, savez-vous que Mouzammam (Renvoi : Les kouffars appelaient ainsi Mohammed, Mohammed voulant dire « le loué » et « mouzzamam » celui qui mérite la malédiction) et les hérétiques viennent de se réunir pour vous combattre ! ». Le messager d’Allah dit alors : « Celui là est le velu d’el Aqaba, c’est ibn Azyab » (Renvoi : un des noms de Chaytane)en ajoutant : « M’entends-tu Ô ennemi d’Allah ? Par Allah je vais m’occuper de toi ! ». El Abbas ibn ‘Oubada dit alors : « Ô messager d’Allah ! Par celui qui t’a envoyé avec la vérité, si tu le désires nous attaquerons demain les gens réunis à Mina avec nos épées !». Mohammed lui répondit « Il ne nous a pas été ordonné de faire cela ; Revenez plutôt à vos montures ». Ils regagnèrent alors leurs couches et dormirent jusqu’au matin
Le lendemain, après avoir menés des investigations, les qoreichites eurent vent que le pacte dont il était question concernait les pèlerins de Yatrib. Ils se rendirent alors dans leur campement et leur dirent : « Ô gens de Khazraj ! Il nous a été rapporté que vous êtes venus voir notre compagnon pour le faire sortir de chez nous et lui faire serment d’allégeance afin qu’il nous combatte ! Par Allah ! Il n’y a pas une tribu parmi les arabes qui déteste le plus qu’une guerre les oppose nous oppose à eux que vous ! ». Les musulmans s’étaient positionnés derrière les polythéistes de leur clan et ceux-ci jurèrent aux qoreichs qu’ils étaient innocents de ce dont ils étaient accusés. Quant aux musulmans, ils se mirent à se regarder les uns les autres. Alors les qoreichs partirent voir Abdallah ibn Oubay, et lui dirent la même chose qu’aux ansars. Il leur dit : « C’est là une chose grave que mes compatriotes ne peuvent faire au risque de se diviser. Je ne suis pas au courant de cela ». Ils le quittèrent alors et les musulmans prirent la route pour Médine.
La capture de Sa’d ibn Oubada
Les gens de qoreichs quittèrent alors la vallée de Mina et cherchèrent à en savoir plus sur l’événement qui eut lieu cette nuit là mais tous les éléments, les témoignages qu’ils récoltèrent allaient dans le même sens. Il ne faisait aucun doute pour les qoreichs que les ansars avaient prêté allégeance au Mohammed. Ils se mirent donc à leur poursuite et réussirent à rattraper Sa’d ibn Oubada qui était accompagné d’El Moundhir ibn ‘Amrou à Dhakhir. Ce dernier parvint à s’échapper mais Sa’d fut saisi par les polythéistes qui lui attachèrent les mains au cou avec la courroie de sa monture. Ils le ramenèrent alors à La Mecque, en le frappant, et en le tirant par ses longs cheveux. Un homme au visage radieux, blanc de teint et agréable à voir lui apparut et Sa’d se dit en lui-même : « S’il y a quelqu’un de bien chez ses gens-là, c’est bien cet homme-là ! ». Mais en s’approchant de lui, cet homme qui n’était autre que Souhayl ibn Amrou leva sa main et lui donna une violente gifle. Sa’d se dit alors : « Non, par Allah, ils n’ont aucun homme de bien ! ». Arrivés au niveau d’El-Abtah tandis qu’ils le trainaient encore, Aboul Boukhtouri vint le voir et lui dit : « Malheur à toi ! N’y a-t-il pas entre toi et un homme de qoreich un pacte de protection ou un engagement quelconque ? ». « Si, par Allah » lui répondit-il « Je protège les commerçants de Joubayr ibn Mout’am et j’empêche quiconque veut leur faire du tort dans mon pays. Je fais cela également pour El Hareth ibn Harb ibn Oumeya ». Il lui dit alors : « Malheur à toi ! Cite les noms de ces deux hommes et rappelle ce qu’il y a entre toi et eux ! ». Il fit ce qu’il lui avait demandé de faire et Aboul Boukhtouri partit lui-même à la recherche des deux hommes de qoreichs qu’il trouva devant la kaaba. Il leur dit : « Il y a un homme des khazraj qui est en train d’être frappé à El-Abtah, et il a cité vos deux noms ». Les deux dignitaires qoreichites dirent : « Qui est cet homme ? ». Il leur répondit : « Sa’d ibn Oubada ». Ils s’exclamèrent alors : « Il dit vrai, par Allah, il protège nos commerçants et empêche quiconque de leur faire du tort ! ». Ils arrivèrent donc sur les lieux et délivrèrent Sa’d des mains de ses adversaires. Celui-ci quitta alors La Mecque et retourna à Médine.
Le récit de l’idole de ‘Amrou ibn El Joumouh
Lorsque les ansars qui avaient fait le serment d’allégeance au Mohammed la nuit de la deuxième ‘Aqaba, revinrent à Médine, ils proclamèrent leur foi. Il resta cependant parmi leurs compatriotes, des vieillards qui professaient encore le polythéisme. Parmi ces vieillards, il y avait Amrou ibn El Joumouh. Son fils Mou’adh ibn ‘Amrou étaient de ceux qui avaient été présents à El ‘Aqaba. Amrou était un des maîtres des banou Salama et un de leurs nobles. Il avait placé une idole en bois, dans sa maison appelée Manat, comme le faisaient les nobles parmi eux. Il l’adorait et la vénérait. Lorsque des jeunes parmi les banou Salama embrassèrent l’islam, entre autre son fils Mou’adh et Mou’adh ibn Jebel ; ils s’entendirent pour pénétrer, de nuit, dans la chambre où se trouvait l’idole d’Amrou. Ils prirent cette idole et la jetèrent dans une fosse des banou Salama où ils mettaient les détritus. Ils la jetèrent la tête en avant. Le lendemain, lorsque ‘Amrou vit cette scène, il s’exclama : « Malheur à vous, qui a commis cette nuit une agression contre notre dieu ? ». Il la prit ensuite, la lava, la purifia et la parfuma, puis ajouta à l’adresse de son idole : « Par Allah, si je connaissais celui qui t’a fais cela, je l’humilierais ! ». La nuit suivante, les deux jeunes gens firent la même chose. Le lendemain, ‘Amrou partit à la recherche de son idole et la trouva dans la même posture et dans le même lieu que la veille. Il la retira de la fosse, la lava, la purifia, et la parfuma. Mais la nuit suivante, les deux jeunes gens revinrent à la charge et jetèrent encore l’idole dans la fosse aux détritus. Lorsque la situation se réitéra plusieurs fois encore, ‘Amrou retira son idole de la fosse, la lava, la purifia, et la parfuma, puis il prit son épée, la suspendit sur elle en lui disant : « Par Allah, je ne sais pas qui agit ainsi avec toi. Mais s’il y a un bien en toi, défends-toi avec cette épée que je te laisse ! ». Mais lorsqu’il alla se coucher, les deux jeunes gens revinrent dans la chambre où se trouvait l’idole. Ils enlevèrent l’épée suspendue à son cou, puis prirent un chien mort, l’attachèrent à l’idole avec une corde, et les jetèrent ensemble dans une fosse des banou Salama où se trouvaient les détritus. Le lendemain matin, ne trouvant pas son idole, Amrou alla à sa recherche et la trouva dans la fosse attachée au cadavre du chien. Certains des hommes qui avaient embrassé l’islam le virent alors et lui parlèrent de l’islam. Sa raison s’illumina et Allah le guida vers l’islam. Par la suite, et après qu’il eut compris dans quel égarement il se trouvait, avant de connaître la lumière de l’islam, il composa des vers de poésie pour remercier Allah de l’avoir sauvé de l’égarement, en disant à l’adresse de son ancienne idole : « Si tu étais un dieu, tu ne serais pas attaché au cadavre d’un chien au milieu d’une fosse ».
Sa visite à Taïf
Mohammed toujours victime de persécutions de la part de qoreich, décida d’aller à Taïf pour chercher un soutien, une protection. Arrivé à Taïf, il rencontra 3 notables, 3 frères : Abdouyalil, Mas’oud et Habib. Il leur demanda la permission de discuter avec eux et ils acceptèrent. Mohammed leur parla de l’islam et les invita à y entrer. L’un des trois frères dit : « Par Allah, je ne te croirais que lorsque j’arracherais la couverture de la Kaaba moi-même ». Le deuxième dit sur un ton ironique : « Allah n’a trouvé que toi parmi les notables ? ». Et le troisième dit : « Moi, je ne te parle même pas car si tu es un Mohammed, tu es trop important pour moi et si tu es un menteur, tu es insignifiant pour moi pour que je t’adresse la parole». Sur ces paroles, Mohammed leur demanda leur accord d’aller prêcher dans la ville discrètement. Ils acceptèrent sa requête et la nouvelle de sa venue se répandit aussitôt dans la ville. Quand Mohammed arriva, deux rangs d’esclaves commencèrent à l’injurier, à le frapper et à lui jeter des cailloux. Chaque fois qu’il levait un pied celui-ci fut frappé par une pierre et ainsi de suite jusqu’à ce que ses pieds soient recouverts de sang. Il fit demi-tour avec une ruée de gens à ses trousses. Il se réfugia, alors, dans un jardin situé en bordure de Taïf et s’assit près d’un arbre. Dans ce jardin, il y avait deux frères, deux notables de Qoraych, ‘Otba et Shaïba ibnou rabi’a, à qui appartenait ce jardin. Ils virent l’état de Mohammed et eurent de la compassion pour lui. Pour se montrer généreux, ils envoyèrent au Mohammed leur esclave, appelé ‘Addas, avec une grappe de raisin sur un plateau. ‘Addas était chrétien. Mohammed avant de poser sa main sur la grappe prononça : « Bismillah ». ‘Addas fût étonné car il n’avait jamais entendu cette parole d’un arabe. Il lui demanda la signification de cette parole. Mohammed lui demanda son nom ainsi que son origine. ‘Addas lui donna son nom et l’informa qu’il venait de Ninawa, une ville au nord de l’Irak. Mohammed s’exclama et lui répondit que c’était la ville de l’homme juste : « Younous ibnou Matta ». ‘Addas, surpris, lui demanda d’où il le connaissait. Mohammed lui répondit que ce fût un Mohammed comme lui. Alors ‘Addas se jeta sur Mohammed et lui embrassa les mains, la tête et les pieds. Avec un seul mot cet homme s’est converti à l’islam. Allah voulu consoler Mohammed en lui envoyant cet homme qui s’est joint à lui, pour qu’il ne désespère pas. Quand ‘Addas revint vers les deux frères notables, qui étaient étonnés par cette scène, ils lui firent des reproches sur sa conduite. Mais ‘Addas, convaincu maintenant, leur répondait qu’il était un Mohammed. Puis Mohammed fit une invocation et dit : « Ô Allah, à toi je me plains de ma faiblesse, du manque de moyens, du mépris des gens. Ô le plus miséricordieux, tu es le seigneur des opprimés et mon seigneur. Me laisseras-tu me fier à quelque étranger lointain qui me maltraiteras ou un ennemi que tu as rendu maître de moi. Si tu n’es pas courroucé contre moi, alors, je ne me ferais pas de souci mais ton aide gracieuse m’ouvrirait un chemin plus vaste et un horizon plus large. Je prends refuge dans la lumière de ta face par laquelle toutes les ténèbres sont illuminées et les choses de ce monde et de l’autre sont justement ordonnées afin que tu ne fasses pas descendre sur moi ta colère et que ton courroux ne m’atteigne pas. Pourtant il t’appartient de blâmer jusqu’à ce que tu sois satisfait et il n’y a de puissance, ni de force qu’en toi ».
La délégation des djinns de Nasibayn
A partir de là, Mohammed devait retourner à la Mecque dans laquelle il n’y avait plus de protection pour lui. Il se mit en route et à mi-chemin, il vit un brouillard, une fumée dans le ciel. C’était Jibril accompagné de l’ange des montagnes. Jibril lui dit que s’il le désirait, il pouvait demander à l’ange des montagnes de faire tomber deux grandes montagnes jusqu’à ensevelir la Mecque. Mohammed répondit qu’il ne voulait pas de cela et qu’il préférait patienter car peut être Allah fera sortir des gens de leur descendance qui témoigneront de l’unicité d’Allah. Suite à ça, Mohammed continua son chemin et arrive a la Mecque, il fut angoissé à l’idée de rentrer chez lui parce qu’il devait trouver un protecteur. Mohammed demanda à Akhnassi ibnou shouriq, un notable, mais celui-ci refusa. Ensuite, il demanda a Souhaïl ibnou ‘Amrou mais il refusa également. Puis, il demanda à Mout’am ibnou ‘Ady et il lui répondit qu’il le protégera et qu’il peut rentrer chez lui sereinement. Le lendemain, Mout’am ibnou ‘Ady arma ses six fils et sortirent derrière Mohammed pour qu’il puisse faire le Tawaf. Abou Soufiane interpela mout’am ibnou ‘Ady et lui demanda s’il était son protecteur ou son disciple. Mout’am lui répondit qu’il n’était seulement que son protecteur. Alors, Abou Soufiane lui dit que s’il lui avait dit disciple, il l’aurait combattu mais que maintenant cette affaire le concernait lui uniquement.
Mohammed, pendant cette période de protection, cherchait un moyen de convaincre les gens de le suivre. Alors, Allah voulût le consoler et une fois qu’il sortit à l’extérieur de la Mecque pour prier, accompagné de Abdallah ibnou mas’oud, il dit à ce dernier de rester à sa place car il allait se retirer un peu plus loin. Mohammed lui dit de ne le rejoindre que s’il lui faisait signe de venir. Puis, Mohammed s’éloigna à un endroit et commença à prier à haute voix en récitant les paroles d’Allah. Une troupe de djinns de Nocaïbine passa près de lui et fut étonné de ces paroles. En effet, les djinns avaient l’habitude d’intercepter les décisions qu’Allah transmettait aux anges. Mais ces paroles, Allah les protégea et ils furent surpris d’entendre cela surtout qu’ils étaient en quête de la vérité sur une chose qui leur avait été cachée. Donc, ils se réunirent autour de lui et au fur et à mesure le nombre de djinns augmentait. Abdallah vit de loin qu’il se passait des choses étranges et courut vers Mohammed. Mais Mohammed lui fit signe de rester à sa place. Les djinns après avoir écouté le Coran, crurent au messager d’Allah et aussitôt, ils transmirent le message aux autres djinns. A ce moment, les convertis à l’islam furent plus du côté des djinns que celui des humains. Mohammed fut, alors, soulagé et consolé.